24 - Coma

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J'ouvris doucement les yeux et les refermai aussitôt. La lumière était trop vive.

Tout doucement, je laissai mes yeux s'habituer à la luminosité et les ouvris enfin. Je sentais quelqu'un dormir contre moi. C'était mon fils. Mon petit bébé. Il dormait avec son pouce dans sa bouche contre moi, l'arcade droite pansée.

Il semblait bienheureux contre moi. Il était adorable.

Je me levais doucement en le gardant dans mes bras et observai la chambre. J'étais toujours à l'hôpital mais pas dans la chambre de mon fils. J'étais dans une chambre double mais je ne voyais pas la personne qui était avec moi.

Mon père était assis sur un fauteuil, près de mon lit, en train de lire un roman.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Lui demandai-je, le faisant sursauter car il n'avait pas vu que j'étais réveillée.

Lucy ! Tu vas bien ma chérie ? Tu n'as pas mal à la tête ?

Non, ça va, le rassurai-je en serrant Sting contre moi. Que s'est-il passé ?

Tu t'es évanouie, ma chérie. Tu nous as fait une peur bleue !

Désolée...

Le médecin a dit que c'était le stress et la panique. Tu as dû avoir une importante hausse de tension ainsi qu'une subite diminution et ton corps n'a pas supporté...

Oh... Je vois... Qu'est-ce que le médecin a dit pour le petit ?

Il aura une cicatrice au-dessus de l'œil... Mais il n'a pas reçu de choc à la tête, il va très bien ! En revanche, il a conseillé de l'emmener voir un psy. Il est jeune est ce genre de choses... Enfin, ce que cette fille lui a fait peut laisser des marques...

J'y veillerai...

Mon pauvre bébé... Je n'ai pas su le protéger...

Et Natsu dans tout ça ? On m'a dit qu'il avait eu un accident ! Mais oui ! C'est vrai ! Et Nashi ? Où était-elle !?

Où est Nashi ? M'enquis-je.

Ne t'en fais pas, elle va très bien. Elle est avec Luxus et Mira. Ils sont à la cafétéria, ils vont arriver.

Merci, papa...

Ne me remercie pas, ma fille.

Papa ?

Oui ?

Et Natsu ? Demandai-je, la gorge nouée.

Il soupira longuement et Igneel entra dans mon champs de vision et tira le rideau qui me séparait de mon voisin. Natsu était là, dans le lit, la tête bandée.

Mon cœur rata un battement et mes larmes coulèrent d'elles-mêmes.

Je déposai doucement mon fils sur le lit, le centrant bien et le quitta doucement, les jambes flageolantes.

Igneel et mon père m'aidèrent à l'atteindre et mon beau-père glissa une chaise sous moi. Je me laissai tomber dessus, la main de Natsu dans la mienne, le corps ravagé par les sanglots.

Je ne savais pas ce qu'il s'était passé. J'avais peur. Très peur. Peur qu'il ne se réveille pas. Peur qu'il ne se souvienne à nouveau plus... Peur de le perdre à nouveau. À moins que je ne l'ai déjà perdu ?

Luxus entra dans la pièce avec Nashi et posa sa main sur mon épaule.

Lucy... Nashi te réclame, me souffla-t-il en frictionnant mon dos.

Je me calmai doucement puis essuyai mes larmes pour essayer de mettre un sourire sur mon visage et rassurer ma fille. Ça ne marcha qu'à moitié.

Ses petits yeux verts étaient gorgées de larmes. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait mais elle savait que j'étais triste. Tout le monde était triste.

Je récupérai ma fille et la berçai tendrement en chantonnant une berceuse que j'avais l'habitude de leur chanter. Une berceuse que Natsu m'avait appris, celle que lui chantait sa mère.

Que s'est-il passé ? Finis-je par demander, une fois la chanson finie en continuant de câliner ma fille, mes yeux rivés sur mon mari.

Natsu a essayé de la quitter et elle l'a mal pris, avoua Igneel. Elle l'a poussé dans les escaliers. Mais sa tête, qui était encore fragile, n'a pas supporté le choc et il a perdu connaissance.

Où elle est ?

Elle ne viendra plus nous embêter, grogna Luxus. Elle s'est fait arrêter. Igneel l'a vu pousser Natsu, Zeleph l'a vu essayer de planter Sting et Sting a discuté avec des agents de la police et un psy. Il leur a dit tout ce qu'il a dit à Igneel et plein d'autres choses. Mais ne t'en fais pas, Mira et moi, nous sommes restés avec lui tout le long. Il a été très courageux.

C'est bien mon fils, ça, souris-je doucement. Où sont les autres ?

Dans le couloir, ils attendent.

Ils peuvent venir, mais ne faites pas trop de bruit, Sting et Natsu dorment...

Lucy... hésita mon père.

Écoute, Lucy, dit sérieusement Igneel. Natsu ne fait pas que dormir. Il est dans le coma.

Je n'étais pas étonnée. Je m'y attendais. C'était l'évidence même mais je ne voulais pas qu'on me le dise. Je l'avais retrouvé il y a quelques jours, mais je n'avais pas pu satisfaire mon manque émotionnel car il était pris et quand je me rendais compte qu'il me revenait, une autre barrière se dressait entre nous. Encore une fois. La vie avait été trop belle. Il nous fallait notre lot de malheur. Mais je crois qu'on avait eu assez de malheurs pour toute une vie, voire plus...

Mon bébé émergea du sommeil, me réclamant directement.

Je l'ai félicité comme pas possible, l'encourageant à rester un gentil petit garçon très courageux, comme son papa.

Le soir, je les laissai à ma famille, je voulais rester auprès de Natsu. Au début, ils ont refusé, prétextant que je devais nourrir Nashi mais elle pouvait boire du lait maternisé si je n'étais pas là. Au moins, ça me donnait l'occasion de continuer le sevrage.

Ils ont fini par accepter, comprenant mon besoin d'être un peu seule avec lui, même s'il était endormi.

Le médecin m'avait dit qu'il n'était pas dans un coma profond. Il était même persuadé que ce coup sur la tête lui avait été bénéfique car il avait vu la partie du cerveau qui avait été touché lors de son accident en forte activité alors que selon ses anciens scanners, cette partie était plutôt inactive avant. Peut-être que sa mémoire allait lui revenir...

Tout au long de la soirée, je lui ai parlé. Je lui parlais de nous, de notre enfance, notre adolescence avec notre période du collège où nous étions dans « l'âge bête », puis de notre période de lycée, de notre mariage, de nos enfants. Tout. Je lui parlais de tout. J'allais et venais dans tous les sens, mélangeant les périodes par moment. Mais ça me faisait du bien.

Assez tôt, je me couchais près de lui en faisant attention à ses perfusions. Il avait beau être livide, son corps dégageait toujours cette douce chaleur qui me faisait si facilement dormir.

Et c'est ainsi que je m'endormais paisiblement... Contre mon unique amour...

AmnésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant