Quatrième jour

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21 décembre 2033



Alors qu'il n'était que huit heures trente du matin, j'étais déjà dans la classe Lully de l'académie à m'échauffer.
Depuis qu'il était question de fin du Monde, je prenais le spectacle du vingt-quatre décembre un peu trop à coeur. J'avais envie de marquer les esprits et calmer ceux un peu trop stressés par cette nouvelle catastrophique le temps d'une soirée.

J'étais la première arrivée à la salle de danse et étant déjà habillée de ma tenue spectacle, je suis restée sur le côté avec mon grand cahier vert. Eglantine, la professeure est venue me voir et m'a questionnée quant à ce livret.

-Je suis en train de reconstituer mon arbre généalogique pour l'école, ai-je expliqué.

-Ha, c'est trop chouette que tu fasses ce genre de choses à ton âge, Camélia, m'a avoué Eglantine, ma professeure.

Ce n'était pas vraiment un choix vu que nous étions obligés de faire des recherches sur notre famille. En effet, la prof de français avait trouvé cette idée bonne pour que l'on apprenne des choses sur nos ancêtres et plus tôt nous nous y prenons, plus il est facile d'avoir d'informations, affirmait cette dernière.

Quand la danseuse sexagénaire a demandé de jeter un oeil dans ce que j'avais commencé, je lui ai tendu mon travail sans aucune hésitation. Elle l'a longuement observé avant de lever la tête vers moi, étonnée.

-Il y a une Tabitha Wathelet dans ta famille?, m'a-t-elle questionnée.

J'ai haussé les épaules, ne comprenant pas vraiment la raison pour laquelle elle semblait si touchée par cela.

-C'était la cousine de mon Papa mais je ne l'ai jamais connue, ai-je expliqué. Elle s'est suicidée en 2007, je crois.

-Non, c'était en 2005.

-Tu la connaissais?, ai-je joué à la curieuse.

La femme a affirmé d'un hochement de tête en regardant à nouveau mon arbre généalogique. Elle semblait réellement concentrée et chamboulée par la même occasion. Ça faisait presque trois ans que je dansais avec elle et jamais je ne l'avais encore vue dans un état pareil. Ça faisait réellement bizarre.

-En 1989, un professeur de géographie avait formé des groupes complètement aléatoires et nous avait demandé de nous confier aux inconnus autour de nous, a raconté la femme. J'étais à la même table que Tabitha.

Je ne connaissais nullement cette histoire et bien que je n'avais jamais eu la chance de rencontrer la cousine de mon père, ça me faisait du bien d'en entendre parler. Surtout venant d'une personne aussi adorable qu'Eglantine Garzia.

-Peux-tu me confier son secret, s'il te plaît?, ai-je tenté en faisant les yeux doux à ma prof.

Je comprendrai parfaitement si elle n'était pas d'accord de me raconter cette chose qui s'était passée quarante-quatre ans auparavant mais il est vrai que si elle venait à me refuser cela, je le prendrais comme une petite claque dans le visage et aurais du mal à l'accepter.

-Elle avait dix-huit ans, cette année-là et s'habillait de noir donc tout le monde la qualifiait de gothique, a-t-elle dit, même moi. Elle nous a alors expliqués qu'elle n'était pas gothique mais bien en deuil à cause du suicide de sa tante et de sa soeur aînée ainsi que la mort de sa mère suite à une maladie.

J'étais bouche bée, ne croyant pas à ce que j'étais en train d'entendre. Je n'en revenais pas que l'on m'avait caché tant de morts, de suicides au sein de ma propre famille.
J'en voulais à mon père d'avoir gardé pour lui ce genre de choses et de ne jamais m'avoir mise dans la confidence malgré mes dix-huit ans.

Sept joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant