Chapitre 13

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Il était 20h et il faisait déjà nuit noire dans le 15 arrondissement de Paris. Un vent frais fouettait mes jambes nues et je me maudissais intérieurement de ne pas avoir mis de collants.

Je vérifiai sur mon portable et tapai le code pour ouvrir la porte. Ouf, c'était le bon, Alpha ne s'était pas moqué de moi. Je gravis les marches avec difficulté en pestant contre moi même pour ce choix de tenue.

J'arrivai enfin devant l'appartement 11, comme Alpha me l'avait dit. Je pris une grande inspiration et sonnai. Mon coeur battait fort et je ne savais pas vraiment si c'était à cause des 3 étages que je venais de monter perchée sur des talons de 15 cm ou à cause de la peur qu'il refuse.

La porte s'ouvrit et me sortit de mes pensées. Ken me regarda lentement de haut en bas et je devinai une certaine envie dans ses yeux. Mais lorsqu'il releva la tête, il n'avait vraiment pas l'air content.

Je faillis faire demi-tour immédiatement et prétendre ensuite de m'être trompée de porte, mais plus je réfléchissais et plus cette idée me paraissait stupide. Alors je rassemblai le peu de courage que j'avais réussi à reprendre cet après-midi et lui adressai un sourire qui se voulait convainquant.

-Avant que tu dises non, il faut que tu m'écoutes alors ne me coupe pas s'il te plait, lui demandai-je. Je sais que ce qu'il s'est passé ce matin était vraiment horrible et sûrement humiliant pour toi mais, j'ai vraiment besoin de toi. Ecoute, Charly mon maitre de stage a réussi à m'arranger une seconde chance de présenter mon projet amélioré auprès du directeur marketing. C'est ce soir, lors d'une soirée de ma boite. Mais je ne peux pas le faire toute seule, j'ai besoin de toi. Ken tu es un artiste ultra doué et je suis certaine que si tu arrives à faire bonne impression ce soir à mes côtés, on peut décrocher ce contrat. C'est la chance de ma vie Ken. Je t'en supplie, je te le demande sincèrement. Aide moi ce soir.

Il me regardait sans expression aucune sur son visage. Il avait le regard froid, dur. Je ne l'avais jamais vu comme ça.

-Ok, je vais me changer, lâcha-t-il avant de s'enfoncer vers un couloir.

Etonnée, je me permis de rentrer et refermai la porte derrière moi. Je n'étais jamais venue chez lui, c'était un appartement très simple, pas très grand avec de nombreuses étagères remplies de livres, de mangas ou de figurines. C'était un peu comme réaliser un rêve d'ado, j'avais tant de fois imaginé son appartement lorsque je lisais des fanfictions et là je faisais partie de ma propre fanfiction.

Perdue dans mes pensées je regardais les divers livres et mangas posés un peu partout.

-On y va?

Je sursautai et me retournai vivement. Ken se tenait devant moi, habillé d'un simple tee-shirt noir et d'une veste en cuir, il était parfait. Classe mais fidèle à lui même. Je le trouvai beau et j'eu du mal à détacher mon regard de lui.

J'aperçus son sourire en coin avant qu'il ne se retourne pour ouvrir la porte. Je m'avançai et passai devant lui. Arrivée dans la rue, le froid me frappa à nouveau et je lâchai un juron. Ken ricana et je lui lançai un regard qui se voulait méchant.

-T'es pas crédible miss 1995.

Je baissai les yeux et souris. Il me faisait beaucoup trop d'effet, et ce n'était pas le moment, je devais rester concentrée.

Le taxi nous déposa devant l'entrée du club et je m'approchai du videur pour qu'il vérifie nos noms sur la liste.

-Oh Nekfeu! Qu'est-ce que tu fais là? T'es venu voir Hugz?, interpela le videur.

-Salut mec, dit le concerné en s'approchant pour le checker. Nan je savais pas qu'il mixait, j'accompagne juste une copine.

-D'accord, passez une bonne soirée alors, dit le videur en nous ouvrant le cordon rouge.

Je lui souris puis pénétrai dans la boîte.

Il y avait beaucoup de monde et bien plus d'ambiance que ce que j'avais imaginé. Ca allait être plus compliqué que prévu de parler calmement au directeur.

Ken me quitta pour aller saluer son ami qui mixait. Je ne comprenais pas vraiment ce qu'un DJ comme lui faisait dans une soirée comme celle de ma boite. Alors que j'étais perdue dans mes pensées, quelqu'un m'attrapa le bras.

-Anaïs, enfin! Je te cherche depuis 20 minutes!, s'exclama Charly.

-Je viens juste d'arriver, excuse moi j'ai eu... euh... un contre temps, m'excusai-je en lançant un regard à Ken.

-Tu as vu qui j'ai fait venir?

-Hugz? C'est toi qui l'a engagé?, lui demandai-je étonnée.

-Oui, je me suis dit que ça pouvait être un atout pour notre plan, me dit-il avec un clin d'oeil.

-C'est génial, merci Charly, lui dis-je touchée.

-Allez viens, il faut que l'on trouve le directeur.

Je le suivis dans la boite de nuit en essayant de ne pas le perdre. Lorsqu'il s'arrêta, je reconnu l'égérie de la marque en grande discussion avec le directeur marketing qui affichait un sourire béat. Tu m'étonnes avec la bonnasse qu'il a devant lui, me dis-je à moi même.

Charly engagea la conversation avec le directeur et me lança un regard pour m'encourager à prendre la parole. J'ouvris la bouche mais rien n'en sortit. J'étais pétrifiée, je ne savais pas quoi dire et tous me regardait en attendant quelque chose.

C'est alors que je reconnu les premières notes de La danse de l'homme saoul qui retentissait dans la boite. Tous détournèrent leur regard vers la scène et l'égérie poussa un cri suraiguë avant de se précipiter vers les rappeurs. Le directeur, interloqué, s'empressa de suivre le mannequin. Charly me regarda avec un sourire et me pris par la main pour aller vers la scène.

Ils étaient tous là: Framal, Mekra, 2Zer et Ken. Ken, que je regardai avec ce même regard de fan que j'avais lorsqu'il était sur scène. A ce moment précis, je n'était même plus capable de chanter les paroles que je connaissais pourtant par coeur. Je jetai un coup d'oeil vers le directeur qui se déhanchait aux côtés de l'égérie.

Ca a marché, putain, ça a marché. Il aime ça!

Un sourire se dessina sur mon visage et je tournai la tête vers Charly qui me regardait intensément, heureux que son plan ait fonctionné. Je me jetai alors à son cou, trop heureuse et reconnaissante de ce qu'il venait de faire.

Quand je redirigeai mon regard vers la scène, je surpris le regard de Ken sur moi. Il n'avait plus l'étincelle qui était dans ses yeux depuis que nous étions arrivés. Son regard était redevenu froid, dur. Il se détourna vers l'égérie qui le dévorait littéralement des yeux et un sourire mesquin se forma sur le coin de ses lèvres.

Il me lança alors un dernier regard avant de s'approcher de la mannequin, qui applaudissait beaucoup trop, et de la faire monter scène.

Mais à quoi joue-t-il ?


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