Les mystères d'Edwige

Chapitre 17

Je sors de la chambre en essayant de faire le moins de bruit possible mais évidemment l'accès à la sortie est semée d'embuches, je dois passer au-dessus d'objets que je ne parviens pas déterminer, veiller à ne pas les heurter et surtout ne pas réveiller Margot. Un interrogatoire à minuit n'est pas forcément le mieux. Enfin d'après moi. Je réussis tant bien que mal à sortir et emprunter l'issue de secours pour descendre les escaliers. Soudain je m'arrête. Tu te rends compte Edwige ce que tu fais ou pas ? Voilà la pensée qui me traverse l'esprit. Je m'assois sur une marche et place mon visage entre mes mains. Mais qu'est-ce que tu deviens ? Tu vas rentrer par effraction dans le bureau de la directrice. C'est du concret. Les mots décrivent exactement ce que je me prépare à faire. Mais la vérité ne mérite-elle pas d'être découverte ? Les choses ne devraient-elles pas être révélées ? Je me dois de percer à jour ce mystère. Je me relève et avance en direction du bureau en question. Quand je m'approche je distingue une silhouette mais elle ne ressemble pas en tous points à celle d'Hema. Mais alors qui est-ce ? Je m'avance avec prudence et à ma grande surprise je suis très silencieuse. D'habitude il m'arrive dans ce genre de situations, pas que je vais souvent fouiller des lieux, mais des situations stressantes : je fais toujours mais alors toujours une gaffe. Là rien je suis aussi calme et discrète qu'une lionne qui va chasser une proie. Quand j'y réfléchis je ne me contrôle plus, l'excitation est si grande mais surtout je suis guidée par un curiosité sans limites. Un pas après l'autre je m'approche de ma cible, l'adrénaline devient de plus en plus intense. Une sorte de peur m'envahit mais elle se fait vite renverser par un désir de vérité. Je ne suis qu'à deux mètres malgré cette faible distance je ne parviens pas à reconnaître cette personne. On dirait comme si elle portait... un protège nez ? Attend mais c'est Sean... Il a ça quand il fait du vélo et qu'il fait froid. Qu'est-ce qu'il fait là ? Et où est Hema ? On était censée se retrouver y a trente minutes. Si cela se trouve il n'est que de passages ou il est un complice de notre petite affaire. Pourvu qu'il ne rentre pas dans ce maudit bureau... Un tour de poignet plus tard le voilà à l'intérieur. Et aller comme si cela ne suffisait pas ! J'empresse le pas et le suis. On est deux dans cette pièce pourvu qu'il ne m'assomme pas, ce serait son style d'ailleurs. Il sait exactement où il cherche et ouvre l'armoire où se trouve les dossiers. Il semble tellement concentrer dans sa quête qu'il ne se soucie pas qu'il est observé, je me cache sous le bureau. Tout à coup je sens une main se poser sur mon genou, un frisson parcourt mon dos, je suis glacée, la peur de me tourner m'envahit peu à peu, je suis paralysée d'effroi. Je ne suis pas croyante mais je prie s'il existe celui qui est en haut pour que cette personne soit Hema. Sinon si ce n'est pas elle j'hurlerai et toutes formes de courage partiraient alors à grands pas. Je ne dis rien, ne bouge pas. J'attends patiemment que soit Sean sort ou soit que cette personne veule bien montrer son visage. Je ne saurais dire combien de temps je me suis retrouvée dans cette posture avec une mystérieuse main sur ma jambe mais Sean décide enfin de sortir. Dès qu'il ferme la porte, j'attrape la main et dirige-la mienne vers la gorge de l'inconnu. Je le plaque à terre et sens mes doigts contre sa peau. Une rage, je dirais même une folie s'empare de moi.

Je lui murmure : « Ça c'est pour tout le temps où tu as gentiment callé ta main sur moi ! »

Je commence à serrer et son pouls retentit en moi. Je m'arrête cependant et entend cette personne toussait, on dirait qu'elle va cracher ses poumons. Je l'attrape et la place sous la fenêtre pour voir son visage. Ah ma grande surprise mais également un soulagement ce n'est qu'Hema.

« Je suis désole tu m'as fait tellement peur que je ne me contrôlais plus »

« Ne t'excuses pas connasse »

« Je t'aime aussi. Par contre si tu pourrais éviter de me flanquer une trouille pareille ce serait fort aimable de ta part »

« Je t'emmerde »

« Quelle politesse ! »

« T'as vu ce que tu as fait ? »

« J'aurai pu serrer plus fort »

« Je voulais juste te faire peur comme tu m'as fait la dernière fois »

« Oui mais je ne réagis pas comme toi, faut jamais me faire un truc de ce genre »

« En tout cas tu n'étais pas bien sous le bureau »

« En même temps ! Mais qu'est-ce que tu faisais là ? On était censé s'attendre devant pas sous un bureau »

Elle rit « Vous me sidérez toi et ton éloquence sans précédent. En fait j'étais assise quand j'ai vu une ombre s'approchais, je me levai et me cacha dans l'obscurité pour pas que l'on me voie. Cette forme qui paraissait inhumaine passa devant moi et quelques secondes plus tard j'aperçus Sean à l'autre bout du couloir. Il se collait au mur c'était drôle à voir, on aurait dit un apprenti espion ! J'eus le temps de me traverser le couloir, rentrer dans le bureau et me blottir contre la ferraille du meuble. Ensuite il a ouvert la porte, suivit de très près par toi et ensuite tu sais »

« Une ombre dis-tu ? »

« Je te parle de Sean dans le bureau et c'est ça que tu retiens »

« T'as raison... Alors c'est lui le mystérieux voleur de dossier ? »

« Effectivement, il semble s'intéresser à cette histoire. Le mystère résolu je vais dormir. Bonne nuit ma belle »

« Bonne nuit »

Je regarde l'horloge qui indique une heure du matin. Au moment de sortir je chuchote :

« Quelque chose ne va pas... »

Je m'avance vers l'armoire et réexamine les différentes pages. Rien de nouveau ne pointe le bout de son nez. J'ai raté un truc ce n'est pas possible : tout n'est pas aussi facile. Il y a une histoire secondaire que je ne parviens pas à déterminer...

Mais attend, pourquoi Sean s'intéresse à ses dossiers ? Il n'y a pas si longtemps de cela il avait déclaré je cite : « Les affaires du lycée ne me concerne pas. Je suis ici pour travailler. » Pourquoi avoir les dossiers en sa possession si tout cela ne l'intéresse pas des masses ? Chaque nuit il vient en sélectionner un et le rendre plus tard. Ou alors il cherche autre chose. Quelque chose dans ce bureau. Mais quoi ?

Quand une affaire est classée une autre arrive au pas de courses.