Le Faune et la Fleur

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La fleur éclot
Le faune se cabre
Voyant la rose
Il la cueille et la regarde
La rose rougit et accueille ses égards
Le faune effleure ses pétales
L'afflux de sens les gonfle d'orgueil
Il prend la fleur toute étoilée
Et la glisse dans ses cheveux
Alors la rose se drape
Et le faune se costume
En océan d'argent
Et en pantin émeraude
Ensemble ils rentrent dans le noir
Là où les gris furent du dehors
Filtrés, dedans, à l'attrape-rêve.
Dans l'ébène fleurit, seule, la griffure du rose
Et l'esprit de la marionnette verte
Sans fil qui,
Quand l'ombre se fait
Trépasse pour revenir au gris

Un an
Une année unanime
Encore un an à noyer
Tant de nuits à nos rires
Temps pour mourir à nous
...
C'est court, un an
Un an
...

La fleur éclaire
Le faune est sombre
Mais la fleur est
Ce que le faune aime
Et le faune est idole
De la rêveuse rose
Alors en dépit des choses
Leurs ténèbres communes ne sont que poussière
À peine ombre
Ils se parent à nouveau
Lui, ambre telle
Qu'hante ailleurs son béret
Elle, a besoin de sérieux
Comme le costume-cravate est sérieux
Ils repartent dans le "noir-opaque-au-gris"
Le rose griffe le faune
Les cris vont rendre aphone la rose

Une pièce
Encore une pièce à consumer
Tant de noirs à nos erreurs
Temps pour renaître à nu
...
C'est court, une pièce
Une pièce
...

Le faune est parti
La fleur se fane
Il l'a déposée sur elle-même
Comme fleurissant sa propre tombe
Avant de s'en aller
Et la rose susurre en mémoire d'un vivant
Ces paroles écloses, puis fleuries puis tombées
Ces vers moroses, puis norcis puis achromes
Cet épitaphe sans mort, sans sang et sans ténèbre
Ce printemps couvert d'or
Cette floraison funèbre

La plume à l'envers et l'encre vers les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant