Soupirant suite à l'annonce du directeur, j'ajustais ma veste malgré les tâches rouges encore présentes puis allais à mon casier pour récupérer mon sac, mon manteau et mes bottines. Une fois le tout enfilé, je sortis à l'extérieur et pris mon temps pour retourner chez moi. Je pouvais bien me rendre ailleurs, mais je ne savais pas si mes parents étaient au courant que l'école nous avait suspendu pour incident.
Sortant de la cour d'école, je vis un groupe de policiers en direction du bâtiment scolaire. Je croisais les bras pour ne pas qu'ils remarquent le rouge sur le bas de ma veste qui n'était pas caché par mon manteau puis j'accélérais l'allure pour les éviter.
Mes bottines écrasant la nouvelle neige, je marchais lentement devant moi. Tout ce qui s'était passé aujourd'hui me revint en tête. Le bonbon rouge sur le bureau de Jessica, les longues minutes effrayantes passées dans les toilettes des filles, cette chose... Ce clown qui avait tout massacré. Tout ce sang qu'il a fait couler pour je ne sais quelle raison. Et pourquoi le jour de ma fête ? Pourquoi était-ce moi qui devait vivre tout cela ? Je ne vivais pas assez de malheur comme ça ? Mon géniteur en faisait déjà assez !
Une larme, deux larmes, puis un long frisson qui figea mes jambes sur place. Ce n'était pas lui, ce n'était que le froid, un froid plutôt étrange. Venant tout juste de me convaincre que ce n'était que le froid hivernal, j'eus la sensation étrange d'avoir un souffle chaud dans mon cou. Je me retournais rapidement, mais ne vis rien. Ma respiration étant devenue rapide, de la buée sortait de ma bouche. Je regardais tout autour de moi sans trouver quoi que ce soit. Et j'étais certaine que je n'avais pas halluciné.
Je repris ma marche et passais par une ruelle dont j'avais souvent l'habitude d'y aller. Les vieux murs sales et puants avaient maintenant des affiches dessus. Curieuse comme j'étais, je m'approchais de l'une d'elles puis observais l'annonce.
-Un cirque !? Pensais-je à haute voix. Un évènement spécial dans notre petite ville perdue au milieu de nulle part ? Qui serait bien intéressé par un cirque ? Me moquais-je.
Le même frisson que tout à l'heure parcourut ma colonne vertébrale. Je stoppais mon observation et me retournais. Cette fois-ci, j'eus à peine le temps de voir une grande silhouette passer plus loin. « Ce n'est qu'une personne qui rentre chez elle », essayais-je de me convaincre. Si seulement ça pouvait être le cas...
Trop d'évènements étranges se passaient aujourd'hui. Je n'étais pas du genre à croire au hasard. Pas du tout. Je me dépêchais de rentrer chez moi même si je devais affronter le diable qui ne croira pas à mon histoire de meurtre à l'école. La vie était si cruelle.
-T'as séché les cours !? Me cria mon paternel en me voyant entrer dans la maison. Je vais te punir, tu vas voir !
-N-non ! Il y a eu un... un accident à l'école et l-le directeur nous a demandé de rentrer pl-plus tôt, bégayais-je en voulant me défendre.
Il se leva de sa chaise et s'approcha de moi, le regard dur et rempli de flammes. Je reculais jusqu'à ce que mon dos rencontre la porte. Ma main touchait la surface de celle-ci pour trouver la poignée tout en gardant mon regard braqué sur l'homme en face de moi. La peur m'empêchait de trouver la poignée, l'homme arriva à ma hauteur. Mon corps trembla de partout.
-Pourquoi ne m'as-tu pas mise en adoption quand je suis née ? Lui soufflais-je.
Un sourire effrayant apparut sur son visage
-Car j'avais besoin d'un souffre-douleur ! Et j'adore lire la peur dans tes yeux, c'est jouissif.
Mes yeux regardèrent sa main, il avait un foutu couteau ! Je secouais la tête négativement, ne voulant pas qu'il m'inflige d'autres absurdités.
-Tu m'as promis de ne rien me faire le jour de mon anniversaire, le suppliais-je.
-Ah ! Je ne t'ai rien promis, salope ! Tu mérites que ça, me dit-il en levant sa lame devant moi.
Mon regard s'étant levé, je vis ma mère derrière lui qui nous observait. Cette chose ne me défendait jamais, elle avait peur aussi, alors pourquoi lui demander de l'aide ? Mon cœur battant la chamade, je jetais un regard dur sur mon géniteur.
-Tues-moi ! Vas-y, j'en ai marre de vivre cet enfer ! Allez ! Abat cette stupide lame sur moi ! Hurlais-je les larmes qui menaçaient de couler et dégoûtée par cet homme.
-Tu mérites de souffrir plus que ça avant de mourir, dit-il en m'empoignant les cheveux pour me tirer vers les escaliers pour se rendre à sa chambre.
-Non ! N-non ! Arrête ! Merde, lâche-moi ! Criais-je en essayant de me débattre.
Je pleurnichais et il me jeta sur le plancher froid de la chambre. Je tentais de me relever, mais il me donna un coup de pied dans les côtes, me forçant à rester au sol. Je grognais de douleur et essayais de ramper pour m'éloigner de cet ordure. Ma cuisse s'étant mise à saigner encore une fois, mon paternel rit.
-Alors, ça fait mal ? Se moqua-t-il en approchant son visage de moi.
Je profitais de ce moment pour lui cracher au visage, chose que je regrettais rapidement. Je me méritais une gifle et l'homme devint rouge de colère. Je frottais ma joue endolorie.
-Tu n'aurais jamais dû faire ça ! Cracha-t-il.
Il me donna un autre coup. Cette fois-ci, je crachais du sang. J'ignorais le goût métallique dans ma bouche puis tentais de m'écarter de cet homme qu'était mon père. La lumière du soir qui passait par la fenêtre aux rideaux ouverts fut coupée par une vague silhouette. Je n'eus pas le temps de regarder en sa direction que mon père leva son arme vers moi. Attendant le coup fatal, je fermais les yeux.
De longues secondes s'écoulèrent et je ne sentis rien. Je pris le risque d'ouvrir les yeux et regardais mon géniteur. Ses deux mains tenaient le manche du couteau et il semblait vouloir l'abattre sur moi, mais en vain. Son front était en sueur. On aurait dit qu'il luttait contre une force invisible, son visage crispé en disait beaucoup. Il grogna, tentant toujours de m'enlever la vie. Je profitais de cette occasion pour me relever et pour courir vers la porte. Je grimaçais de douleur à cause de ma jambe. Une fois passée la porte, je la refermais puis sortit de la maison à toute vitesse sans rien prendre avec moi. Il fallait que je quitte cet enfer au plus vite. La dernière chose que j'entendis avant de quitter ma demeure fut un grognement de fureur de l'homme qui avait tenté de me faire, encore, du mal.
Le soir était tombé et je grelotais dehors, seule en train de marcher au beau milieu de nulle part. Je regrettais le fait d'avoir oublié mes bottines, mes chaussettes ne me réchauffaient pas beaucoup les pieds. Les bras croisés ensemble pour me garder au chaud, je cherchais en vain un endroit où me reposer. Pas question que je retourne à la maison. Je ne sentais plus mes orteils, mais je continuais tout de même à marcher droit devant moi. Heureusement que mon paternel n'eut pas l'idée de sortir à son tour pour me chercher. Tous les magasins étaient malheureusement fermés. En me remémorant la scène de tout à l'heure, je ne pus m'empêcher de penser à cette vague silhouette que j'ai vue par la fenêtre. Ce n'était peut-être qu'un arbre, un chat ou lui.
Alors que j'étais pour me faire des conclusions hâtives, je vis un petit papier voler dans les airs à cause du vent. J'accélérais le pas malgré le fait que j'étais gelée puis je réussis à attraper la chose volante. Rapprochant ce qui était en fait un coupon, je l'examinais. Il portait les mêmes couleurs que l'affiche un peu plus tôt dans la ruelle et il y était écrit Cirque en gros. C'était bien le seul endroit où je pouvais me rendre en ce moment.
Levant la tête pour voir où j'étais rendue, je vis des tentes rouges et jaunes non loin de moi. Des lumières éclairaient le ciel. Ma longue marche ennuyante et glaçante m'avait conduite à ce cirque. Tant pis, je décidais de m'y rendre quand même... Malgré mon léger pressentiment.
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Bloody Laughing {En correction/Terminée}
HorrorTout ce que je veux c'est un ami. Un ami avec qui parler, rire et oublier tous mes autres problèmes. Mon vœu s'exhaussa, mais pas comme je l'ai espéré. Notre rencontre ne fut pas des plus heureuse ni joyeuse. Ma vie a changé, mais pas du bon côté...