Chapitre 7

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          Le moins que l'on pouvait dire, c'était que Nikolas James Teller en avait des ennemis ! Je n'avais jamais vu une liste aussi longue de ma vie ! Tant de gens avaient une dent après lui que c'en était inquiétant. La page qu'il m'avait remise, et qui avait été soigneusement découpée d'un bloc de qualité, était noircie de noms qui m'étaient tous plus ou moins inconnus. Certains me disaient vaguement quelque chose, mais j'étais intimement persuadée de n'avoir jamais eu affaire à aucun d'eux, ce qui n'allait pas particulièrement me servir. Les créatures se méfiaient des inconnus, et encore plus de ceux qui venaient leur chercher des poux.

Je n'avais pas énormément de possibilités, si je voulais enfin obtenir des informations sur le chef de la meute illégale qui se cachait derrière toute cette histoire, je devais me bouger les fesses et mettre les bouchées doubles ! Ce fut pour cette raison, qu'une fois avoir étudié la liste de noms, je me préparai un sac de vêtements et quittai mon appartement pour la deuxième fois de la journée, Noopie sous un bras, le sac de l'autre.

Je me rendis en voiture jusqu'à la ferme de mon grand-père, qui se trouvait à quelques minutes de la sortie de Rogers, dans un terrain boisé, coupé de la civilisation. Al Evans ne s'accommodait que peu de la foule, les autres êtres humains avaient tendance à l'agacer, et même la présence de ses collègues de travail mettait souvent sa patience à rude épreuve. Il était un solitaire endurci, qui préférait largement la compagnie des poules qu'il gardait dans son jardin que celle de ses semblables.

Ma surprise ne fut pas grande de trouver la maison vide. La Jeep boueuse de mon grand-père n'était pas garée devant la bâtisse et il m'avait fallu ouvrir la porte d'entrée avec le double des clés que je conservais à mon trousseau. L'intérieur de la ferme sentait le renfermé et la poussière, Al ne prenait pas la peine d'aérer souvent et cela ne faisait aucun doute lorsqu'on arpentait les pièces de la demeure. Le parquet avait craqué sous mes pas lorsque je m'étais rendue jusqu'à son bureau, caressant du bout des doigts les murs lambrissés dont le bois sombre était décoloré par endroit. J'avais été accueillie par le silence et les grincements qui résonnaient çà et là comme des lamentations agacées émises par la maison elle-même, ennuyée par ma présence non désirée.

Le chasseur avait laissé un mot, griffonné sur un post-it qu'il avait collé sur le dossier de la chaise de son bureau. Rien de bien précis, un simple « Je suis parti bosser, ne m'appelez pas ». Ce vieux bougre avait la fâcheuse manie de ne jamais prévenir avant de partir. Il savait pourtant qu'il était primordial, pour nous autres traqueurs, de toujours passer un coup de fil à un confrère ou une consœur avant de mettre les voiles, notamment pour qu'en cas de pépin, on puisse nous secourir. Al ne faisait jamais rien dans les règles, comme si cela lui importait peu de revenir ou pas. Si jamais il venait à mourir lors d'une chasse, nous avions peu de chance de retrouver son cadavre, et au fond, je crois que cela l'arrangerait. Il serait ravi de disparaitre, et de ne jamais avoir à remettre les pieds à Rogers. Son fantôme serait embarrassé par des funérailles dont il ne voudrait pas. Dans ces conditions, pourquoi se fatiguer ?

Je soupirai, et quittai la ferme en prenant soin de refermer la porte à clé derrière moi. Avant de reprendre le volant, je passai un coup de fil à Arlène pour l'informer de mon départ, lui donnant ainsi toutes les informations qui lui seraient nécessaires pour me retrouver si jamais je venais à ne pas refaire surface. Je la prévins également du départ d'Al, information à laquelle elle répondit par une expiration lasse. Après quoi, je remontai dans ma Mustang, et après avoir attaché ma ceinture, me mis en route une bonne fois pour toutes. J'avais un long trajet à faire, mieux valait ne pas perdre de temps.

Le premier nom sur la longue liste de Teller était celui d'un certain Akeem Nassar. J'avais entendu parler de lui, vaguement seulement, par la force du bouche-à-oreille. Il était un vampire, maitre gourou d'un clan puissant installé à Houston. Implanté dans le milieu de la nuit pour créatures, il gérait ses business en prenant soin de garder pour lui la nature de ceux-ci. Tout était plutôt flou en ce qui le concernait, il ne se montrait que rarement en public et parvenait d'une main de maitre à se faire oublier de tous lorsque les ennuis rôdaient autour de lui.

Alpha : La guerre des LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant