Chapitre 2 : Une étrange rencontre

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Cela faisait un moment déjà que Rollo avait cessé de se plaindre et que les arbres avaient fini leur débat vespéral. Il faisait maintenant nuit noire, mais l'île de Till ne dormait pas, bien au contraire ; Au loin, dans le village de Tone, luisaient des milliers de petites lumières. Chaque lumière était celle d'un teyens. Une petite bougie accrochée à leur cou qui les éclairait dans le noir. Vulkain ne dormait point non plus. Il guettait, installé sur un arbre, le moindre mouvement suspect. Car la nuit des bêtes dangereuses, au delà de la compréhension humaine, peuvent surgir à tout instant. Rollo, lui, dormait lourdement, sûrement épuisé par le poing qui s'était abattu sur son visage plus tôt dans la journée. Se sentant lui aussi sombrer dans le sommeil, Vulkain entreprit une courte marche vers la rivière pour s'y rafraîchir. Cette rivière séparait la forêt du reste de l'île et assurait à Vulkain un endroit tranquille pour observer l'agitation nocturne du village. Arrivé à l'orée de la forêt, pieds dans l'eau, le dieu s'accroupit et porta sa main remplie d'eau à sa bouche. Lorsqu'il releva la tête, se tenait à la place des lumières de Tone, une femme juchée sur un rocher, son arc bandé et une flèche pointée sur lui, prête à tirer.

- Ne t'approches pas, vile créature !

Intrigué, Vulkain se leva, faisant abstraction des menaces proférées par la femme vêtue d'une armure dorée, et s'avança.

- Je t'ai dit de ne pas m'approcher, monstre ! s'insurgea-t-elle, plus fort encore en reculant d'un pas. Le colosse continua d'avancer et, arrivant à sa hauteur, fronça les sourcils et murmura.

- Tu es comme Rollo ?...

En effet, bien qu'étant moins cadavérique que celle de Rollo, la peau de la jeune femme était sensiblement la même, d'un blanc intense et lumineux.

- Veux-tu dire qu'il y a d'autres personnes civilisées dans cet enfer ? S'exclama-t-elle.

Sans répondre, Vulkain avança une main vers son visage pour toucher cette peau singulière. Mais la femme blanche repoussa de sa flèche la main du Dieu, y laissant une trace sanglante.

- Que fais-tu ? Sais-tu au moins à qui tu t'adresses, monstre ?

Dans un sursaut, la divinité tendit l'autre main puis répliqua après un court silence.

- Vulkain.

La femme l'interrogea, décontenancée.

- Plait-il ?

- Moi, c'est Vulkain.

Prise d'un excès de colère face à son insolence, la femme s'exclama.

- Je suis Diane, Déesse de la guerre ! Comment oses-tu t'adresser à moi de cette façon ?

- Déesse de la guerre ? Je vois ... intéressant. Répondit le colosse avec son flegme usuel.

- Tu as dit qu'il y avait quelqu'un d'autre comme moi ? Conduis-moi à lui !

Diane pris la flèche de son arc et la plaqua fermement sur la gorge de la divinité qui resta impassible, ne montrant ni résistance, ni crainte. Du bout des doigts, Vulkain éloigna délicatement la flèche - laissant la dite déesse sans voix - fit volte-face puis lui fit signe de le suivre. Un moment d'hésitation passé, Diane décida de suivre l'inconnu dans les méandres de la forêt. Cependant l'homme était très prompt. Trop prompt ; ses foulées assurées représentaient le double des enjambées incertaines de Diane, qui peinait à le suivre. Voulait-il la devancer ? La déesse, regardant autour d'elle, ne voyait que l'obscurité de la nuit et le dos du dénommée Vulkain. Sa force résonnait dans chacun de ses pas. Une puissance inouïe se dégageait de cet homme pourtant si calme, comme brillant dans la nuit. Absorbée par cette vision, Diane ne vit pas la racine qui lui faisait barrage et trébucha, creusant un peu plus l'écart qui la séparait de Vulkain. Elle se releva à la hâte, le rattrapa et remarqua alors l'atmosphère froide et oppressante de cette forêt. Elle n'était pas normale. Il n'y avait pas de vent et pourtant les feuilles des arbres frémissaient. Il n'y avait pas de lumière et pourtant cet homme brillait. On les observait. Un frisson lui parcouru l'échine lorsqu'elle entendit un grognement provenant des buissons.

- Dépêche-toi. Lança le guerrier d'un ton autoritaire.

Malgré l'impolitesse de ses propos, la Déesse s'exécuta et se rapprocha de lui. Ils continuerent d'avancer pendant de longues minutes qui parurent des heures, jusqu'à ce qu'une lueur d'espoir perce l'obscurité. Mais des bruits de lutte provenaient de cette lumière et résonnaient de plus en plus fort entre les arbres.

- Quels sont ces bruits ? demanda Diane, inquiète.

- Quelque chose ou quelqu'un frappe quelque chose.... ou quelqu'un.



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