Chapitre Bonus

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Ce matin j'ai reçu la visite de Eden, cela faisait près de deux mois que j'étais à l'internat et aucun de mes proches n'était venu me voir, aucun ne s'était déplacé ; mise à part mon frère. Je considère Eden comme mon seul et unique frère, cela peut en choqué plus d'un mais il est le seul dans ma fratrie à me comprendre. Lui et moi on est comme des jumeaux, il est comme moi, je suis comme lui. Il est mon seul frère, le seul en qui j'ai confiance ; je lui ai tout dit et lui dirait tout. Il sait tout de moi, je lui aie tout confié, tout raconté de mes amours à mes secrets les plus sombres, de mes rires à mes plus grandes peurs. Si je devais aimer une seule personne, tout dire à une seule personne, mourir pour quelqu'un je le choisirai. Maintenant que ma relation fusionnelle avec mon frère est expliquée, venons-en aux faits.

Il est venu vers 10h ce matin, j'ai été prévenu de sa présence lorsqu'il a franchi les murs de ce bâtiment, mon bâtiment. Margot arriva dans la chambre pour me prévenir qu'il était là, à l'accueil, alors que j'étais en train de dessiner. Je jetai mon crayon, recula de ma chaise si violemment que je rayai le parquet. Je courus aussi vite que je pus (qui aurait cru que je savais courir aussi vite), descendis les marches quatre par quatre (je manquai de tomber à chaque fois), bousculai toute personne se trouvant sur mon chemin en m'excusant si je le pus. Lorsque je fus à l'accueil je hurlai son nom, je distinguai une personne se relevant, je le reconnus. Je m'avançai vers lui, en pleurant, je sautai dans ses bras et le serrai le plus fort que je pus.

Il fut surpris de mon élan d'affection, il faut dire que je n'ai pas pour habitude d'exprimer ce que je ressens, mais là je ne me contrôlais plus. Une fois que je voulus bien le relâcher, il me regarda un sourire illuminait son visage. Je ne pourrais pas décrire ce que je ressentais tellement le bonheur étant grand, je me sentais porter dans un univers différent. Il me proposa qu'on aille se promener, je l'emmenai au début de notre « forêt » ; on s'asseyait sur un banc en pierre.

Il me parla de la vie à la maison sans moi et me dit que la maison lui semble si étrangère sans ma présence, qu'il ne trouve plus sa place là-bas. Il me parla d'une bourse d'études qu'il reçut en prime d'une invention, de ses différents projets, de ses perspectives d'avenir maintenant qu'il avait trouvé sa voix. Il allait maintenant quitter la maison familiale pour travailler dans une grande entreprise. Cette dernière lui donnait un salaire qui n'est pas comparable, c'est une grande opportunité pour lui ; cependant je sais bien qu'il ne reviendra pas me voir avant quelques mois. On parla aussi de mes différentes folies : bien sur celle où je suis partie de la maison lorsque que j'étais encore à New York, mais on évoqua aussi ma petite sortie en ville qui dura quelques jours. Je vais vous la raconter : un matin je me suis levée avec la ferme intention de partir de chez moi, mais pas une heure ni deux mais trois jours, quatre jours. J'eus envie de prendre l'air, de faire quelques choses de différent ce jour, pas le lendemain, ce jour précis. J'ai préparé un sac à dos où à l'intérieur il y avait ma carte d'identité, de l'argent, des vêtements de rechange, le nécessaire de toilette, mon téléphone et d'autres choses assez inutiles. J'ai laissé un mot sur le meuble de la cuisine et ai prévenue Eden pour pas qu'il ne s'inquiète je lui ai promis que je reviendrai et que je ferais attention ; il m'a juré de ne rien dire et c'est ce qu'il a fait. Je suis partie vers 6h du matin et je me suis promenée, je ne m'étais jamais sentie aussi libre, je me sentais enfin moi. Je dormais chez des amis et passais la journée dehors à rêvasser, à imaginer que serait la vie si je fuguais pour de bon et à parler aux SDF (qui n'étaient pas bourrés, question de sécurité, oui je suis folle mais pas stupide enfin je crois). Mes parents ont bien sûr appelé la police, un avis de recherche a été mis en place et tout le monde me cherchait. Trois jours plus tard je suis rentrée chez moi et aie regardée mes parents dans les yeux et leur ai dit : « Mais papa, maman je vous ai dit de ne pas vous inquiéter, j'ai juste besoin de prendre l'air, j'étouffe ici. Appelé la police ne sert à rien si je voulais que vous ne me retrouviez pas, vous croyez que vous aurez trouvé ?! Ne vous inquiéter pas tout va bien, j'ai dormi chez Maeva et Alex (mon ancien meilleur ami) je n'ai pas eu de problèmes, j'ai passé mon temps à rêver et à aider les sans-abris. Qui aurait cru que la vie serait si dure, couteuse et cruelle. Bon je vais ranger mes affaires dans ma chambre. Ne m'attendez pas pour le diner, j'ai déjà mangé avec Mason le SDF du coin de la rue, il est super sympa tout compte fait, un peu têtu mais bon. » Je posai les affaires sur mon lit et alla voir Eden qui lisait, il fut surpris de me voir aussi rapidement il pensait que je serais de retour le lendemain. Je le pris dans mes bras et m'endormis dans son lit quelques que minutes plus tard. C'est de là que des tensions avec mes parents apparurent, on ne se comprenait plus, on n'était plus sur la même longueur d'ondes. Ce fut une sortie qui me changea, me transforma, je compris enfin qui j'étais et ce que j'attendais de la vie et mes parents ne font pas partie de mes projets, en tout cas pas pour l'instant. Revenons à Eden.

Après cela on discuta pendant de longues heures, je ne vis pas le temps passé ; lorsque que je suis avec Eden la vie semble s'arrêter et elle nous laisse enfin tranquille. Lorsque je regardai enfin ma montre il était 15h passé, il me regarda les larmes aux yeux, je compris qu'il devait partir. Je lui fais signe que je comprenais et que je le soutenais, il me prit dans ses bras.

Mon seul frère allait maintenant partir, je n'allais plus le voir pendant des mois. Cependant il me promit qu'il viendrait pour mon anniversaire c'est-à-dire dans 5 mois. Il part, me voilà seule pour un long moment, heureusement que tous mes amis de l'internat sont là. Je rentre dans ma chambre et retrouve Margot qui me dit :

« Et bah tu as été longue. »

Je réponds

« Il reviendra qu'à mon anniversaire »

« Je sais j'avais compris à ta tête, tu ne peux rien me cacher. N'oublie pas que si tu as quoique ce soit, je suis là. »

« Merci Margot, qu'est-ce que je ferais sans toi »

« Je ne sais pas c'est justement ce que je me demandais »

On éclate de rire et on se prend dans les bras, qu'est-ce que c'est rassurant de savoir que je compte pour quelques personnes.

Les mystères d'Edwige Où les histoires vivent. Découvrez maintenant