Chapitre 4

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   Aucune réponse, ma voix avait parcourue toute la maison. Je courais rapidement vers chacune des pièces dans l'espoir de voir ma mère. Je manquais de peu de trébucher dans les marches. Tout était vide, une pluie de silence venait de s'abattre sur notre maison au quotidien si agité. L'inquiétude me rongeait, et pas seulement de l'intérieur, je commençais à trembler. Où était passée ma mère ? Je courais jusqu'au balcon et criais du plus fort que je pouvais.

-MAMAN !

   J'en avais les larmes aux yeux, je me sentais coupable. Il avait dû lui arriver quelque chose ce soir là et je n'étais même pas à la maison. Ma mère s'inquiétait toujours de tout et de rien, mais plus que tout elle avait peur de me perdre moi aussi. Quelle égoïste je faisais.

   C'est alors que j'aperçus un papier froissé placé tout juste devant la porte. Je l'ouvris, je redoutais ce que j'allais y voir. Il s'agissait d'un mot de ma mère, il n'était composé que de 3 mots : "Je suis partie." Les lettres avaient été écrites d'une main tremblante.
Mon corps se figea à cette lecture. Il n'y avait pas plus inquiétant comme message. Ce n'était certainement pas pour me prévenir qu'elle était partie faire des courses. Qu'avait-elle cherché à dire exactement ? Avait-elle fugué comme une adolescente rebelle ? Je me mis alors à penser au pire, à penser qu'elle était partie rejoindre mon père. Mais or de question que je crois à cette hypothèse.
J'allai partir à sa recherche, même si je n'avais aucun indice, même s'il me faudrait faire le tour du monde, même s'il me faudrait une vie entière. J'allai la retrouver quoiqu'il m'en coûte.
Je pris une grande inspiration et ouvris mon placard et mes valises avec. Je m'apprêtais à partir vers l'inconnu, vers l'ailleurs, le doute dans mes chaussettes.

   Le bruit des roues de mes bagages résonnait sur le sol. Je me sentais seule, très seule. Pour une fois, ce n'était pas moi qui étais allée chercher la solitude mais la solitude qui était venue me chercher. La marche lourde et l'esprit d'autant plus pesant, j'allais droit devant moi. Je n'avais pas le temps de détourner le regard. Même pas pour observer les nuages gris que j'affectionne tant qui se pointaient sur ma tête. Les passants râlaient de ce mauvais temps, moi j'en souriais.
J'aime la pluie, et je viens de comprendre pourquoi. Elle me ressemble, elle est seule, elle aussi, personne ne l'aime, les gens cherchent à s'en protéger et l'évite, comme moi. Je n'ai plus aucun ami et ma seule famille vient de disparaître. Ma mère n'était plus avec moi, encore moins qu'à l'époque. Il faut prendre exemple sur les plus grand dit-on, heureusement qu'elle n'était pas bien grande.

   Je m'asseyais sur le trottoir de la grande ville et faisait du stop comme ne le ferais pas une citadine. C'était sans espoir, les gens d'ici n'avaient pas que ça à faire d'aider les autres. Mais je gardais l'espoir que, par chance, un taxi passerait par là. Je cherchais à rejoindre l'aéroport, l'envie de m'enfuir devenait toujours plus forte.
Plus de cinq heures s'étaient alors écoulées, mes yeux commençaient à se fermer de fatigue mais je persistais à rester éveillée. Je posais ma tête sur mes valises lorsqu'un taxi s'arrêta enfin devant moi. J'avais envie de sauter de joie mais l'épuisement m'en empêchait. Je me relevais et ouvris la portière.

-Bonjour Madame, je vous emmène quelque part ? Me demanda gaiement une voix masculine qui me parut familière.

À cet instant, je m'arrêta net. Le chauffeur n'était autre que le garçon d'hier.

-Encore toi ?

RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant