Chapitre 20

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💙

Mon père fait les cent pas de gauche à droite de la pièce et je le regarde lassé de sa scène. Je souffle en rejetant la tête en arrière.

-C'est bon, on a des contacts, je me chargerais de ça.

-Non, j'ai des contacts. Toi, tu as une autre sorte de carnet d'adresses.

Mon père me regarde avec mépris et je regarde une fois encore le site internet qui relate les faits avec des photos pour illustrer la soirée d'hier. Je préfère ne pas relever sa remarque. Fut un temps où c'était vrai.

-Très bien, alors fait le nécessaire pour nous débarrasser de ça.

Je suis un peu vexé qu'il pense encore qu'il a tout fait pour cette entreprise. Cela fait quatre ans que je la dirige et il n'aurait pas ce carnet d'adresses si je n'avais pas été là.

-La question n'est pas là, tu le sais très bien. Je ne veux plus avoir à réparer tes conneries, Castiel. Je croyais que ce temps-là était révolu. Je pensais que nous étions reparti sur de bonne base depuis L.A.

Je me tends un peu lorsqu'il évoque le voyage étant donné ce que j'ai appris, il ferait mieux de s'arrêter ici avant que je ne le remette à sa place. J'aimerais bien entendre ses explications sur tout ça.

-Ce temps est révolu. C'était juste une incartade.

-Provoquer par cette fille. Si elle pose trop de problèmes alors tu devras la virer, Castiel. Pour l'entreprise.

-Hors de question que je la vire, c'est l'élément le plus brillant que nous ayons. À vrai dire, je voulais même lui proposer de diriger l'une de nos futures filiales.

-Tu es fou ! Nous ne la connaissons même pas. Tu devrais prendre quelqu'un avec de l'expérience. Si tu continues à laisser tes sentiments obscurcir ton jugement, je devrais te retirer de tes fonctions.

Une allumette se craque en moi. Il a toujours fait ça, c'est pour ça qu'il me cache les agissements de Lilou, il pense que cela me déconcentre. Aujourd'hui il pense qu'il en est de même pour Bethany, mais s'il pense que le chantage va me faire réagir, il se foire.

-Arrête de faire tant de cérémonie et soit plus clair dans tes paroles. Que se soit franc au moins.

-Je te retirais l'entreprise.

C'est pile ce que j'attendais. Il pense pouvoir me piéger, mais en vérité le piège va se refermer sur lui-même. Je me lève et fais le tour de mon bureau pour me mettre face à lui.

-Oh non, tu ne le feras pas. Tu me prépares à cela depuis toujours, sans moi plus rien n'existerait. Il n'y aurait pas de suite et tu mourrais plutôt que de laisser l'entreprise à quelqu'un qui n'est pas de la famille. Et toi et moi on sait que tu ne pourras pas la diriger vu ce qu'il te reste de vie. Tu es obligé de me garder alors fait avec.

-Mais je ne suis pas obligé de la garder elle. Tu sais bien que si je veux je peux la virer et tu sais qu'il faut obligatoirement ma signature pour la promouvoir au poste que tu veux pour elle. Je ne peux rien faire sans toi, mais pour le moment toi non plus. Tu ne peux rien faire sans moi.

Il cherche un point d'accroche, comme un grappin pour voir où son chantage pourrait prendre prise et il vise juste. Bethany est mon point faible. Pourtant, je peux être assez fort pour nous deux. S'il veut du chantage en voilà :

-Si tu la vires, je pars.

Pourquoi perdre mon temps à lui cacher la vérité ? Autant m'en servir.

-Je le savais.

Mon père sourit avec mesquinerie et je tente de ne pas montrer la moindre émotion. L'indifférence est ce qu'il y a de pire parce qu'il ne permet pas de toucher l'autre, mais de vous toucher vous. C'est comme la lumière qui filtre sur un miroir, elle est aussitôt détourné, redirigé. C'est le même principe qu'un boomerang.

Je ne suis pas préparé [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant