Chapitre 2

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   Il pleuvait, ça faisait déjà plusieurs mois qu'on avait pas vu l'ombre d'une gouttelette. Je rentrais chez moi, seule et comme à mon habitude. Souvent, sur le chemin du retour, je fredonnais des airs, car oui, le chant, la musique, ce sont mes échappatoires, je pourrais même dire que c'est une passion.


   Je n'avais pas prévu de parapluie et me laissais inonder. Pourquoi prendre le risque de ne pas être mouillée ? À quoi bon qu'il pleuve si c'est pour ignorer la pluie ? Je tremblais sous le froid, mais mon esprit était vide, netoyé, épuré, libre, que je n'y prêtait pas attention. Je sautais dans les flaques et dansais joyeusement sous la pluie, comme une enfant. J'ouvrais grand mes oreilles pour écouter le doux chant de la pluie et mes narines pour humer l'humide senteur de la terre mouillée. Cet instant était si rare, il fallait en profiter.

   Une fois arrivée devant notre maisonnette de campagne, je m'empressais d'envoyer un message à ma mère pour la prévenir de mon retour. Elle était légèrement surprotective, elle devait connaître le moindre de mes mouvements, pourtant elle n'était presque jamais là. 

   Après être restée cinq secondes plantée sans bouger et sans réponse, je retournais sur mes pas. Elle était du genre à répondre à la seconde prêt, ce qui signifiait donc qu'elle n'était pas à la maison. J'aurais pu rentrer, m'affaler sur le canapé, m'enrouler d'une couette chaude, et visionner une bonne série, mais non. La rue s'assombrissait peu à peu et devenait d'avantage effrayante, c'eta tellement plus tentant ! J'avais pris une mauvaise habitude, celle de vagabonder un peu partout lorsque bon me semblait, alors je rebroussais chemin, même si ça allait à l'encontre de la volonté de ma mère poule qui souhaitait que je reste cloîtrée à la maison.

   Mais ça y est, j'étais perdue. Mon sens de l'orientation s'était évaporé comme de l'eau. Ou peut-être n'avait-il jamais existé. J'avais beau faire demi-tour, toutes les rues se ressemblaient terriblement. Il fallait que je retrouve ma route, ma mère allait comprendre que je n'étais pas réellement rentrée. Mais en soi, où était le problème ?
Eh bien, depuis la mort de mon père, elle s'était métamorphosée. Mais rien à voir avec la transformation d'un papillon, elle a plutôt mal tourné. Elle prit l'habitude de s'absenter de la maison et de ne revenir que le soir entre 23h00 et 00h00 pour vérifier que je sois bien là. Mais elle ne restait jamais bien longtemps, après seulement quelques heures elle repartait je ne sais où. Et si j'avais l'audace de lui faire face au delà de ces horaires, elle n'hesitait pas à m'enfermer pendant au moins une semaine en m'empêchant même d'aller en cours. Je devais retrouver mon chemin avant 23h00 pour ne pas l'inquiéter. Je pris une grande inspiration puis couru jusqu'à ce qu'une impasse m'arrête, je ne pensais même plus au chemin éventuel que j'aurais pu prendre, je courais inconsciemment là où mes jambes me portaient. Je m'écroulais alors essoufflée par cette course contre la montre qui ne menait à rien. J'avais peur que mon secret soit découvert, j'allais perdre mes quelques instants de liberté.

-J'abandonne, c'est déjà 00h passé. Pensais-je à voix haute.

Je ne m'attendais à rien, même pas à un miaulement de chat ou un aboiement de chien, pourtant, j'obtîns une réponse.

-Brr ! Ce mot fait froid dans le dos.

Je levais la tête et vis une silhouette masculine, je ne l'avais ni vu ni entendu arriver. Je restais assise et fixait son visage. C'était assez surprenant de croiser une personne à cette heure ci et dans un endroit aussi perdu. C'était surtout très suspect. Par précaution je prenais mes distances.

-Tu n'as pas de mauvaises intentions j'espère.

La personne ria. Rien à voir avec un rire forcé ou autre chose de ce genre. C'était un rire léger. J'esquissais un sourire, par politesse, mais surtout car ce rire était contagieux.

-Tu m'as pris pour un violeur ? C'est pas très sympathique. Dit-il en riant encore.

-Qu'est-ce qui me prouve que tu n'es pas louche ? Le contexte actuel ne joue pas en ta faveur.

Il prit un instant pour regarder autour de soi, comme s'il ne voyait pas où était le problème, et c'était d'ailleurs le cas.

-De quoi parles-tu ? Cette rue n'a rien d'étrange. C'est celle qui mène à mon p'tit chez moi.

Cette fois-ci je fus celle qui leva la tête. Dans la panique je ne m'étais pas rendue compte qu'il s'agissait d'une ruelle tout à fait banale qui manquait seulement d'éclairage.
Je lui présentais alors mes excuses et reprenais mes recherches bien plus calmement.
C'est alors que j'entendis : "Bonne route !" dans mon dos.
Je me retournai, le garçon partait dans la direction inverse, sans un mot, les mains dans les poches et les cheveux trempés par la pluie.
Quel étrange scénario.

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Excusez moi pour cette petite pause... ^^" Me revoilà !

RainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant