Chapitre 13 - Peut-être que...

7.5K 292 44
                                    

PDV JUNE

- Excuse moi, je... bafouillais-je, sentant que j'étais sans doute allée trop loin. Je m'en vais...

Alors que je mettais de la distance entre lui et moi et que je m'apprêtais à partir, il se lève et prend ma main dans la sienne.
Je frissonne sous son contact. Bizarrement, sentir sa peau contre la mienne me fit passer une chaleur tout le long de mes membres.

- Non, dit-il doucement. Non, reste.

Je plonge mon regard dans le sien. Je devais faire peur dans la lueur du soir, les yeux rougis parce que moi aussi j'avais pleuré, et un air choqué sur le visage. Mais ses yeux, en cet instant, avaient quelque chose d'apaisant. J'aurais pu rester ainsi des heures, à contempler son regard sombre et mystérieux. Oui, j'oubliais le jeu. J'oubliais ce garçon insupportable qui me donnait envie de vomir. J'oubliais tout l'espace d'un instant.
Mais était-ce raisonnable? Devais-je rester? Quelque chose m'empêchait de rester, comme une voix qui me demandais de privilégier la sagesse et de partir d'ici en prenant mes jambes à mon cou... Mais l'envie d'en savoir plus me retenait.

- Je ne pense pas... je ne pense pas que ce soit une bonne idée, murmurais-je.

Il me regarda différemment, sans lâcher ma main pour autant. Il avait l'air de ne pas comprendre mon hésitation et sembla plus que jamais avoir besoin de compagnie.
Merde... je ne pouvais pas le laisser comme ça... Qu'est-ce que je dois faire?

- S'il te plaît, June, supplia-t-il, presque. Oublie le jeu. Ne dis rien, si tu ne veux pas me parler. Mais ne pars pas. Pas ici, pas maintenant. Reste.

Il me suppliait. Et jamais mon cœur ne m'a fait si mal.
Je souffrais véritablement en cet instant. Et le voir dans cet état me faisait réaliser qu'il avait beaucoup plus mal que moi. C'était certain. La personne qu'il était venu voir devait être très proche. Peut être même que la perte était encore récente... Et la, je compris. Je sus ce que je devais faire. J'avais pris ma décision.

Serrant légèrement sa main, j'acquiesce  et consent à m'approcher de lui.
Comment le laisser ici en cet instant? Je ne suis pas un monstre. Et le voir aussi vulnérable me prouvait qu'il ne l'était pas non plus, finalement. Il était humain, il avait ses maux, ses douleurs personnelles, son propre parcours. Il avait une vie que j'ignorais complètement. Et refuser de l'épauler dans un moment pareil, le voir accroupi devant une pierre tombale et en larmes, c'était devenir ce que je lui reprochais d'être depuis le début de l'année. Un monstre.

Je m'assois par terre, sans lâcher sa main, et essaie de lire le nom de la pierre devant laquelle il se trouvait.
Après tout, pour qu'il soit dans cet état, la personne qu'il venait voir devait être une personne qu'il aimait beaucoup.
Je sais que cela ne me regardait pas vraiment mais bon... J'étais curieuse, je l'admets.
Lorsque j'arrive à lire le nom, cependant, je regrette amèrement. D'un coup, je me sens vaseuse....

Patrick Donovan WILLIAMS, 1965-2014

• Ton combat restera un exemple pour ta descendance. Ton cœur continuera de battre en eux. •

Williams... Le nom de Jared. C'était donc son... Son... non!

- C'est mon père, dit-il d'une voix éteinte comme pour confirmer mes pensées.

Eh merde...

- Je... Jared, je suis navrée... bafouillais-je, ne sachant pas quoi dire de plus.

Il sourit faiblement et détourna les yeux de la pierre tombale pour me faire face. Il me fixait d'une étrange manière, tout d'un coup.

- Quoi? Demandais-je doucement, gênée.

Virginity GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant