Il était brillant, il était beau. Dotées de tant de dextérité ses mains accomplissaient chaque geste dans une délicatesse sans égal. Il n'avait que 8 ans et était déjà promis à un avenir ampli de succès.
Il n'avait que 8 ans et pourtant n'importe quel adulte devait mobiliser toute sa concentration s'il voulait avoir une chance de comprendre ce qui passait par le cerveau brillant de ce petit génie.
Intelligent au possible, doué en n'importe quelle activité qui nécessite de la réflexion, même le sport lui réussissait. Guitare, patinage de niveau compétition, origami, échecs, mathématiques, sciences, robotique, tant d'activités qu'il pratiquait si facilement qu'il s'en lassait. Il s'occupait de ses 3 petits frères avec un doux instinct paternel. Parler à ce petit ange était d'un tel délice... Il ne connaissait pas le mal, il ne connaissait pas la douleur de ce monde perdu depuis un moment.
Son esprit agile comprenait tout ce qu'il apprenait. Il comprenait tout. Sauf la nature humaine qui pousse la société a détruire ce qu'elle a de plus précieux : le sourire d'un enfant.
Le diable était jaloux. Il ne pouvait approcher ce petit ange à l'éclat si puissant qu'il fauchait chaque ombre sur son passage. Il fallait qu'il fasse quelque chose.
Un beau jour, alors que le petit être volait à dos de son vélo vers une de ses nombreuses activités, le diable réussit à mettre la main sur lui. Le démon à l'intérieur de son char d'assaut, prit un vil plaisir à foncer sur l'enfant aux mille éclats. Le petit ange, malgré toute sa puissance, ne connaissait pas le mal. Il ne comprit pas, il n'avait jamais appris à se défier des autres. Il s'immobilisa alors, essayant de comprendre ce qu'il se passait mais son esprit brillant avait beau réfléchir, seul un mot qui lui était inconnu résonnait dans son esprit : "danger".
Quelques minutes plus tard le petit être se réveillait à l'hôpital. Son père le regardait les yeux mouillés. Pourquoi ?
Il comprit. La bouche de l'ange articula alors une phrase qu'il n'avait entendue que dans les films. Une question à la signification obscure qui ne connaissait qu'une réponse affirmative :
"Je vais... mourir?"
Son âme était trop puissante, trop belle pour un si petit corps. Aujourd'hui elle s'en est libéré et survole le monde distribuant bonté et joie sur son passage.
Le diable ne fut pas condamné. Ce monde corrompu ne sait voir le mal car le diable n'est que la personnification de cette société teintée de sang et de malheur. Le diable est cet homme conduisant le camion qui faucha cet être trop parfait. Cet homme dont les sens étaient effacés par une arme meurtrière appelée drogue. Cet homme qui roula par deux fois sur le petit corps de l'enfant dont le seul crime était l'innocence.
