-Chapitre Quatre-

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Alexis Lucas. Si ce nom ne vous inspire pas crainte, c'est que vous n'êtes pas du coin, que vous venez d'arriver ou pire, que vous êtes un incorrigible inconscient. Officiellement, cet homme possède une grande entreprise qui gère tout types de sociétés dans le pays. Il possède sa propre tour avoisinant les cents soixante mètres de hauteur, et personne ne sait à combien s'élève réellement sa fortune. Mais officieusement, c'est un tyran, un baron de la pègre, semant la terreur, dirigent la ville sous le manteau, on prononce son nom avec peur et personne n'ose s'opposer à lui. Pour faire court, on lui mange dans la main. Et nulle ne sert de fuir, où que nous allions, il nous retrouve.

Mais tout ça Emeric l'ignore. Emeric Desmarais, c'est ce jeune homme que vous voyez déambuler dans les rues de la ville à la recherche désespérée d'un emploi. Fraîchement débarqué du Quebec, ce garçon à l'accent tranchant excelle dans l'art prohibé du hacking sous le pseudo amusant de LolipoPanda. D'ailleurs, tout le monde est persuadé que ce fameux hacker est une fille, et c'était justement le but recherché par Emeric au moment de la sélection de son pseudo. Toujours est-il qu'il a laissé tombé les ordinateurs dernièrement, et ce pour une bonne raison. En effet, il fût forcé de quitter son très cher Quebec pour venir au chevet de son père malade. De retour dans sa ville natale, celle ou il n'a passé que trois ans de sa vie, au bout desquelles sa mère quitta le pays l'embarquant avec lui, il se voit pour la toute première fois, obligé de chercher un travail, lui qui croulait sous les demandes avant...

Bref, le voilà, visitant rues après rues afin de déposer son CV à peu près partout où cela lui semble nécessaire. Des petits commerçants aux grandes entreprises, personne ne résiste au magnifique CV joliment imprimé, designer avec soin par nul autre que lui même. Personne, pas même cette grande tour de verre des industries Lucas que tout le monde semblait éviter. Au moment précis où Emeric allait justement tirer la porte, perdu dans ses pensées, on la poussa justement dans l'autre sens, ce qui eu pour résultat que le jeune homme fini les quatre fers en l'air sur le parvis de l'immeuble. Tandis que les deux hommes bourrus en costume soir et chemise blanches semblant escorter le troisième se mirent à rire discrètement dans leur barbes, le dernier, un homme d'une prestance imposante, au costard vert bouteille et à la chemise violette, lui  tendit une main amicale afin de l'aider à se relever. Emeric l'accepta humblement, et se releva non sans épousseter son costume à la location excessivement chère.

-Que cherchez-vous jeune homme.

Sans se démonter, Emeric répondit de but en blanc :

-Un emploi, avant de se reprendre, enfin, je dépose des CV un peu partout dans l'espoir d'en trouver un.

-Et dans quel domaine excellez-vous ?

-Et bien tout est écrit là, dit-il en fouillant dans son sac bandoulière à la recherche d'un de ses précieux CV, mais pour faire court, je dirais l'informatique, l'infographie et le design. Surtout l'informatique.

L'homme en face de lui chuchota alors à l'oreille d'un des deux hommes, le plus âgé. Ce dernier fit alors un signe de tête au second, et ils s'en allèrent. Emeric se retrouva donc seul, face à ce curieux personnage au costard vert.

-Suivez-moi jeune homme.

Et ils pénétrèrent tout deux l'immense tour de verre.

Emeric, en profita pour détailler l'homme qu'il suivait de près. Il devait avoir un poste important dans l'entreprise pour être accompagné de gardes du corps. Il faisait preuve d'une extravagance et d'une prestance que jamais il n'égalerait. Lui était plutôt le genre de garçon timide, celui qui observait les scènes de loin. Arborant fièrement sa taille "Tomcruisienne", il avait des cheveux noirs, constamment décoiffés, et s'il ne mettait pas ses lentilles, possédait une paires de lunettes en cul de bouteille masquant une paire d'yeux vert d'eau. Son corps de lâche, comme il s'amusait à l'appeler, ne prenait pas un gramme et ce même s'il passait tout un mois à s'empiffrer de burritos au bord d'une plage. Bref, il n'avait rien du prince charmant.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas de suite qu'il se trouvait dans un ascenseur entièrement composé de verre, et se sentit soudain très petit, tel un Charlie dans une immense usine de chocolat. C'est donc blanc comme un linge qu'Emeric quitta la cage transparente, sous le sourire presque mesquin de l'homme en vert. Ils pénétrèrent ensuite dans un bureau luxueux, spacieux, à couper le souffle. Le mystérieux homme s'assit derrière, dos aux fenêtres, et invita Emeric à s'asseoir en face de lui. Une fois installés, le plus vieux commença :

-Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe ?

-Non, effectivement, je suis Québécois, comment...

-Pour rien, passons. Vous avez dit vous y connaitre en informatique. Je cherche quelqu'un qui serait un peu comme mon Gary McKinnon, mais en moins autiste, et qui ne se fasse pas prendre. Si vous voyez ce que je veux dire...

-Je vois. Et je penses en être capable mais...

-Ne vous en faites pas pour les modalités administratives, vous serez engagé ici en tant que simple informaticien.

-Je veux bien, mais c'est quand même délicat, je veux dire, je ne sais même pas à qui j'ai affaire... et vous non plus. Engager comme ça un homme qui vous tombe dessus dans la rue, c'est dans vos habitudes, ou je suis juste un sacré petit veinard ?

-Alexis Lucas, président directeur général des industries Lucas, et disons que vous êtes chanceux, notre précédent informaticien nous a malheureusement quitté de façon... inattendue. Toujours est-il que si vous acceptez le poste, vous commencerez à compter de la semaine prochaine, monsieur ?

-Emeric, Emeric Desmarais.

-Bienvenue dans la famille Emeric.

Raiponce, Ou La Jeune Fille Du Haut De La TourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant