Le seigneur des cendres

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Paix. Il a brûlé le monde, ses cendres sont siennes.
Extase. Il est maître d'un silence éternel.
Enfin. L'odeur du feu a apaisé sa haine.
Peiné, il ne l'est plus. Génocide sensuel.

L'odeur du sang brûlant stimule son esprit
L'érotisme grinçant de la situation
L'excite à l'intérieur. Il exulte, refleuri
Et la chair en lambeaux paysage-démon

Sage, non. Des mondes, des cieux, étouffant dans les flammes
Le consacrent leur dieu, par capitulation
Son ombre titanesque, la noirceur de son âme
Terroriseraient moins que son exaltation.

Quelque chose survint. Menaçante. Et glacée.
Il croyait tout détruire mais il avait omis
Un anodin détail qui allait le gêner
Poussière plus grande que lui réuni

Quelle ironie cinglante... Car c'était sa conscience ;
Sa mémoire, à moitié brûlée dans le brasier
Dont il semait les restes parmi le silence
Et qui se réveillait pour enfin murmurer :

"Ton passé n'est pas mort il existe toujours
Et tes passions d'antan subsistent sous la cendre
L'amour que tu renies retrouvera le jour
Et brisera un cœur que tu ne peux défendre"

Et le seigneur des cendres chuta de sa gloire
Sa tête se cogna sur un crâne roussi
Des larmes calcinées perlèrent dans le noir
De lointains souvenirs lui rappelèrent la vie

Il revit la beauté d'un crépuscule ardent
Et combien délicieuse est l'odeur de la pluie
Il sentit sur sa peau un amour crépitant
Et combien du passé il regrettait les nuits.

Le feu était éteint mais il le ralluma
Pour retrouver alors ce qu'il devait reprendre
Il surplombait les flammes et sans peur s'y jeta
Et enfin du seigneur il redevint les cendres.

La plume à l'envers et l'encre vers les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant