CHAPITRE 13

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Mon week-end s'était terminé plus rapidement que je ne l'aurais imaginé. Entre les couches de mon frère, les appels avec Sacha, les discussions avec ma mère, je n'avais pas eu une seconde pour appeler ou envoyer un message à Thibault. Je devais aussi avouer que j'en attendais également un de sa part, mais sans succès. Déçue, je décidais de commencer mes devoirs pour le lendemain. Mais au bout de quelques minutes, je décrochai. Il me hantait. Je choisis alors de mettre de la musique, et de me poser quelques instants. Je fredonnais le début d'une chanson calme, les yeux fermés, en m'imaginant avec mon "prince", quand plusieurs questions s'imposera. Comment allait-il réagir, quand nous nous reverrions ? Allait-il avoir peur des jugements et faire comme s'il ne s'était rien passé ? Ou au contraire, assumerait-il complètement et m'embrasserait-il fougueusement devant le lycée entier ? Et moi ? Est-ce que je souhaitais réellement m'afficher ? Et surtout : est-ce que ce baiser signifiait que nous étions désormais en couple ? Tant de questions sans réponses fusaient alors que la voix de ma mère retentit dans la maison :

"- Angèle ! Viens donner un bain à Adam s'il-te-plaît !

- J'arrive tout de suite Maman !"

Au moins, cela m'occuperait et me changerait les idées. Je pourrais arrêter de me torturer avec ces questions.

***

Mon frère barbotait depuis quinze minutes déjà. Il avait trouvé un nouveau jeu et s'amusait à se cacher derrière la paroi de la baignoire pour mieux me cracher de l'eau à la figure ensuite. Du moment que cela le faisait rire. J'adorais Adam, malgré notre différence d'âge, qui s'élevait tout de même à 16 ans. J'affectionnais particulièrement tout ce qui touchait à la petite enfance. Voir les dents d'un enfant qui rit était pour moi source d'un bonheur constant. Je savais d'ors et déjà que je voulais une famille nombreuse, comportant trois ou quatre enfants. Et le fait de voir Adam grandir et de m'en occuper me confirmait cette idée. Bien évidemment, je ne pouvais en parler à quiconque, excepté ma mère. Au lycée, ma situation deviendrait invivable, même si cela restait un souhait à assouvir dans mon futur. Certains pouvaient être très peu ouvert d'esprit et penseraient alors que j'étais une "fille facile". Déjà que ma situation de lycéenne n'était pas avenante.

Je regardais quelques secondes cet ange jouer avec l'eau et la pomme de douche, que j'avais volontairement laissé allumer.

"- Qu'est-ce que tu ferais toi à ma place, hein ? Je fonce avec Thibault ou je reste en retrait ? T'es un garçon, tu pourrais me dire ce que vous préférez non ?"

Il me fixa quelques instants de ses prunelles marrons foncés, les seules de cette famille qui soient de cette couleur, puis me sourit de toutes ses minuscules dents.

"- Zèle." Me dit-il en me touchant le nez.

"- Tu veux un peu de musique ?

- Ui !"

Je lui mettais la musique qu'il aimait par dessus tout et qui nous mettait tous de bonne humeur : "Il en faut peu pour être heureux" interprété par Baloo. Je commençais à me déhancher, sous les rires du petit garçon. J'attrapais une serviette et le sortit du bain, tout en continuant de danser et chanter au rythme de la musique.

Oui, c'était une bonne soirée.

***

Le début de la semaine arrivait rapidement. La moitié de mes devoirs n'était pas effectué, je devais donc tenter de rattraper le maximum de non-fait. Je me dirigeais vers un banc, mais ce ne fut qu'une fois assise dessus que je me rendis compte que c'était le banc où Thibault m'avait avoué ses sentiments. Je devins sereine instantanément, comme si le fait de savoir qu'un homme pouvait m'affectionner de cette façon me faisait du bien. Et c'était sûrement la vérité. Je fermais les yeux et tentais de me concentrer sur mes devoirs. La réponse à l'équation de Mme Stern me vint alors après mûre réflexion. J'écrivais ce que j'avais en tête jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Déjà. Sans voir Thibault.

He first loved [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant