Je ne suis pas préparé [ Terminée ]

Chapitre 12

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Je ne cesse de jeter des coups d'œil vers l'horloge en soufflant fortement pour essayer d'amenuiser ma nervosité croissante. Trois jours que l'on ne s'est pas vus. Je sais qu'elle va venir aujourd'hui. Elle doit venir. Je suis en colère contre elle pour ce que l'on s'est dit à Milan et aujourd'hui je dois mettre mon plan à exécution. Elle veut me voir méchant alors je le serais. Le seul truc c'est que j'angoisse de plus en plus de le faire. J'ai peur de ne pas avoir la force nécessaire, que dès que je la verrais, il en sera fini de moi et de mon plan.

J'entends trois petits coups à ma porte et je peux parier que c'est elle. Pris de panique, je me lève d'abord de mon bureau et je remets mon costume en place. Après ça, je me rassois et tente de trouver une bonne position et finalement je me dis qu'être le plus naturel sera encore pire pour elle. Je m'installe alors comme j'étais au départ et je l'invite à entrer.

Joyeuse, elle entre dans mon bureau et vient à pas léger jusqu'à moi. Je me surprends à la voir encore en jupe en cette saison. Elle est rayonnante et vu le temps nuageux dehors, je peux considérer qu'elle est le soleil de Paris. Bizarrement, deux sentiments se mélangent en moi quand je la vois aussi épanouie. L'amertume et l'apaisement. Son putain de bonheur est contagieux et je pourrais presque réussir à la prendre en pitié pour arrêter mon idée. Pourtant, je lui ai déjà dit : je n'ai ni compassion ni pitié. Je suis amer aussi, de voir que pour elle, tout va bien. Que tout ce qu'on s'est dit n'a rien changer, mais c'est le cas. Tout à changer et c'est le moment où je lui fais comprendre.

-J'ai une mission spéciale pour vous...vous allez sur le terrain pour accompagner mademoiselle Lacombe. Vous devrez être à sa disposition jusqu'à mercredi après ça nous verrons votre prochain boulot.

Je la vois se tendre devant moi alors que je continue mon travail sans lui accorder un regard. Elle se décompose devant mes yeux. Elle sait qui c'est. Élisa Lacombe est une rédactrice connue pour ses manipulations et ses magouilles qui lui permettent de faire d'excellents articles. C'est une pro, mais surtout une peau de vache. Tout le monde la déteste, dans tous les milieux. Alors que Bethany devienne son assistante va être la pire chose pour elle. Je lui avais préparé cette petite surprise depuis notre retour. La confier à d'autres et l'éloigner du bureau ne peut être que bénéfique pour moi.

-Vous êtes sûr ? Voyant le regard noir que je lui lance, elle tente de se reprendre. Je veux dire, je ne voudrais pas la déranger ou la ralentir dans son travail...

-Elle est déjà prévenue. Vous pouvez y aller.

Ce que j'ai oublié d'ajouter c'est qu'elle est prévenue et pas du tout enchantée par cela. Bien sûr, vu qu'elle travaille pour moi, elle va devoir faire avec. Il est sûr qu'elle va passer ses nerfs sur Bethany et j'ai hâte de voir laquelle des deux va craquer en premier et venir se plaindre. Voyant que je n'ai aucune réaction ou plutôt que j'ai récupéré mon air impassible de grand et méchant patron, oui j'ai enfin retrouvé mon rôle. Elle s'approche plus doucement.

-Y a-t-il un problème ?

Sérieusement ? Elle pensait que ça allait passer et que je ne dirais rien. Elle cherche tout ça, elle mérite ce que je fais.

-Aucun. Vous pouvez vous occuper de vos affaires.

Je suis dur. Je le sais à l'expression qu'elle a en ce moment. Son sourire a disparu et une grimace s'affiche sur son visage. Je dois bien dire que j'ai une petite satisfaction à voir que j'ai décollé cet énorme sourire banane de ses lèvres. Elle ne bouge pas. Elle doit être trop surprise, mais elle va devoir s'y habituer. La voir immobile me mets de plus en plus mal à l'aise. C'est comme si je pouvais voir sa déception se propager lentement en elle et la voir évoluer. Il faut qu'elle parte avant que je ne lâche et me rétracte.