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Mercredi 14 Août 2019, 37 Wall street, New-York, États-Unis.

               Des bombes, je suis sûr que ce sont des bombes. La tasse de café posée sur mon bureau tremblote légèrement. Ça ne peut-être que ça. Pendant que je tente de trouver une solution à tout ce bordel, le monde autour de moi semble s'écrouler. Je suis seul face à mon poste. Je regarde le cours des matières premières du monde entier chuter inexorablement, accompagné de celui des monnaies mondiales et de l'immobilier. La nouvelle vient de tomber. Un crack boursier suivi d'une déflagration de missiles nucléaires. 

              Les ingénieurs irakiens n'auraient pas pu mieux s'y prendre. Plonger la première puissance militaire mondiale dans le chaos en quelques minutes grâce à quelques combines sur ordinateur. Le petit génie qui a créé cette faille aurait mérité bien mieux que de travailler pour ces bourreaux extrémistes. Toujours est-il que le pays s'écroule de l'intérieur, que le siège de l'ONU ne va pas tarder à suivre et que nous ne pouvons rien faire pour arrêter cela. C'est l'ami Saddam qui serait content de voir ça. Pas même besoin d'une troisième guerre du golfe pour mettre à bat les États-Unis, un esprit précoce, un peu d'imagination, un serveur pirate et le tour est joué, voilà le système bancaire mondial qui vient de s'effondrer sous le regard abasourdi de 5 milliards de désespérés.

             Une détonation. Je viens d'entendre une détonation. Un regard par la fenêtre du building dans lequel je suis cloîtré m'indique que la ville est en panique, le chaos s'est emparé de Manhattan. Accidents de voiture, violences, la première bombe irakienne n'est pas encore tombée sur New-York que les morts doivent déjà se compter par centaines. Le monde dans lequel nous vivons coule en même temps que le cours de la bourse. Et je garde mon calme. Ma tasse à la main, je me demande combien de temps il me reste à vivre. Pas question de me rasseoir devant ce poste et de passer les derniers moments de ma vie à bidouiller sur un clavier couvert de sueur. Non, j'admire la ville, je regarde les premiers incendies se déclencher un peu partout et je me prends pour l'Empereur Néron. Je ris même. Je ris car je repense à toutes ces années d'études, à la joie qu'a pu éprouver ma famille lorsque je leur ai annoncé que j'étais embauché à la grande bourse de Wall Street. J'étais au cœur du monde.

         J'assiste désormais à sa chute depuis le premier rang.

La Fin d'un MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant