Icare

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Le soleil coule
Fondu, enchaîné
À l'horizon
Rouge sang
Jour sans
Tu plonges ton regard dans le sien
L'aube est ici et toi
Obéissant à tes dogmes et tes lois vides
Tu tiens ta promesse :
Le rejoindre
L'astre aux normes totales
Ainsi que toi tu t'éclipses
L'illustre hormone qui t'anime
La leste aumône que tu tins
L'astronome qui te révulse tant
Tout cela te guide
Cette torche stellaire
Orange
Sanguine
Tu voudrais l'an-brasier
Pour toi et pour toi seul
Tu te projettes, imagines ta dépouille
Tu rêves de ce mausolée sublunaire
Tu sais qu'un païen sacre y fit ciel
Tu visualises ta chair brûlée
Ta chair étendre son voile de peau sur ce soleil
Le recouvrir
Anti-mue
Tu imagines ton corps déifié car errant dans les cieux
Tes pupilles arrachées et
Consumées par les flammes
Macabre Ulysse que l'ode y sait en cendres
Vacarme de non-dits
Que tu rêves d'abolir
Alors pour tout cela
Pour brûler le monde
Les étapes
Et tout court
Tu vas tant voler
Que ton sillage sera du même feu solaire après lequel tu cours
Tu cours, poses ton pied sur le rebord du gratte-ciel
Et
Sautes.
Tu essaies de te rappeler comment voler
Ton corps dans la chute ne redresse pas
Il ne vole pas
Il tombe
De cîmes tières
En sol pleureur
Ton corps-ciel n'est plus qu'on lointain idéal
Voué à l'oubli
Ta chute est comme un couloir
Ton corps y dort
Poussé vers le macadam-abysse
Avec gravité
En-dessous de toi c'est du béton, Icare, dur
Dur car y tomber, dû, c'est toi dessous deux ans
Deux ans à souffrir à mourir sans mourir
Cette fois, tu vas vraiment mourir
Alors avant l'échéance du sol
Tant que tu chois encore
Tu chantes en toi ces vers :
"Ni soleil nihiliste Ni brasier protecteur
N'accueillent mon cadavre malgré mes prières
Aucune étoile brûlée aucun feu en fureur
Ne m'offriront leur havre de cendres-lumières"

La plume à l'envers et l'encre vers les étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant