Chapitre 4

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Ils arrivèrent vers la fin août, alors que l'air commençait déjà à se rafraichir. Ils s'installèrent dans un petit chalet de pierre et de bois à l'entrée du village. Les habitants furent très gentils et leur prêtèrent de quoi subsister à l'hiver. Hans profita des derniers jours chauds pour chasser pendant que Lucienne ferait des réserves de bois. Chasser, c'était son passe temps préféré. Maintenant handicapé par sa jambe, il se hissait dans les arbres et, avec son arc, attendait longuement qu'une bête passe à porter de ses flèches. Il posait aussi des pièges qu'il vérifiait régulièrement. Les journées s'enchainaient de cette façon et les mois passèrent.

Trois ans plus tard, le chaos se fit dans la caserne allemande du village. L'annonce du débarquement puis de l'avance des alliés faisait dégarpir tous les boschs. Ils partirent au petit matin du lendemain. Le silence se fit lorsqu'ils disparurent au tournant, épiés par les villageois depuis leurs fenêtres. Puis Nicolas Bouchard, le plus riche de la commune réunit le conseil du village. Les hommes et les femmes parlementèrent longtemps sur les choses à faire :

« Il faut épurer le village, disait Nicolas. Nous devons nous débarrasser des boschs et des collaborateurs avant l'arrivée des Alliées libérateurs.

-Mais comment ? Nous n'avons pas d'armes ! fit remarquer un villageois.

-Ce n'est pas grave ! Les maquisards arrivent et eux ont des armes ! Ils nous aideront à purifier la France ! A féliciter les vrais français, les résistants, en les autorisant à participer à la reconstitution de la République Française ! »

Certains villageois approuvèrent en criant et en applaudissant, parfois parce qu'ils voulaient avoir les faveurs de Nicolas Bouchard, d'autres fois parce qu'ils voulaient se faire discret et cacher leurs petits affaires avec l'ennemi. D'autres encore n'étaient pas d'accord mais craignaient des représailles, comme avec les Allemands. La décision fut prise et la terreur commença. Dès le lendemain, Nicolas Bouchard et ses amis créèrent une milice. Rationnant la nourriture emmenant tous les « supposés » collabos et ceux qui avait « soi-disant » du sang allemand. Hans, allemand lui-même, fut emprisonné dans les premiers, malgré les cris et les pleurs de Lucienne. Elle lui avait annoncé la veille au soir qu'elle était enceinte.

Malheureusement, un soir, la milice de Nicolas se réunit chez lui et profita de la réunion pour « goûter » la réserve de vins et d'alcool fort du propriétaire. Vers Minuit, ivres et titubant et, criant et réveillant tous les villageois, ils sortirent les prisonniers de leurs cellules pour les aligner devant le mur de la cour. Habituellement une école, elle avait servit de caserne aux Allemands. Elle servait désormais de prison. Les prisonniers surent que leur dernière heure était arrivée quand la milice chargea ses armes :

« A mon commandement..., cria Nicolas, abaissez armes ! Feu ! »

Une détonation retentit. Lucienne comprit. Pieds nus, vêtus d'une simple chemise de nuit blanche, elle courut, tel un fantôme, vers l'école. Elle s'effondra en pleurs sur le corps de son bien-aimé. Elle essaya en vain, de le réveiller, de sentir son souffle. Elle voulait qu'il se lève, qu'il lui sourit, qu'il l'embrasse et qu'il rit avec elle. Mais son amour était mort, tué par la folie des hommes. Lui qui prônait la paix et le respect des lois, était mort, la laissant seule avec une petit créature qui grandissait dans son ventre.





Il y eu plus de 70 millions de morts lors de la Seconde Guerre Mondiale, dont environ 6 millions de Juifs et presque 50 millions de civils. Malheureusement, après la fuite des Allemands, il y eu aussi beaucoup de décès de personnes soupçonnées de collaboration avec l'ennemi. Beaucoup de femmes et de filles furent tondus et/ou exécutées pour leurs supposées relations avec des Allemands.

J.R. et J.P.

Soldat, au rapport !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant