Chapitre 22

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Une fois pied-à-terre à l'aéroport de Puerto Princessa. J'ai alpagué un tricycle en demandant la destination du premier hôtel dans la ville. D'après ce que j'ai entendu dire le nom des Browlling était très entendu sur l'île de Palawan. Je demande au chauffeur de m'amener au premier hôtel sur la route. Quelqu'un saura m'indiquer où se trouve l'affaire Browlling. Au premier hôtel, je ne perds pas de temps et entre pour demander mon nom. Le jeune homme en face de moi me regarde avec un air méprisant quand je lui demande, je crois que la concurrence se fait rude. Il m'indique tout de même où trouver ma sœur ou du moins son hôtel. Je passe rapidement au distributeur de billets et je repars.

Direction le Nord de l'île de Palawan pour El Nido dans la baie de Bacuit. J'ai dû laisser le tricycle au profit d'un trajet en van. Installé tout à l'avant, la chaleur est étouffante malgré l'air conditionné, les passagers nombreux et le paysage luxuriant. Je regarde à ma gauche : un couple de touristes apparemment en lune de miel. L'homme est appuyé contre la vitre, ce qui a permis à sa femme de s'appuyer contre lui. Tous deux gloussent en regardant leur alliance. J'ai envie de leur dire "profitez, ça ne va pas durer" mais qui suis-je pour détruire le bonheur des autres ? Pour savoir si ça ne va pas marcher pour eux ? Je suis maudit, pas les autres. Ne voulant pas m'infliger ce spectacle, je détourne mon regard vers ce qui semble être la route. En mauvais état, des craquelures la jonchent, la végétation pousse dans le sol et reprend ses droits. Nous sommes ballotés de tous les côtés et se pour cinq heures de trajet. J'espère vraiment trouver ma sœur là-bas.

Je colle ma tête contre la vitre tâchée par des traces de gouttes de pluie sèches qui m'empêche de voir correctement le décor et je souffle en serrant ma veste dans mes mains. Je ne me suis pas changé depuis la veille. Je ne suis qu'en chemise blanche qui me colle à la peau à cause de ma transpiration. J'ai remonté mes manches jusqu'aux coudes et je lâche un regard à l'heure de ma montre. Je désespère en voyant qu'il me reste trois heures de route. Le temps passe extrêmement lentement et le fait de voir toujours la même route cabossée me donne l'impression de faire du surplace.

-Alors c'est quoi votre histoire ?

Je tourne la tête vers le chauffeur qui parle au couple à ma gauche. Les deux tourtereaux se regardent avec tendresse et la femme explique :

-C'était il y a sept ans à Singapour. J'habitais là-bas depuis toujours et lui est venu en voyage avec des amis. J'étais une simple fille qui s'était fait voler son sac et il est venu à mon secours. Après que nos regards se soient croisés, je savais que se serait lui....il est repartit et nous avons correspondu pendant deux ans par lettre, comme à l'ancienne.

Le chauffeur incline légèrement la tête pour acquiescer et je m'intéresse à leur histoire. C'est beau, une correspondance de deux ans loin l'un de l'autre. Pourrais-je le faire moi ? Pourrions-nous avec Bethany ? Alors que je réfléchis à ces hypothèses, son mari reprend.

-Puis j'en ai eu marre, elle me manquait. La distance devenait invivable alors j'ai tout plaqué pour la rejoindre. Mes amis m'ont dit que j'étais fou, ma famille me soutenait et je me suis installé là-bas. Je l'ai retrouvé et nous avons fait notre vie ensemble. Puis je l'ai demandé en mariage. Pour nous, c'était l'accomplissement, l'aboutissement de toutes ces années.

Je hausse les sourcils surpris, cet homme a tout laissé derrière lui. Serais-je capable de le faire ? Cet homme ne doit pas avoir les mêmes responsabilités que moi. Puis-je abandonner ma famille au profit de l'amour ? Oublier le travail pour une histoire ? Je vois le couple se réinstaller contre la vitre et reprendre leur mièvrerie.

-Et vous ? un homme solitaire ici on en voit souvent, mais les raisons sont toujours différentes et étonnantes. Prison, amour, fuite ?

Je tourne ma tête vers le conducteur qui me regarde un instant et je vois que le couple s'est arrêté de glousser pour écouter mon récit avec des yeux remplis d'une lueur brillante. Je baisse la tête et sers un peu plus ma veste avant de revoir tout le fil de notre histoire.

Je ne suis pas préparé [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant