Mieux vaut être seule que mal accompagné

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Cher ami,

Tu m'avais promis que tu ne partirais jamais, que tu resterais toujours a mes côtés. Tu as tenu ta parole.
Mais quand, justement, mes côtes on commencées à résonner d'une toux rauque, tes yeux se sont détournés, tandis que les miens devenaient vitreux sous l'emprise des médicaments. Tes baisers sont devenus hésitants, tes blagues vides, et ton regard, fuyant. Puis accusateur. Comme si c'était ma faute si j'était malade. Comme si c'était ma faute si tes principes t'empêchaient de rompre, de partir, de t'enfuir. Je crois que c'est ce que j'aurais préférée. Mieux veut être seule que mal accompagné, c'est ce que disait ma mère. Mais non, tu es resté, nous détruisant tous les deux.
J'ai essayé, pourtant, de te convaincre, de t'expliquer, mais tu balayais mes mots noirs d'un geste de la main et d'un regard triste. J'aurais peut-être put croire que c'était de l'amour tout simplement. Mais il y avait ses photos. Oui, je connaissais ton code. La fille qui pose avec toi, ses sourires semblant une réflection parfaite des tiens, ses bras autour de tes épaules, tes yeux qui pétillaient en la regardant... Non, je ne t'en veux pas. Tu es humain après tout.
Mieux veut être seule que mal accompagné, c'est ce que disait ma mère. J'ai fini avec les deux. Seule, tellement seule, avec cette sensation de vide terrible au creux de ventre. Et mal accompagnée, de toi bien sûr, mais aussi de cette foutue maladie qui me collait à la peau, et qui faisait coller celle-ci à mes os. En fait, je crois que la meilleure compagnie que j'ai eue, c'était Elle, ses mains brumeuses et froides, Elle qui comprenait sans parler. Elle qui m'a amenée vers les tréfonds obscurs et veloutées de l'oubli.
Si tu lis cette lettre, c'est qu'Elle m'a prise la main pour glisser définitivement dans les abysses ultimes. Je veux que tu sache que tu n'as commis aucun crime, que tu as fait de ton mieux. Peut-être que c'est moi qui suis en tort après tout. J'aurais dû en finir moi-même avec notre relation, t'empêcher de te mettre devant un choix cornélien : Devoir choisir entre la fille-Mort et la fille-Vie. Maintenant que tout est fini, oublis-moi, fait le bon choix. Que ma mort ne t'empêche pas de vivre. Que la chimère d'amour que tu avais pour moi ne se transforme pas en culpabilité. Que la fille qui t'aime se sente aimée, sans le fossé de ma tombe entre vous deux. Sois heureux. Mais surtout, n'oublie pas : mieux vaut être seul que mal accompagné.

Adieu,

La morte.

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