Elle sourit et montra ces belles dents blanches :
- " J'ai le droit à quoi d'autre ? "
- " On verra plus tard. "
Moi, je ne rigolais pas. Pourquoi avait-on mis cette fille dans ma chambre ?
Alors qu'on avait toujours voulut me séparer des autres, qu'on avait réduit mes heures de moment collectif et qu'on m'interdisait les sorties dehors ( enfin dehors, c'est la cours extérieur, 30m carré d'herbe et quatre bancs .. ), la, on me mettait avec une autre fille ?
Je sortais doucement le papier que m'avait précieusement donné Mina, et le glissa discretement dans mon carnet.- " C'est cool, y'a pas de tenus ici. "
Je baissai les yeux sur mon jeans, taillé trois fois trop grand pour moi.
J'en avait deux, tout comme j'avais deux t-shirt, et deux vestes.
Non, il n'y avait pas de " combinaisons orange " ici. On s'habillait avec ce qu'on trouvait, ce qu'on volait, ce qu'on échangeait.
Je ne lui répondis pas.
Comment une personne venue tout droit d'une prison de NY, qui avait voyagé toute la journée, et qui était dans la même chambre qu'une folle, pouvait-elle encore avoir le sourire.
Elle ne se soucia pas de ma non-réponse et continua à sourire, assise sur le lit en face du mien.
Elle gratta ces magniques cheveux bouclé-frisé de métisse, et me regarda droit dans les yeux.- " Si tu le veux bien ... Tu m'expliqueras comment ça se passe ici. "
Je lui rendis son sourire, c'était plus fort que moi.
-"Oui. D'accord."
C'était surnaturel : deux prisonnière d'un vieux centre de détention pour mineur dans le Bronx, qui se souriait comme si tout allait bien autour d'elles.
Elle s'approcha gentillement.- " June, et toi ? "
Elle s'assit tout à coté de moi. J'en fus presque gené. Elle me fesait un peu peur. Je sais, ça semble fou, mais même avec toutes les personnes que j'avais croisé ici, elle m'impressionnait.
Je me dis qu'il fallait mieux être son amie, et je décidai de simpatiser.- "Sara."
- "Sara comment ?"
- "Juste Sara."
Elle comprit. Ici, tout le monde comprenait le fait que je n'ai pas de nom. C'était normale. Beaucoup n'utilisaient même pas leurs vrais prénoms.
June reprit la parole, d'un ton toujours calme et d'une voix douce :- "Sara. C'est pas américain ça."
Je n'aimais pas que l'on me demande mes origines. J'étais toujours obligé de mentionner ma mère, ça ne fesait du mal de parler d'elle et ... personne n'aime se faire du mal.
- "Non. C'est italien. Ma mère était italienne."
- "Était ?"
- "Oui."
- "Je suis désolé ... La mienne était Tahitienne."
Je lui sourit. Voila pourquoi June était si joliemment bronzé.
Elle ne me posa aucune question. Et je fis de même ...
Vers 13 heures, on m'apporta mon repas et on fit descendre June à la cantine.
Je me retrouvai seule. J'en profitai donc pour déplier mon dessin. Le dessin du regard de l'art thérapeute. Je n'avais aucune idée de son nom, il ne s'était même pas présenté. Alors, je tentai de lui trouver un nom. Je couchai sur mon dessin tout les noms qui me passait pas la tête, puis je les regardai, et trouvai celui qui lui allait le mieux. Ibrahim. Je ne savais même pas d'où venait ce nom. Mais il lui allait à merveille. Je donnai un titre à mon dessin : "Les yeux d'Ibrahim."
Je mangeais sans regarder mon assiette. La purée de pois et le steak haché grillé me donnait envie de vomir. Malheureusement, il n'y avair rien d'autre. Pas de desert, ni de gateau. Ici, il n'y avait rien qui nous fasse plaisir, rien qui nous rende la vie un peu mieux. Tout était fait pour que l'on deteste cet endroit. C'était comprehensible, il ne fallait en aucun cas nous donner l'envie de revenir ....
Et pourtant, poutant, j'avais vu tant de personne sortir, puis entendu qu'ils avaient été réincarceré ...
Et ça me donnait mal au coeur pour eux. Leurs vies à l'extérieur devait donc être pire qu'ici ... Ici, où il n'y avait pas de vie ... C'est personne n'avait pas de vie, personne à l'extérieur, pour revenir ici ...
Je reculai sur ma chaise. Et moi, je n'avais plus personne à l'extérieur. Je n'avais pas non plus une belle vie qui m'attendait à la sortie. J'étais seule et je me sentais seule. Terriblement seule ...