Il y en a trop...

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     Je me suis mentie... Je me suis voilée la face. J'avais trop peur. Beaucoup trop peur.
     Du coup... je t'ai menti aussi.
J'aurais envie de pleurer. Mais je ne peux pas. Je m'en veux tellement. J'ai du mal à me regarder droit dans les yeux. Je me dégoûte. Je me trouve hideuse et monstrueuse. Je suis une fille horrible. Je ne te mérite pas. Tu ne mérites pas de souffrir à cause de moi.
     Je me hais.
     Oui je me hais, parce que un soir je sais que je veux t'appeler et te le dire, que je t'aime. Mais la journée suivante je ressens plus rien. Comme si tout était normal. J'aurais envie que tout ça ne soit pas arrivé. Ou plutôt que ce soit toi qui m'ait dit « je t'aime » tout seul. Sans que je t'ai montré le poème. Je me sens... je ne sais pas. Je veux juste ne plus me ressentir. Je voudrais ne plus avoir toutes ces choses à l'intérieur de moi.
     Je me sens trop mal pour continuer. Mais je suis incapable de faire quoi ce que ce soit.
     Je me hais. Je voudrais m'oublier. Je voudrais que mon esprit cesse de tourner, de fonctionner. Je voudrais que toutes les questions qui tournent à l'intérieur disparaissent.
     Je voudrais... je ne sais pas non plus. En plus en ce moment tu es injoignable. Plus de portable. Pas ta faute bien sûr. Au moins je n'ai rien pour te contacter. Cela règle la question de l'appel.
     J'ai ton adresse mail, mais jamais je n'avouerais quoi que ce soit par mail ou message. Je trouve ça incorrecte. Si je dois dire quelque chose, je le dirai en face.
     On est trois à souffrir. Un triangle amoureux... pfff, moi qui pensais que cela n'arrivait que dans les romans et les films... c'est ridicule.
     On a beau me dire que je ne suis ni fautive, ni ridicule. C'est ce que je ressens au fond de moi. Mon esprit refuse d'accepter qu'il m'aime. Il bloque tout.
     J'ai réussi à péter un câble. J'ai réussi. Cela n'a pas été simple. J'ai cru que je me déchirais en deux. Je me sentais... horriblement mal. J'ai pleuré. Enfin. J'ai hurlé. Pleuré. Encore hurlé. Tout est sorti. Mais au final, même si la tension est sortie, je ne suis pas plus avancée. Mon dieu... Je suis pitoyable à me plaindre ainsi.
     Où est le bouton off du monde ?
J'aurais envie de me recroqueviller sur moi-même. De me rouler en boule, comme un hérisson, pour me protéger. Mais la seule personne dont je dois me protéger, c'est moi. J'ai peur de moi. J'ai peur des réactions des autres. J'ai peur de ses réactions. Me comprendre n'est pas tâche aisée, alors comprendre les autres... ce n'est pas une mince affaire non plus.
     Je dois admettre que j'ai rêvé de nous. J'ai rêvé que je te disais « Oui, je t'aime. », malheureusement, dans le rêve je devais partir si vite après que j'ai dis ça que je n'ai pas eu le temps de voir ta réaction. Je sais juste que cela t'a coupé la sifflette. Ce qui peut se comprendre.

     J'ai atteint mes limites. Mais malheureusement je sens que je vais devoir en supporter encore plus. Et j'ai peur des conséquences. J'ai peur de me vautrer. De perdre l'équilibre et de me retrouver à contre-courant. De perdre l'équilibre et de me noyer, de tout perdre. De tout rater. C'est improbable certes, mais je ne peux rien faire contre ça. Et on ne peut pas dire le contraire, car c'est mon ressenti.
     Mais TOI, que penses-tu ?
     Qui es-tu ?
     Que ressens-tu ?
     Qu'y a-t-il au fond, tout au fond de toi ?
     Qu'espères-tu ?
     Que veux-tu ?
     Qu'est ce qui t'anime ?
     Qu'est-ce qui te rend vivant ? Qu'est-ce qui te définit, toi, au fond de ton être ?
     Je ne comprends pas. J'aurais besoin d'aide. Mais personne ne peut m'en apporter. C'est une affaire entre toi, moi et moi-même. Et Sif est un des interlocuteur les plus fatigants de la Terre, car il tourne, il tourne, il tourne et finalement, il n'a pas forcément de réponses. Si ce n'est des questions en plus ! Ah... j'aimerais que Sif se mette en veille parfois. Ou en tout cas qu'il tourne un peu moins vite. Que je puisse suivre la cadence sans perdre le fil.

     Je me plains trop souvent. Pardon. Je demande pardon trop souvent aussi. Excusez-moi. Je devrais essayer de surmonter mes problèmes. Mais je n'y arrive pas. La montagne est trop haute. Pauvre de moi, pauvre novice partie dans l'escalade de l'Himalaya. Je sais à peine courir que je veux déjà gravir la plus haute montagne. Je crois que je suis inconsciente. Ou folle. Quelque chose dans ce genre-là en tout cas. Pensez ce que vous voulez, dites-moi ce que vous voulez. De toute façon mon problème reste le même. Et la face du monde ne changera pas pour ça (enfin, j'espère). Elle ne changera pas pour moi.

Dans l'antre de mon ÊtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant