Chapitre 4

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J'abrège le reste de la matinée. J'étais choquée et la petite demi-heure de récupération gentiment consentie par mon très cher patron à mon égard, ne fut bien entendu pas suffisante pour me remettre de mes émotions. Impossible de se concentrer et de prêter une attention soutenue aux demandes des autres clients qui vinrent ce matin là. Heureusement pour moi, il y en eut peu. De plus, je subis l'interrogatoire discret de ma collègue qui voulait à tout prix savoir ce qui s'était passé dans le vestiaire. Le fait d'en ressortir avec un foulard autour du cou, chose que je n'avais pas en y rentrant ne fit que renforcer ses soupçons sur le caractère glauque du cinglé que je venais de servir. Je réussis tant bien que mal à éteindre ses suspicions. Je ne savais pas comment aborder la chose ni surtout comment expliquer ce qui se passait dans ma tête et dans mon corps. J'étais à la fois meurtrie, violée dans mon intimité et en même temps complètement excitée par ce 1er contact physique très sensuel malgré tout.

Et ces mots ... « Tu m'appartiens. » Je n'arrêtais pas de me ressasser la scène dans ma tête pour essayer de comprendre toute leur portée, s'il y en avait une. Et puis qui c'était ce type ? J'ai demandé à mon patron des informations supplémentaires à son sujet, mais il m'a juste dit que c'était un monsieur très puissant mais pas connu du grand public. Bref, ça ne m'avançait guère. Même de rapides recherches internet n'avaient rien donné ...

J'espérais que mon arrivée à l'Hôtel allait me permettre de définitivement oublier ce personnage quand même bizarre et incommodant. Même s'il était séduisant et qu'il embrassait divinement bien, c'était ni plus ni moins un violeur, tout au moins un connard.

L'ambiance habituellement calme et feutrée n'était là aussi pas de la partie. Le patron de l'Hôtel était stressé et surtout, présent pour organiser les équipes et les diriger en vue d'un évènement particulier qui apparemment allait se dérouler ici dans la soirée.

Je m'enquis de la chose auprès d'un de mes collègues, qui me répondit rapidement :

« - T'es pas encore au courant ? Une pointure a réservé la suite présidentielle du dernier étage pour un diner d'affaire au sommet. Et quand je dis pointure ... regarde comment il est stressé le boss. Tu l'as déjà vu dans cet état là et en plus venir manager directement les équipes ? »

Oui, mon collègue avait raison.

Ce n'est quand même pas un dirigeant d'un pays qui vient chez nous au dernier moment ?

Bon, de toute façon, ça ne me regardait pas, vu que j'étais de service au restaurant. J'ai enfilé mon uniforme rapidement dans le vestiaire pour femme et me suis présenté au Maitre d'Hôtel pour voir quelle table il m'assignait.

Mais aussitôt arrivée devant lui, qu'il me renvoyait vers le patron de toute urgence.

« - Emily, je veux que tu ailles assurer le service dans la Suite Présidentielle ce soir.

- Mais monsieur, je ne suis pas formée pour assurer le service dans les chambres ...

- Fais ce que je te dis et ne discute pas, tu es tout à fait apte pour. Et grouille, qu'ils n'attendent pas, ils viennent d'arriver ! »

Hé bin, cette journée était vraiment spéciale ... Tout à fait le genre de journée où le fait de se casser une jambe ou se tordre la cheville avant d'aller au boulot était au final une bénédiction.

Et me voilà en train de prendre l'ascenseur de service pour me rendre à la Suite Présidentielle, une certaine quantité de menus spéciaux sous le bras et de taper à la porte pour que l'on m'y introduise.

Un collègue m'ouvrit, m'y fit rentrer et me laissa seul avec les clients qui étaient en train de prendre un verre au salon. Je m'avançais pour distribuer les menus quand j'entendis une voix masculine dans mon dos qui me fila aussitôt la chair de poule. Non ! Ce n'était pas possible, pas lui ! Pas encore lui !

Je me retournais en essayant de garder mon calme et me retrouvais nez à menton avec Monsieur Anderson en personne. Le costume qu'il venait d'acheter le matin même dans ma boutique le rendait encore plus magnifique et séduisant qu'il ne l'était déjà. Son sourire narquois aux lèvres, ses yeux sombres qui me déshabillaient extérieurement et intérieurement faillirent m'achever sur place ... Je compris instantanément qu'il était la pointure dont avait parlé mon collègue, une demi-heure plus tôt.

Allez Emily, ressaisis-toi ! Tu ne vas pas laisser ce pervers narcissique abuser une fois de plus de ta personne. Je me redressais, mue par la volonté de lui démontrer que j'étais une jeune femme digne et forte et distribuais à tous les convives le menu en le faisant passer en dernier. Je fis alors mine de l'ignorer totalement et me consacrais exclusivement à répondre aux questions de ses invités avec mon sourire le plus éclatant et le plus charmeur. Je surveillais mon prédateur du coin de l'œil et me rendis compte qu'il n'appréciait pas du tout l'attention démesurée que j'apportais à d'autres que lui. D'autant plus quand je me fendais d'un rire sonore, à l'écoute d'un bon mot de la part d'un convive tombé sous mon charme ...

La bienséance l'empêchant d'accélérer le processus, (il s'agissait apparemment d'un diner d'affaire), il patienta jusqu'à ce que je dusse prendre sa commande. Mon sourire gracieux et mes bonnes manières s'envolèrent devant lui et je lui demandais le plus froidement du monde ce qu'il désirait dîner.

Tu m'appartiens ..Où les histoires vivent. Découvrez maintenant