Chapitre 6

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Est-ce que ça va ? J'imagine que oui. Je ne vois pas comment ça pourrait ne pas aller pour toi, vu que je me suis enfin tiré.

Au juste, ça fait quoi, presque 10 mois ? Peut-être même une année ? Un truc du genre. J'compte plus les jours, maintenant, tu sais.

Mais c'est ma faute, tu sais. Je sais que tu t'en veux, je te connais par coeur. Et je sais que tu penses à moi, parfois. Je sais que tu te dis que tu devrais m'appeler. D'ailleurs tu le faisais au début. Mais même ça, même ce petit semblant de contact, je n'ai pas réussi à le garder.

Je me demande encore pourquoi j'suis si con.

L'alcool. Toujours l'alcool, décidement.

Par contre ça, tu sais, ce n'est pas entièrement ma faute. C'est sa faute à lui, à l'alcool.

C'est sa faute car il rend dépendant. Tu vois j'dépend de lui car je dépend plus de toi. On a plus rien en commun, toi et moi. On partage plus rien.

Qu'est-ce que je regrette. Mon dieu. Je regrette tout. Tous ces moments avec toi. Même les disputes, j'arrive à les regretter, à les envier.

Qu'est-ce que j'ai pu te gueuler dessus, haha. Tu sauras jamais à quel point je m'en veux.

Tu sauras jamais à quel point je suis fou de toi.

C'est con, hein ? Mais je pourrai jamais te dire combien je t'aime.

Ouais, parce que je t'aime. J'te l'ai jamais dit, j'aurais dû, mais je t'aime à en crever ;

La preuve, j'suis en train de crever. Je suis en train de m'arracher d'ce monde pour la simple et bonne raison que t'es plus là. Que je t'ai laissé, que j'ai fuis, que je ne t'ai pas écouté.

Je pourrais crever pour toi, mais ma triste vie se résume à crever sans toi.

Tant pis, mais par contre j'finirai pas ma vie dans ces centaines de cadavres de bouteilles. J'veux quand même être original pour ma mort.

Tiens, j'pourrais t'appeler. J'pourrais t'appeler, te balancer tout ce que je ressens et ce que j'ai ressenti pour toi.

Mais j'ai pas ton numéro. Remarque, ça m'empêchera de te faire subir le son affreux de ma voix que t'as bien trop entendu.

J'avais plutôt pensé à une lettre. Certes, un peu cliché, mais tu seras pas obligé de prendre ça au sérieux. J'la signerai pas, et puis tu croiras à une mauvaise blague, quelque chose du genre. J'en sais rien...

Je ne vais pas bien. Pas bien du tout. Tu ne le vois pas, et c'est tant mieux, car c'est ce que je voulais.

Mais là, j'ai besoin que tu le saches. Je ne vais pas bien, je vais crever.

Et au point où j'en suis, je n'arriverai pas à te le dire. Je ne suis pas encore capable de venir chialer à tes pieds.

Enlève toutes les bouteilles d'alcool de l'appartement si par miracle tu me laisses revenir. Et ne me laisse plus jamais sortir d'ici.

Pardonne-moi.

L'avant-dernière phrase est ridicule, mais elle me donne un espèce d'espoir. Déjà, tu devineras tout de suite que c'est moi. 'Fin. J'espère.

Et puis ça apporte un truc désespéré en plus. C'est pas trop mal.

Désolé Orel. Vraiment.


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