Affrontement Divin

Chapitre 5 : "Pierre de sang et Divinités"

- Alors, c'est vous la fameuse Déesse venue du ciel ?

Diane, marchant le long de la rivière, s'arrêta, se tourna et trouva tout près d'elle une petite jeune femme à la peau foncée et aux cheveux de craie. Ses yeux d'un violet profond la fixaient avec curiosité et l'innocence de sa jeunesse. Elle se tenait là, sur la pointe des pieds, les poings sur ses larges hanches, affichant sur elle un sourire couleur malice. La Déesse, soupçonneuse, recula.

- Qui êtes vous ?

- Oh ! pardonnez-moi, j'en oublie mes bonnes manières, dit-elle en lui prenant chaleureusement la main. Je suis Nellie, enchantée !

- Nellie ? répondit-elle, détendue par la douce voix de celle-ci. Quel beau prénom, moi c'est...

- Diane, je sais, dit-elle tout en élargissant son grand sourire.

On pouvait y voir des dents d'une blancheur de lune, magnifiquement alignées telles les arches d'un cirque romain. Ses yeux pétillants vinrent à la rencontre des traits de Diane, scrutant ses moindres sinuosités et imperfections, analysant chaque parcelle de ce visage blanchâtre qu'était le sien. Son regard insistant fit doucement rire l'aînée. Se rendant compte de sa maladresse, la plus jeune s'interrompit et, cachant ses joues empourprées, continua.

- Vous êtes bien plus jolie que ce que Rollo m'en disait !

- Oh, je vois que vous êtes bien informée, ricana la Déesse, quelque peu vexée. Êtes vous proche de lui ?

- Oui, je suis son amie, c'est lui qui m'a tout raconté.

- Je croyais qu'il n'en avait pas, s'étonna-t-elle.

- C'est vrai, je suis sa seule amie, avança la dénommée Nellie.

- Eh bien enchantée, Nellie, unique amie de sire Rollo ! lança Diane en lui rendant son sourire.

- "Sire" ? Depuis quand lui doit-on tant de politesse ?

A cela, Diane ne répondit pas. En réalité, elle ne le savait pas elle-même. Rollo était, certes, tout aussi blanc qu'elle, mais jamais ne s'était comporté comme tel. Cette marque de respect lui était venue naturellement, comme si elle le connaissait depuis longtemps. Il dégageait une aura réconfortante, fiable. De cet homme, qui semblait avoir vécu nombres de misères, émanait la vérité inébranlable d'une personne qui souffre. D'une personne qui ne se sent pas à sa place. D'une personne comme elle.

- Bien, sur ce, ravie de vous avoir rencontrée, dame venue du ciel. annonça Nellie, remarquant le malaise de Diane. Je dois m'en aller.

La jeune fille lui fit une accolade amicale puis s'en retourna.

Diane lui fit un vague signe de main en guise d'au revoir et tourna les talons, toujours troublée par ses pensées. Elle se sentait plus légère tout à coup.

Elle se figea.

- Puis-je récupérer mon arc ?

La jeune fille, qui n'avait encore échappé au regard perçant de l'archère, se tourna d'un air déçu. Elle souffla sa déception sur sa frange blanche dévoilant d'épais sourcils bien dessinés.

- Dommage... J'aurais pu en tirer bonne vie. soupira-t-elle, feignant la tristesse.

Résignée par le regard de glace qu'on lui lançait, la chapardeuse rendit à sa propriétaire son arc, soigneusement caché derrière sa silhouette. Mais alors que Diane s'apprêtait à récupérer son bien, celui-ci lui fut arraché. Soudainement, un souffle chaud lui caressa l'oreille. Nellie la tenait d'une main douce par la nuque tout en empoignant fermement l'arcade dorée de sa main libre. Ses lèvres étaient à quelques centimètres de sa joue et murmurèrent d'une malicieuse voix.