Sébastien

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Je ne pensais pas récolter autant de réponses en si peu de temps. Il y a eu pas mal de tri à faire, mais en général, on peut ressentir un certain mal-être chez toutes ces personnes. J'ai réussi à avoir une salle par le biais de la mairie, le lundi à 20 heures. C'est ce soir. On va déjà voir comment se passe la première séance et j'aviserai ensuite.

— Alors, ça s'est fini comment ? me surprend Joaquim en se penchant sur mon bureau.

De quoi il me parle ?

— Toi et le boulet qui s'est étalé dans le bar ?

Pour résumer, elle a failli me gerber dessus. Du coup je l'ai raccompagné chez elle. Elle m'a sucé. J'ai taché ma chemise et je suis rentré.

— Super !

Il ouvre ses yeux comme pour me dire quelque chose d'une importance capitale.

— T'as pas le droit de me dire que ça. Tu te l'es faite ?

Se faire une fille ?

Bizarre comme expression.

Faire comme créer ? Préparer ?

Ça n'a décidément aucun sens.

— Non.

— Ah bon, souffle-t-il visiblement déçu en repartant vers son bureau.

Je me demande le besoin qu'il a d'être au courant. Il se sentira mieux de savoir que cette fille m'a sucé avant que je ne la prenne sauvagement en levrette ?

La levrette est bien sûr en trop dans l'équation. Et le sauvagement n'en parlons pas. Comment peut-on être sauvage avec une bite de 4 cm ? C'est un peu comme si Adriana Karembeu se tapait Passe-Partout. Il y a des choses qui sont compliquées à assembler. Sauvage et micropenis en font partie.

Je me demande si ce soir je vais devoir réaliser un discours d'accueil.

Forcément.

Il va falloir que je sache à peu près quoi dire. Je ne vais pas pouvoir lancer en tendant mon verre:

« À tous les dégénérés des organes génitaux. Santé »

« Mes chers amis... »

C'est naze.

Avoir les mêmes tares ne fait pas de nous des amis.

« Je vous ai compris. »

Je ne vais jamais y arriver.

Une sonnerie me prévient d'un nouveau mail.

« Bonjour,

merci pour toutes ces informations. Je ne suis pas encore sûre de pouvoir venir.

À bientôt peut-être.

BigPussy »

Je souris.

J'espère qu'elle trouvera le courage de venir. Je me dis que plus on sera nombreux, plus on se sentira dans une certaine normalité. Même si ça restera bien sûr un leurre. Nous ne serons jamais normaux. Nous serons toujours des marginaux du sexe et même si cette réunion pourra nous combler sur un certain point, nous ne pourrons jamais changer cela.

***

J'y suis.

Je suis arrivé plus tôt pour être sûr d'être le premier. Je suis stressé alors je transpire. Je transpire alors ça me fait stresser. Un cycle sans fin. Je porte une chemise à carreaux, mais le blanc vire déjà au transparent.

Le Cercle Anonyme Des Supers-Héros Sexuels.**hors normesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant