Chapitre 9 : Inconnu au bataillon

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Bonjour ! La suite ! Petit disclaimer ! Il y a un peu de mutilation ! Pas très violent mais je suis obligée de voir avertir avant que vous lisiez ! Enjouah !
(À lire avec cette musique : https://youtu.be/tf1BTnLfvyE - Corneille ~ Seul au monde)

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Une semaine s'est écoulé je crois depuis que Auré m'a appelé. J'ai perdu la notion du temps de toute façon. Je n'ai plus de nouvelles de lui, ni des autres. Tant mieux. J'ai juste posté un tweet disant que j'allais bien mais que j'étais occupé. Simple mais efficace. Enfin je pense. Je survole les réponses. Un tweet attire mon attention. "T'en fais @AypierreMc on comprend. Reviens nous quand tu seras moins occupé." Je soupire. S'il savait. S'il savait ce qu'il se passe en ce moment dans ma tête. Des larmes perlent aux coins de mes yeux. Depuis qu'ils sont ... Je me suis coupé des autres. J'ai besoin d'être seul. Je ne sors plus. Je ne mange plus. Je dors à peine. Les larmes se mettent à couler le long de mes joues creuses. Elles sont devenues mon quotidien. Je les essuie d'un geste rageur. Pourquoi est ce qu'il faut toujours qu'elles soient là ?! Je me lève difficilement du canapé où j'étais avachi, et me dirige vers la salle de bain en titubant légèrement. Là bas j'observe mon reflet dans le miroir en face du lavabo. J'en reste coi. L'homme dans le miroir est maigre. Trop maigre. N'étant qu'en caleçon, on peut clairement voir les côtes saillantes de cet homme. De même que ses jambes beaucoup trop mince. Même dans le caleçon il semblait flotté. Le peu de muscles qu'il avait ont fondu. Ses épaules qu'on devinait asez carrées ont raisonnablement perdu. Sur son bras gauche on voyait distinctement de longues traces rougeâtres. Comment ai-je pu en arrivé là ? Je sers les poings jusqu'à ce que mes jointures blanchissent. Je tourne le dos au miroir. Sur le lavabo, des lames. Certaines encore tachées de sang. J'en saisis une. Je la retourne entre mes doigts fins avant de la déposer sur mon bras déjà mutilé. Et je trace de nouvelles marques. Encore et encore. Les larmes de sang qui en coulent ne couleront pas le long de mes joues. Je m'arrête. Huit. J'en ai fait huit de plus, c'est trois de plus qu'hier. Comme d'habitude, je désinfecte les plaies et les recouvre d'un linge humide qui se met à briller d'une couleur écarlate. Je repars dans le salon, soulagé. La douleur de mes entailles me fait oublier l'autre douleur. Je suis obligé de m'arrêter au milieu du couloir pour rejoindre le salon, pris de vertiges et de nausée. D'un autre côté je n'ai rien avalé depuis un moment et les pertes de sang n'aident en rien. Je traîne de pieds jusqu'à ma cuisine et me force à avaler un morceau de pain et un yaourt. Mes vertiges cessent mais ma nausée persiste. Mon repas de fortune pris, je m'installe dans le canapé et me prends la tête dans les mains. J'ai encore utilisé cette foutue lame ! MERDE ! Mon téléphone vibre. J'ai un message. Super ça doit être Auré ou un autre, soupirais-je intérieurement. Un air surpris prend place sur mon visage. Ce n'est ni Auré ni aucun autre. C'est un numéro qui m'est totalement inconnu. Et c'est un pavé en plus. Je lis attentivement le pavé de l'inconnu. Au fur et à mesure de ma lecture, les larmes me montent aux yeux. Comment un inconnu pouvait me connaître au point de voir même quand je mens ? Pourquoi est-ce que cet inconnu s'inquiétait pour moi ? À la fin du pavé, je pleure. Cet homme, ce Thomas. Il semble vraiment s'inquiéter pour moi. Ça me touche. Beaucoup. Jamais personne ne s'est inquiété comme ça pour moi. Sauf peut-être .. mes parents. J'hésite un instant à lui répondre. Après tout il peut être ... 'Arrêtes de te trouver des bonnes excuses Pierre, m'intima ma voix intérieure. Réponds lui.' C'est plus facile de parler à des inconnus en général. Et puis c'est vrai quoi ! Je ne risque rien à lui répondre. Je pianote sur mon téléphone plusieurs minutes. Jusqu'à arrivé à quelque chose d'acceptable.
"Bonjour Thomas,
Je pense que vous vous doutez déjà de ma réponse mais je ne vais pas bien. Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne sors plus, préférant resté seul chez moi. Et visiblement vous êtes le seul que cela semble inquiéter un temps soit peu. Même mes amis ne s'en inquiète pas ..
Il paraît qu'il est plus facile de parler avec des inconnus, je vais donc tout vous raconter. Il y a une semaine, j'ai perdu des êtres qui comptaient beaucoup pour moi. Mes parents sont morts dans un accident de voiture. Au début j'ai pensé que j'y survivrais, que je pouvais reprendre ma vie là où je l'avais laissée. Sauf que j'ai vite défailli. La douleur de leur perte était tellement forte que je me suis retrouvé comme je le suis maintenant. Faible et pleurant jour et nuit. Mais la douleur ne faiblissait pas. J'ai donc essayé de 'vaincre la douleur par la douleur' et j'ai commencé à me mutilé le bras gauche. Et à mon grand étonnement ça a fonctionné. Je ne ressentais plus la douleur d'avoir perdu mes parents. Encore aujourd'hui, je me suis mutilé le bras gauche. Et la douleur de mes plaies a de nouveau remplacé celle de la mort de mes parents. Ce n'est pas une solution je le sais bien mais c'est la seule que j'ai trouvé. C'est la seule qui me soulage en me faisant plus mal. C'est la seule qui m'aide. Je ne me considère même plus comme étant digne de ce que j'étais avant, digne de me représenter devant vous les viewers. J'ai perdu ma fierté en commençant à me mutilé. Je me perds moi-même dans ce tourbillon de douleur. Je n'ai plus l'impression de vivre, mais de subir ce quotidien.
Aymeric"

Un mal pour un bienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant