Chapitre 7

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   On approchait de la destination, le ciel commençait à s'assombrir. Les touristes se plaignaient du mauvais temps, moi je m'extasiais devant la beauté terne de la météo. Les nuages formaient un tableau de couleurs monochromes et cachaient le Soleil.
Le relief du ciel formait des silhouettes, et mon esprit empli de doutes en profitait pour se faire des illusions. Je crus apercevoir mon père au milieu de cette brume. Je pouvais nettement le voir, mais également ma mère. C'était bien la première fois en 17 ans et quelques mois d'existence que je pensais autant à elle.
La fameuse phrase : "On ne se rend compte de l'importance d'une chose que lorsque qu'on la perd." résonnait douloureusement dans ma tête. Pour une fois ce n'était pas à mon père que je songeais, mais à ma mère. Je repensais à sa réaction, elle était istérique, mais elle était surtout inquiète. Mon sentiment de culpabilité refaisait surface. Je me sentais responsable de son départ et voilà que j'allais partir m'épanouir en Angleterre en chantant dans les rues. Qui était celle qui abandonnait l'autre au final ? Elle ou moi ?
En me perdant dans mes pensées je m'endormis peu à peu, et ce jusqu'à la fin du vol.

-Eh p'tite marmotte ! On est arrivés, il ne reste plus que nous dans l'avion. Murmura Noah tout en me secouant comme un prunier.

Paraître tendre auprès des hôtesses, et à la fois être efficace pour me réveiller était certainement ce qui l'avait poussé à agir si contradictoirement.

Encore endormie, et toujours maladroite,  je me pris la marche qui se trouvait juste à la sortie de l'avion et trébuchais aussi gracieusement qu'un hippopotame. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Noah m'aida à me relever et me tira rapidement jusqu'à l'endroit pour récupérer nos valises.
Il m'aida à récupérer la mienne, puis il s'éloigna du tapis roulant.

-Et la tienne ?

-Mmh? Tous mes bagages sont là. Dit-il en pointant sa guitare. Il menait vraiment une vie de bohème.

J'essayais de faire rouler ma valise lorsque je m'aperçus qu'il lui manquait deux roues. J'étais pire que malchanceuse.

   Au moment de sortir de l'aéroport d'Heathrow, je sentis un frisson me parcourir, premièrement à cause du vent frais sur mon pull déchiré que je n'avais pas changé avant mon départ, et secondement parce que j'étais éblouie par le paysage qui s'offrait à moi. D'innombrables bâtiments étaient plantés et rangés minutieusement le long des rues, le trottoir n'avait jamais l'occasion de se reposer, toujours piétiné, de même pour les routes. Jamais je n'avais vu autant d'activité sur un si petit espace, et pourtant ce n'était certainement pas grand chose comparé à d'autres villes.

-Toutes ces voitures et ces bâtiments industriels t'impressionnent ? Me lança Noah amusé.

C'était une grande première pour une fille comme moi qui arrivait à se perdre dans un petit village de campagne.

-C'est tout nouveau, je n'ai connu que les murs de ma maison et quelques rues de ma ville.

-Vraiment ? S'exclama-t-il l'air surpris. Ça craint.

C'était agréable de se comporter amicalement avec un lui.

-Est-ce qu'on est amis ou un truc du genre ? Lui demandais-je. 

Pendant un instant il me regarda comme s'il avait un extra-terrestre en face de lui.

-Si tu me promets de ne pas livrer mon nom à la police parce que tu me trouves louche, bien sûr. Plaisanta-t-il.

   J'avais envie de me réjouir, mais je ne savais pas si je pouvais réellement y croire. Je ne pouvais pas exprimer ma joie par des gestes, ni même des mots, mais elle était bien réelle. J'étais encore plus excitée par ce voyage, et j'en avais presque oublié la raison principale.

   Noah me guida jusqu'à l'arrêt de bus, les passagers nous dévisageaient, ou plutôt me dévisageaient. Certainement à cause de mon pull troué, de ma valise cassée, de mes cheveux emmêlés et de mon regard effrayant. Mais je n'étais plus à ça près, j'étais habituée à être regardée à présent. J'avais un merveilleux surnom au collège, on m'appelait Vipère.

-Lin ! Par ici ! L'entendis-je me crier. 

C'était si différent de mes aventures précédentes. Quelques plaisanteries, mais jamais rien de méchant, une confiance aveugle, pas la moindre trace d'hypocrisie. Je me disais que c'était trop beau pour être vrai. J'avais même déjà un surnom.

RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant