Me vois-tu ? #5

11 2 0
                                    

J'ai passé le reste de l'après midi dans ce même canapé, toujours la télévision éteinte, à penser. Penser à ce qu'aller être mon avenir. J'allais devenir aveugle du jour au lendemain. Personne ne pouvait empêcher cela. Moi-même, je ne serais y faire quoi que ce soit.

Jamais je ne verrais le visage de mes enfants, peut-être pas même celui de mon propre mari. Jamais je ne pourrais lire tout ces ouvrages entassés sur les étagères de ma bibliothèque. Je suis condamnée à ne voir que du vide jusqu'à la fin de ma misérable vie.

Sans cesse, je me torturais l'esprit pour trouver une solution mais rien n'y fessait. C'était inévitable et je n'arrivais pas à me faire une raison. La réalité était trop dure.

Je pris mon pauvre téléphone, qui avait atterri sur la table basse lors du coup de fils de mon ami, et me promena, pendant plusieurs heures, sur internet, cherchant désespérément, ne serais ce qu'un petit espoir.


Les jours passèrent, mes recherches ne menaient à rien, cela ne fessait que m'abaisser encore plus. En cours, c'était encore pire. Ma vue diminuait, ne voulant pas accepté la vérité, je ne voulais jamais changer de place quand les écritures à la craie blanches sur le tableau noir devenaient illisibles. Ce qui, bien-sûr, toucha ma moyenne.

Avec Nala et Steeve, sans le vouloir, je me fessais de plus en plus distante. Ils le remarquèrent, le contraire aurait été difficile à comprendre, depuis le temps qu'on se connaît, ils avait appris à ma façon d'être. Les questions qu'ils me passèrent suite à ce changement de comportement, nous menèrent à plusieurs disputes inutiles et insensées. Je n'avais pas envie d'y répondre, cela m'énerver, je voulais être seule dans mon malheur.

Ce n'est pas tout, en plus de tout cela, plus les jours passèrent, je perdais toutes raisons de vivre. Je ne mangeais plus, je ne lisais plus, moi qui ne quittais jamais la maison sans un bouquin dans mon sac, je ne sortais plus, rien. Je restais là, allongée sur mon lit, contemplant le plafond gris clair de ma chambre, attendant que le sort s'abatte sur moi.


Quelques semaines plus tard, je n'adressais même plus la parole à qui que ce soit, même plus à mes amis de toujours et les conversations avec mes parents étaient limitées. Je me renfermais sur moi-même. Ce qui fut une grave erreur.

Tout le monde n'arrêtaient pas de m'interroger, de me poser des questions à tout bout de champs, de me demander ci ou ça. C'est drôle comment les gens se précipitent sur nous quand nous sommes au plus bas, alors que c'est eux les premiers qui t'enfonce plus bas que sous terre. Je n'en pouvais tellement plus qu'un jeudi matin, après la première pause de la journée, je sécha les cours pour m'enfermer, loin des regards, dans les toilettes du bâtiments scolaire. Les larmes coulèrent sans aucun espoir de les retenir.

J'étais là, assise sur la cuvette refermée, les mains sur la figure. Je ne releva la tête que lorsque la porte, que j'avais oublié de fermer à clé, s'ouvrit d'un coup sur un homme de mon âge, les cheveux en bataille et l'haleine haletante comme si il venait de courir un marathon : Steeve.

Mes yeux étaient encore rougie par les larmes quand je vis la peur dans les siens. Il me cria des mots que je n'écouta pas, trop occupé à fixer ses prunelles brunes inspirant l'angoisse. Je l'entendis tout de même se clamer petit à petit quand je sentis des bras m'enlacer. Je fit un sursaut de surprise, ne m'y attendant pas.


-T'es folle de ça sans nous prévenir ! C'est pas ton genre ! J'étais mort d'inquiétude !

Je ne trouva rien à répondre, je n'y réfléchi même pas, j'était beaucoup trop troublé pour prononcer quoi que ce soit. Il n'avait jamais  été affectif, jamais. C'était le genre réservé. C'était la première fois que je voyais des preuves d'affections de sa part.

On pouvait sentir la peur dans ses sanglots. Cela me raidit et je réalisa quelque chose : ce que j'avais fait été stupide, jamais je n'aurais dû les laissées, jamais.

-Mais qu'est ce qui t'as pris ?! Qu'est ce que t'as depuis quelques temps ?! On a fait quelque chose de mal ? T'es plus pareille, j'ai l'impression que quelque chose est mort en toi...

-Je vais devenir aveugle, Steeve.


Ma voix était presque inaudible, presque qu'un murmure perdu dans le silence. Pourtant, je vis à sa tête qu'il m'avait très bien compris. Je baissa la tête, j'avais enfin compris qu'il n'y avait aucun d'échappatoire.

-----------------

Je fais des chapitres de plus en plus petit, ça va pas ça ! J'essaierais de m'amélioré, promis ! 
Vos conseils et avis sont toujours les bienvenus !

-Solène.r

Do you see me ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant