Chapitre 1: La Proposition. (Réécrit.)

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Elenna demeurait subjuguée par toutes ces étendues de plaines à perte de vue. Pour la première fois de son existence, le monde lui paraissait si grand et elle se sentait si insignifiante face à son immensité. Au loin, des hordes de chevaux sauvages galopaient à vive allure, semblant faire la course avec le vent. Elle était fascinée par la beauté de ce monde qu'elle n'avait pas daigné découvrir en plus d'un siècle d'existence. Avant son départ, elle n'avait jamais quitté la Lothorien et l'orée protectrice de ses bois. Aujourd'hui, elle se demandait par quel moyen elle avait pu se contenter de ce qu'elle appellerait désormais une demi-vie recluse, alors que l'étendue des terres d'Arda ne demandait qu'à être foulées. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu'elle chevauchait en compagnie d'une délégation d'elfes combattants envoyée à Fondcombe sous les ordres du Seigneur Celeborn. La jeune elfe ignorait tout du motif de leur excursion, et ne se montrait pas très curieuse.

Elle était murée dans un silence presque total depuis le début du voyage. Pour cause, l'attitude de ses compagnons de route l'agaçait au plus au point. Elenna était la pupille de Galadriel et Celeborn, elle avait d'ailleurs une place au sein de leur propre demeure et était de ce fait, l'une des personnalités très respectables de la Lorien. La jeune elfe n'avait fréquenté au cours de son existence que très peu d'elfes, dont Haldir qui avait été son maître d'armes pendant plusieurs décennies. Son statut de pupille ainsi que la volonté de Galadriel de la maintenir à l'écart de la communauté et du monde n'avait fait que renforcer l'image mythique et mystérieuse qu'elle renvoyait à son peuple. Ainsi, à chaque apparition publique qu'elle faisait, les elfes changeaient d'attitude et lui démontraient beaucoup de respect. Seulement, ce comportement qu'elle condamnait bien plus qu'elle ne l'appréciait n'a fait que renforcer le sentiment de solitude qui lui avait toujours étreint le cœur. A son plus grand désespoir, les autres cavaliers agissaient de la même manière à son égard et cela la rendait amère, à tel point qu'elle en devenait désagréable. C'était également pour cela qu'elle avait décidé de partir, le monde n'était pas au fait de son existence et la traiterait donc comme une elfe normale. Et c'est d'ailleurs ce qu'elle était. 

Heureusement pour elle, l'un de ses rares amis faisait également partie du voyage et lui tenait compagnie de temps à autre. Il s'appelait Aradan et avait seulement sept ans de plus qu'elle. Il se sont rencontrés au cours des entraînements dispensés par Haldir et le jeune elfe était désormais ce qu'il pouvait le plus se rapprocher d'un meilleur ami pour la jeune elfe. Il chevauchait à la fin du cortège et Elenna se tournait de temps en temps pour lui sourire, de l'autre bout de la file. Aradan avait fière allure, il était grand et élancé et arborait de magnifiques cheveux blonds qu'il réunissait en une longue tresse qui arrivait au milieu de son dos. Il avait des traits fins qui lui conféraient un certain côté féminin, comme beaucoup d'elfes.

C'est lorsque le soleil commença à décliner progressivement que le groupe fit une halte pour monter le camp. Comme à son habitude, Elenna, qui n'avait guère envie de souffrir de l'attitude pompeuse des autres elfes s'isola dans un coin. Elle s'adossa à un arbre tandis que la discussion qu'elle avait eu avec la dame de Lorien avant son départ lui revint en tête.

Escortée par deux gardes, Elenna circulait dans divers galeries avant d'arriver au pied d'un arbre immense qu'elle reconnut évidemment, la demeure de Galadriel et Celeborn, autrefois la sienne également. Elle entreprit de monter les escaliers aériens aux rambardes finement sculptées à même le bois avant de s'arrêter devant la porte d'une salle qui lui était plus que familière. Elle se trouvait devant la pièce de Galadriel, celle dans laquelle elle gardait son miroir et pratiquait la magie. Elle fit signe aux gardes de ne pas la suivre plus loin et pénétra dans la pièce. Elle ne fut pas surprise d'apercevoir immédiatement dans son champ de vision la Dame de  Lothlorien. Elle arborait un air impassible en la voyant entrer, ses longs cheveux d'un blond presque blanc encadraient parfaitement son visage parfait. La beauté de sa mère adoptive était indescriptible et lui conférait une dimension divine. Une telle beauté n'avait pu qu'être dessinée par les Valar eux même. Elenna l'avait toujours admirée, la sorcière était un modèle pour elle et la force d'esprit dont elle faisait preuve l'avait toujours profondément marquée. D'apparence, la Dame de Lorien semblait très jeune, mais lorsque nous plongions dans les méandres de son regard, nous pouvions apercevoir le poids des Ages qu'elle avait traversé ainsi que la profondeur de la sagesse acquise après nombres d'années et d'épreuves endurées.

L'Envoyée des Étoiles - Livre I (LOTR) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant