Histoire 2 La femme grue

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  La poudreuse tombait, colorant les crêtes des montagnes en blanc.
Deux personnes dans une maison délabrée d'un village désolé
Se blottissaient l'un contre l'autre en une nuit d'hiver

"Il neigeait aussi le jour où nous nous sommes rencontrés" Murmura l'homme avec un sourire.

La femme cacha son visage rouge du feu, dans l'ombre de sa grande manche 

Avec un souffle de joie, la femme chantait l'arrivée du printemps, accompagnée des gazouillis des oiseaux ;

"Ta voix est magnifique", lui dit-il . Et ceci seulement, juste ces mots, la rendit heureuse.

"Si un jour, je perds cette belle voix, est-ce que tu m'aimeras toujours ?"

"Bien sûr !" Lui a t'il dit avec un doux sourire, alors que sa grande main caressait doucement sa joue.

En un après-midi d'été où les feuilles vertes brillaient, l'homme s'évanouit à cause d'une maladie, leur pauvre vie conjugale ne pouvait pas payer les médicaments pour le soigner.
Le jour suivant, avec le suivant, elle ne fit rien à part tisser attentivement
"Je ne laisserais pas ta vie, tomber comme une feuille d'automne à la vie éphémère"

Les saisons passaient et les grillons marquaient la fin de l'été avec leurs chants

"Tes doigts sont magnifiques." Lui a t'il dit en tenant ses mains couvertes de blessures, mais les siennes étaient trop froides...

"Si un jour, je perds ces magnifiques doigts, est-ce que tu m'aimeras toujours ?" 

"Bien sûr!" lui a t'il dit en toussant, alors que ses grandes mains caressaient ses doigts blessés

Ah, la brise du coucher de soleil, la flamme du fruit qui pourrissait sans pitié se balançait, jusqu'à ce qu'elle s'éteigne.

Jour et nuit, elle n'arrêtait pas de tisser. 

"Dépêche-toi, dépêche-toi, j'ai besoin d'acheter les médicaments... Encore un peu, encore un tout petit peu, avant que les feuilles d'automne ne tombent."

Jusqu'à ce que ses doigts ne puissent plus bouger... Jusqu'à ce que ses plumes soient usées...

"Si un jour je ne suis plus humaine, est-ce que tu m'aimeras toujours ?" La vérité qu'elle craignais,elle était incapable de la dire.
Elle arracha doucement la dernière plume, seule...

"Bien sûr!"  Dit-il avec un sourire

"J'ai promis que je t'enlacerai lorsque tu perdras tes ailes, et cette grue qui s'est magnifiquement envolée ce jour, je ne l'ai jamais oublié, et je m'en souviens toujours maintenant. Et comme toujours, je t'aime "

La femme referma ses bras autour de son être aimé et ses longs bras maigres ce transformèrent en deux magnifiques ailes blanches, et tout deux, s'envolèrent vers un monde meilleure. 

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