Chapitre 15

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Bien trop préoccupée par la réunion du lendemain je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Mais je me levai tout de même à l'heure et me préparai en tentant de cacher le mieux possible les marques sous mes yeux de ma folle nuit blanche.

Je regardai mon portable pendant que je buvais mon café: toujours pas de nouvelles de Ken. Je ne savais pas si il allait venir et ça me rendait d'autant plus anxieuse.

Allez Anaïs tu peux le faire, avec ou sans lui! En plus de ça, il n'y a pas de raison pour que ça se passe mal! 

Oui, le directeur a adoré le S-Crew à la soirée et je suis certaine que l'égérie a fini par le convaincre. Il faudra que je la remercie quand même, même si elle a un peu trop collé Ken l'autre soir. 

Non, Anaïs ne pense pas à lui! Concentre toi sur le projet et pas sur ses jolis yeux marrons!

Déterminée et presque pas en retard je me mis en chemin en m'empêchant de réfléchir plus. Charly m'accueillit avec une grande accolade et m'adressa un sourire confiant avec un clin d'oeil avant de m'escorter jusqu'à la salle de réunion où le directeur nous attendait déjà surement.

En effet, il était déjà installé mais il n'était pas seul. Ken était là aussi, en grande discussion avec ce dernier et sa secrétaire qui avait déjà les joues rose pivoine.

Je me stoppai à la porte, ebétée. Il était venu par lui même? Mon coeur se réchauffa et un sourire illumina alors mon visage, Ken le remarqua et me lança un regard mesquin accompagné de son éternel sourire qui voulait tout dire. Je ne compris pas vraiment son attitude mais n'en fit pas cas.

Je m'avançai vers le directeur qui paraissait de bonne humeur et lui serrai la main, je fis de même avec sa secrétaire et revint me placer devant la petite assemblée.

J'ouvris la bouche pour débuter ma présentation mais le directeur me stoppa d'un geste et se leva. Je lançai un regard affolé à Charly qui paraissait serein comme à son habitude. Ken n'avait pas quitté son sourire en coin et quelque chose dans son regard m'inquiétait de plus en plus.

-Charly, Mlle Enera, M.Samaras. Suite à la petite fête de vendredi, j'ai murement réfléchi avec notre très estimée égérie et je suis revenu sur ma décision qui était peut-être un peu hâtive.

La secrétaire avait le sourire jusqu'aux oreilles, mais moi je n'arrivais pas à être tranquille. Ken avait toujours ce regard et j'avais un très mauvais pressentiment.

-C'est pourquoi, M.Samaras, nous vous proposons un contrat en partenariat avec notre marque. Cela comprend un « show » pendant l'un de nos défilés coorganisé par Mlle Enera et son maitre de stage ici présent. Vous recevrez également gratuitement des produits de notre marque que vous pouvez porter afin de montrer notre marque à votre public. Cela convient-il à tout le monde?

Charly fut le premier à approuver, il me lança un regard pour que j'approuve à mon tour mais je ne pouvait pas prononcer un mot alors je me contentai d'hocher la tete avec un léger sourire.

-Parfait, Monsieur Samaras?, interrogea le directeur.

Mon regard se fixa sur le concerné, mon mauvais presentiment ne m'avait pas quitté. Alors je regardai anxieusement Ken se lever et prendre une grande inspiration.

-Non merci, dit-il simplement.

Tout le monde était bouché bée. Moi la première. Mais à quoi il joue putain?!

-Je vous demande pardon?, le reprit le directeur.

-Merci pour votre contrat mais je n'en veux pas. J'ai monté ma propre marque, expliqua le rappeur.

Il se leva et se dirigea vers la porte. Il ne m'adressa pas un seul regard, sinon il aurait pu voir mon visage petit à petit se décomposer. Juste avant de franchir la porte, il s'arrêta, se tourna vers nous, croisa mon regard, souri de plus belle puis s'adressa au directeur:

-Oh, et rappelez moi de rappeler votre égérie. Je ne voudrai pas faire apparaitre de traces de mascara sur son beau visage.

Puis il sortit la tête haute, son petit sourire toujours fixé au coin des lèvres.

La terre s'était arrêtée de tourner aux paroles de Ken. Je ne comprenais plus ce qu'il se passait autour de moi, ma vue se brouilla.

J'entendis le directeur ultra vexé qui menaçait je ne sais qui et Charly tentant de le calmer.

Une porte claqua, puis le calme fut. Je sentis une main se poser sur mon épaule. C'en était trop, une larme coula lentement puis une autre et je ne pus contenir le flot qui vint après.

Charly me prit dans ses bras, il tentait de me dire des paroles réconfortantes mais rien n'arrivait à me calmer.

J'étais déçue, extrêmement déçue. Ca faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ça et cette sensation qui revenait faisait remonter des souvenirs douloureux qui alimentaient le flot de larmes sortant de mes yeux.

Pourquoi Ken avait-il fait ça? J'avais cru des choses et encore une fois on m'avait prise pour une conne. Mon coeur se serra et je m'enfoui encore un peu plus dans les bras réconfortant de mon maitre de stage. 

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