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Car Hendrix mourut en même temps que mourait une époque qui avait cru, déraisonnablement, que le pouvoir des fleurs désarmerait les mains les plus militaires. [...]
Il fut ce feu d'espoir qui brûla sur lui-même.
Et il en fut les cendres.
Est-ce qu'on est déjà demain ou est-ce la fin du monde? demandait-il.
Hendrix, dans une sorte de prescience, avait compris que nous étions déjà demain et que c'était la fin d'un monde.
Il avait compris que la paix et le bonheur qu'il souhaita à la foule, ce matin du 18 août 1969, à Woodstock, que cet idéal impossible auquel une génération avait éperdument aspiré était condamné à mourir.
Il avait compris que les cerfs-volants ne remplaceraient jamais les avions de chasse, que les lucioles de l'innocence s'étaient définitivement éteintes en Italie comme partout ailleurs, que l'espoir (à qui la tradition, c'est mauvais signe, donne la couleur de l'épinard), que l'espoir d'une dignité partagée dans un monde meilleur avait pris l'eau de toutes parts jusqu'à puer la vase.
Hymne, Lydie Salvayre.

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