Mon coeur ne fit qu'un seul bond dans ma poitrine. Il ne m'avait pas adressé la parole de la journée et voulait maintenant m'appeler, comme si il n'avait rien fait. Ma surprise laissa place à de la colère. Il osait vouloir m'appeler alors qu'il n'avait rien fait pour me voir de cette journée, préférant parler à cette Cassandre qui avait un décolleté où ce cher Thibault pouvait y plonger sans aucun problème et voulait maintenant tout bonnement m'appeler. Mais d'un coup, je me demandais si cet appel n'était pas dépourvu de sens, et s'il voulait le faire pour m'apprendre une mauvaise nouvelle. Ma colère se transforma en un instant en inquiétude. Je commençais à me ronger les ongles, comme lorsque j'étais stressée. Côme qui me connaissait mieux que personne le vit, et me demanda inquiet :
"- Est ce que tout va bien ma bébé ?"
Je m'apprêtais à lui répondre quand mon téléphone sonna. Thibault m'appelait.
"- Tu m'excuses un instant ? Je te raconterais tout après."
Il acquiesça rapidement et je me dirigeais vers sa chambre. Je décrochais à la hâte, et le questionnais, inquiète.
"- Thibault, est-ce que tout va bien ?"
Il dût entendre dans mon intonation que j'avais peur qu'il ne soit arrivé quelque chose car il mit un temps d'hésitation à répondre :
"- Non. Il fallait que je te le dise. J'ai appris hier que j'avais un cancer."
Ce fut un choc terrible pour moi. Je ne me voyais pas mais j'étais sûre d'être devenue pâle comme un fantôme. Je ne trouvais rien à répondre quand je l'entendis éclater de rire à l'autre bout du fil. Je me demandais alors si il ne commençais pas à devenir fou, avec ça, mais très vite il reprit la parole :
"- Ca va Angèle ? Je t'ai pas fait trop peur ? Le blanc qu'il y a eu ! Tu y as vraiment cru ?"
Et il repartit dans un fou rire interminable. Je mis quelques temps à comprendre que ce n'était qu'une blague, je lui répondais doucement :
"- T'es con.."
Et il rit de plus belle. Je m'étais bien faite avoir. Il commençait à m'agacer quand je lui demandais rapidement :
"- T'as fini ? Tu voulais me dire autre chose que ça ? Si oui dépêche-toi parce que je ne suis pas seule."
Il s'arrêta soudainement de rire et me demanda d'un ton mi-furieux, mi-inquiet :
"- T'es avec qui ?
- Avec mon meilleur ami.
- Je le connais ?
- Je ne pense pas.
- Il s'appelle comment ? Il a quel âge ? T'es chez lui ?
- C'est fini ton interrogatoire ? Pourquoi tu veux absolument savoir tout ça de lui ?
- J'ai posé les questions en premier alors réponds- moi
- Je t'en pose moi des questions quand ta pute de Cassandre rigole comme une bécasse avec toi ? "Je m'étais emportée. Il n'avait absolument pas besoin de savoir tout ça de Côme et j'avais l'impression qu'il était mon père. Il ne répondit pas tout de suite, mais le fit gentiment :
"- C'est vrai que c'est une pute."
J'explosais alors de rire. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il dise ça. Je mis assez longtemps à me calmer et je lui répondis après quelques minutes :
"- Il s'appelle Côme, il a vingt ans et oui je suis chez lui.
- Tu vas y dormir ?
- Oui pourquoi ? Un problème ?
- Ah.. Non, non pas du tout. Mais c'est un mec.
- Oui et ?
- Bah... Tu me comprends très bien.
- Thibault j'ai déjà dormi des milliers de fois avec lui et je lui fais entièrement confiance.
- Ouais, ouais."Sa voix me donnait l'impression qu'il était jaloux. J'éprouvais un sentiment de bonheur à savoir cela, mais pourquoi ?
"- Sinon, tu voulais me dire quoi ? "
Il ne répondit pas. J'entendis un bruit sourd, puis sa voix rauque :
"- J'ai adoré notre soirée dans le car."
Et il raccrocha. À ce moment, j'étais sûre que j'étais encore plus livide que tout à l'heure. Je n'avais toujours pas enlevé le téléphone de mon oreille et essayait de comprendre le sens de sa phrase. Je ne rêvais pas. Il m'avait bien dit qu'il avait aimé être avec moi. Du moins c'est ce qu'il avait sous-entendu. Mais pourquoi avait-il raccroché ? Je restais alors tétanisée sur le lit de Côme, perdue dans mes pensées. Celui-ci venait de me rejoindre et s'assis à côté de moi.
"- Tout va bien ma bébé ?"
J'étais incapable de lui répondre maintenant et je lui fis comprendre. Je m'allongeais alors sur le lit et il en fit de même.
"-Magnum ou Nutella ?" Me demanda-t-il ?
"- Les deux.
- Ouh ! C'est du sérieux alors ! Je reviens."Depuis que nous étions adolescents, dès que l'un de nous deux n'allait pas bien ou étais incapable de réfléchir et de parler comme pour moi en cet instant, nous mangions des Magnum ou du Nutella. C'était une sorte de rituel. Il revint très vite avec les provisions. J'ouvris le pot et trempais ma cuillère dedans pour en sortir une dose monumentale de chocolat et l'enfourner rapidement dans ma bouche.
***
Après avoir dilapidé ce que nous avions comme réconfort, j'avais tout raconté à mon Côme. Il m'avait écouté patiemment et s'apprêtait à prendre la parole :
"- Tu sais mettre des mots sur ce que tu ressens ?
- Pas vraiment. J'ai une très forte attirance pour lui mais je ne la comprends pas. Par exemple, tout à l'heure, quand je l'ai vu avec Cassandre, j'étais jalouse alors que je ne devrais pas.
- Pourquoi tu ne devrais pas être jalouse ?
- Parce que c'est mon ami.
- Et qui te dis qu'il l'est encore ?"Je ne répondis rien. Côme se leva et me tendit un des ses tee-shirts. J'avais l'habitude de dormir comme ça, quand je venais chez lui à l'improviste. Cela m'avait terriblement manqué. Je me changeais alors, devant lui. Il m'avait déjà vu en sous-vêtements et ce n'était pas nécessaire de changer de pièce pour une chose aussi futile que ça. Je soulevais la couette et le serra contre moi. Il en fit de même. Nous avons parlé de longues heures puis il s'est endormi tout contre moi, comme un bébé.
Moi je pensais encore à Thibault et au fait probable que j'avais des sentiments pour lui.
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He first loved [EN PAUSE]
RomanceElle perd la tête dès qu'elle pense à LUI. Elle n'a plus aucun contrôle quand elle LE touche. Elle rêve depuis si longtemps de LUI dire trois mots simples, mais tellement durs à sortir. Elle ne comprends pas ces sentiments qui la dévastent et qui lu...