Chapitre 2 - Weston High School

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Le jour de ma fameuse rentrée est arrivé. Avant hier, ma mère et moi sommes allées à un rendez-vous avec le principal adjoint de l'établissement, Mr Bringfield. Il devait nous recevoir afin de me faire passer des informations importantes, me donner mon carnet de correspondance ainsi que ma carte pass pour entrer au lycée. J'ai eu mon nouvel emploi du temps, mon uniforme sous trois exemplaires et ma tenue de sport réglementaire. Il a également fait part à ma mère du règlement stricte du lycée concernant les élèves qui fumeraient ou autres choses passibles de renvoi définitif ou temporaire, ainsi que les sanctions que peuvent entrainer certaines actions.

Après ce rendez-vous, j'ai déposé sur ma chaise de bureau l'un des uniformes, que j'avais le droit d'accessoiriser, d'après Mr Bringfield, et avait rempli mon sac de quelques affaires nécessaires.

Ce matin, je m'étais donc levée à 6h45 pour quitter mon appartement à 8h à peu près, les cours commençant à 8h30. J'avais pris de l'avance pour être sûre de ne rien oublier.
D'ailleurs, j'avais trouvé l'adresse du cimetière de papa... Juste à l'angle de la rue principale qui longe Weston. Coinçant l'idée d'y aller un jour plus ou moins proche dans ma tête, je décidais de m'apprêter.

Déjà, je pus prendre une douche bien plus longue pour mieux me réveiller et me préparer à affronter ces gosses de riche habillés en Channel. Ensuite, je me nouais les cheveux en une queue de cheval haute, avais appliqué du mascara et m'étais brossé les dents. J'enfilais ensuite mon uniforme.

Honnêtement, lorsque j'avais su que je devrais porter un uniforme, je me suis dis que j'étais mal, que j'allais détester. Mais finalement, il n'était pas si laid. Déjà, contrairement à ce à quoi je m'attendais, la jupe n'étais pas longue et vieillotte. Et ce n'était pas non plus une jupe à carreaux, comme le stéréotype me le faisait croire. C'est une jupe trapèze bleue marine, plutôt jolie que je pourrais même mettre de mon plein gré, avec un joli haut. La chemise n'était pas large et informe mais cintrée et bien taillée, blanche avec un joli col droit. Une cravate bleue marine, rayée de bleu clair et de blanc était à nouer autour du cou, ce que je ne savais pas faire (maman m'aiderait). Il y avait également un blazer noir, facultatif, avec le blason de l'établissement sur la gauche. Il n'était pas bien grand et donc il ne gênait pas. Je me suis dit que si l'uniforme était aussi joli, c'était simplement parce que vu la somme exorbitante que les parents ambassadeurs et ministres dépensaient pour scolariser leurs progénitures là-bas, les uniformes avaient été choisis avec soin par des élèves délégués à coup sûr...

Des chaussettes hautes entièrement blanches n'étaient pas obligatoire mais données avec la tenue. Je décidais de les mettre, mettais une fine broche sur la cravate qui appartenait à mon père et que j'ai trouvé dans un carton à ma mère, j'enfilais des bottines noires à talons et ne prenais pas le blazer, décidant d'enfiler à la place mon trench-coat noir.

Je prenais mon sac à main de cours bleu marine rempli de mes affaires de cours et descendais les marches, me sentant tout d'un coup plutôt nerveuse.

Allez, du nerf, June. C'est bon, il ne va rien t'arriver, tu vas juste à l'école, essayais-je de me rassurer. Tout va bien se passer...

Je portais à la main ma cravate et allais m'installer à table pour le déjeuner, où ma mère, déjà en tailleur, m'attendait, un sourire moqueur sur les lèvres. Elle est si belle. Je lui dois mes fossettes et mon sourire enfantin. Elle avait noué ses cheveux mi longs en un chignon bas et avait aux oreilles de magnifiques perles de Thaïlande.

" Du mal avec la cravate, hein? Rit-elle.

- Te moque pas, maman, c'est pas drôle, fis-je semblant de bouder.

- Aller, viens là que je te l'enfile, dit-elle en me la prenant des mains avant de me l'attacher et de la ranger sous mon col.

Lorsqu'elle remarqua la broche de papa, elle resta un instant immobile, avant de lever vers moi un regard que je ne saurais décrire mais qui me pinça le cœur.

- Où... Où est-ce que tu as trouvé... Ça? Demanda-t-elle.

Elle n'était pas en colère. Elle semblait juste dépassée. Revoir cette broche l'avait touchée... Et quelque part, je m'en voulais d'avoir fait ressurgir en elle des souvenirs douloureux...

Je n'avais pas le sentiment d'avoir fait quelque chose de mal, seulement, je ne voulais pas blesser ma mère.

- Maman, je suis désolée, je... Je peux la remettre dans les cartons, je l'ai trouvée, et je croyais...

- Non, ma puce, dit-elle soudain, essayant de reprendre contenance. Non, porte la, il... Il aurait été fier de te voir avec. Il adorait cette broche en or...

Je me ruais dans ses bras, versant une larme que j'essuyais discrètement. Je n'avais certes pas connu mon père, mais il n'en restait pas moins mon père et je savais que quelque part, il était là, avec nous. Il y avait un lien. Il y aurait toujours ce lien.

Nous nous assîmes à table, changeant de sujet. Ma mère reprit son journal devant sa tasse de café, quant à moi, je prenais une part de brioche et un thé à la menthe.

Alors que je finissais ma tasse, Alan fit son apparition, portant un jeans beige et une chemise blanche, une paire de baskets noires et une veste marron à la main avec son attaché-case.

" Bonjour maman, dit-il, le rat, me salua-t-il comme à son habitude.

- Bonjour, chéri, répondit ma mère, distraite par son journal.

- Face de rongeur, ai-je dis. Bien le bonjour. On y va? T'es prêt?

Alan s'était acheté une voiture avec sa bourse étudiante l'année dernière. D'ailleurs, avoir deux voitures nous a beaucoup aidé pour le déménagement.

Il m'emmène au lycée tous les jours et me récupère en fin d'après-midi, car il a les mêmes horaires que moi dans l'ensemble, sauf exceptions. Nous avons pu nous arranger avec sa FAC lors de son inscription, leur expliquant notre situation récente: le déménagement et l'absence de transports en commun à New-York pour les écoles privées.

- Allez, go, dit-il en enfilant son manteau. Bonne journée, maman, à ce soir!

Nous sortons de l'immeuble en saluant le portier, puis nous montons dans sa voiture, garée à 10m de l'immeuble dans le parking privé du bâtiment; j'adore New-York!

Durant le trajet, je me sens nerveuse, et je cramponne ma ceinture, la triturant d'un geste stressé.

- Eh, ça va, ils vont pas te bouffer, me rassura Alan.

- Je sais bien, répondis-je faiblement. Mais un privé dans le quartier Est... Je ne suis pas comme eux, Al, je ne vais pas m'intégrer.

- Bien-sûr que si, rétorqua Alan. T'es une Pembroke, non? Et puis, t'es intelligente, ça devrait aller. Ne répète à personne que je t'ai fais un compliment, compris? Ricana-t-il. Allez, va, souris et sois toi-même.

- Mouais, murmurais-je. Merci, Al.

Lorsque j'arrive devant l'établissement, c'est pire que tout ce que j'avais pu imaginer. Ce sont des gosses de riches qui viennent au lycée en LIMOUSINE! Merde, à la fin! Je suis fichue...

Virginity GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant