Chapitre 1

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   Leurs voix aiguës et criardes me donnaient mal à la tête, et je sentais un grand sentiment d'ennui me brûler de l'interieur. L'envie de m'enfuir me démangeait l'esprit, mais ma conscience refusait de partir comme une voleuse et préfèrait écouter la conversation lassante de ces filles qui me disaient "amie".
Ce soleil tapant n'arrangeait pas les choses. Le beau temps n'a jamais été à mon goût. N'est ce pas étrange et plutôt déprimant à entendre ? Pourtant il ne m'apporte rien d'agréable. Sa lumière m'aveugle dès le petit matin, trop éblouissant, il suffit de le regarder quelques instants pour en avoir les larmes aux yeux. La chaleur de ses rayons brûlants sur ma nuque fait couler la sueur à mon front, et pour quelques instants sous son ciel me voilà roussie ! Je le préfère de loin lorsqu'il est pâle et annonce une fraîche pluie. Mais peu importe, mon avis ne changera pas ce monde.

    Mon père était du même avis, c'est certainement de lui qui je tiens cela. Qui était-il ? Un grand homme, mais seulement d'esprit, car il devait faire maximum 1m75 à tout rompre, mais à côté de ma mère il paraissait à peu près normal. Je dis cela car il n'était pas du genre à passer inaperçu, que ce soit par son comportement excentrique ou ses tenues décalées. Comment un homme si rayonnant pouvait détester l'astre qui lui ressemble le plus ?
Si je parle au passé c'est malheureusement parce qu'il fait désormais partie du royaume des anges. Un travail, un voyage d'affaires, une voiture, une route, une autre voiture, et le voilà envolé.
Il me manque, terriblement. Il était le héro qui animait mes rêves d'enfant. Mais maintenant qu'il s'en est allé sans dire un mot me voilà perdue. Il est vrai qu'il adorait voyager, mais il n'était pas obligé de choisir une destination si cruelle.

   On dit souvent que les défunts restent dans nos coeurs, mais il faut croire qu'ils restent aussi dans nos yeux. Je suis, paraît-il, une copie conforme de mon père. J'ai gardé les principaux traits de son physique. Une tête ronde, des yeux et des cheveux aux couleurs sombres proches du noir, un regard glaçant, mais un sourire doux, et une unique fossette du côté droit du visage. Quand on nous voyait pour la première fois, on donnait toujours l'impression d'être deux gros durs, ce genre de personnes qui n'inspire pas du tout confiance. Heureusement, mon papa commençais toujours une conversation par l'une de ses blagues de mauvais goût qui détendait les bouches et l'atmosphère.

   Mais revenons à nos moutons, d'ailleurs en parlant d'eux, commençais à les compter. Leur discussion me faisait l'effet d'une berceuse. Je priais pour que la sonnerie qui annonce la fin des cours retentisse. Ou bien encore mieux, j'attendais la pluie. Elle avait le pouvoir de faire fuir les ennuis, et par la même occasion les foules bruyantes. 

Epuisée, je fermais les yeux. Ce fut rapide pour m'endormir. Des images commençaient à apparaître successivement dans mon esprit rêveur, je divaguais déjà. Mais ça ne dura qu'un bref instant.

-Tu m'écoutes?

-Pardon, tu disais quelque chose ?

Bien évidemment, je n'avais rien écouté. Et comme je restais muette, elle insista.

-Tu trouves ça drôle de te ficher des autres ?

C'était drôle venant de sa part, une fille égocentrique qui ramenait toujours les discussions à elle en laissant les histoires des autres de côté.

-J'ai ris ?

J'aurais pu arrêter ma phrase ici, mais j'en avais marre de les voir me coller sans cesse pour me raconter leur vie inintéressante. Alors j'ai continué, et j'ai prononcé des choses que je n'aurais pas du.

-Je te respecte tu sais, mais pas suffisamment pour m'intéresser à tes exploits.

   À ce moment là, j'ai senti les foudres de leur regard me pointer. Mais sans rien ajouter, elles m'ont tourné le dos et s'en sont allées.
Je n'étais pas particulièrement associable, mais j'ai simplement toujours détesté les personnes fausses.
Ça y est, j'étais libre de leurs plaintes, et également seule. Mais la solitude était ma plus fidèle amie. J'ai eu des groupes d'amis avec qui j'appréciais rester et rire bêtement, mais ça ne durait jamais bien longtemps avant qu'on m'exclue du cercle par un coup monté. Alors voilà, désormais je préférais rester seule plutôt que de m'engager dans des relations toxiques et risquer de me trouver mêlée aux histoires des autres. Je ne le vis pas mal, mais je ne le vis pas bien non plus. Et à choisir, je préfère vivre un véritable malheur plutôt qu'un bonheur illusoire.

Je m'en allais à mon tour, tout en suivant l'assourdissante musique de la sonnerie.

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Coucou ^-^ J'espère que ce premier chapitre vous plaît!

Il ne se passe pas grand chose, il s'agit plutôt d'une courte présentation du personnage principal 

RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant