23 décembre 2033
Je suis arrivée au Studio principal de Bruxelles alors qu'il était à peine huit heures et pourtant, déjà tous mes collègues s'y trouvaient. Il y régnait une ambiance assez tendue; tout le monde courait aux quatre coins de chaque pièce.
Manon et Édouard présentaient déjà le journal ludique de six à neuf heures et semblaient être les seuls à prendre un peu de bon temps. Tous les autres étaient d'une humeur massacrante et d'un stress inexplicable.Je suis allée vers la salle commune où nous déjeunons chaque midi pour y déposer mes affaires et me servir une tasse de café. Je savais que j'en aurai besoin pour faire face au peu de joie qu'il y avait dans tout le Studio.
Je n'ai même pas eu le temps d'accrocher ma grosse gabardine au porte-manteau qu'Elodie me fonçait déjà dessus. Elle avait l'air absolument paniquée et vu ses cernes, elle avait dû dormir autant que moi, et pour tout avouer, je n'avais réussi à fermer les yeux que pendant trois heures.
-Janaelle, c'est la Lune!, s'est-elle écriée, sans raison.
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle hausse autant la voix donc j'ai sursauté et ai renversé la moitié du café que je venais de me préparer.
Je savais que la journée serait longue mais j'aurais préféré qu'elle commence d'une manière différente.
J'ai rapidement demandé à ma collègue et amie de se calmer et de s'installer sur l'une des chaises en plastique autour de la table afin de pouvoir nettoyer la bêtise que je venais de faire sans qu'elle ne me saute dessus.-Tu as bien dormi, cette nuit, Elodie?, ai-je changé de sujet pour qu'elle se calme.
-Oui, pourquoi me demandes-tu cela?, semblait-elle désarçonnée par ce genre de questions.
-Parce que je n'ai presque pas dormi, pour ma part et je me demandais si c'était aussi le cas pour toi.
Ma réponse laissait à désirer, je l'admettais mais j'avais envie de recevoir une réponse à ce sujet pour mon information personnelle et aussi pour calmer l'énervement dont elle faisait preuve depuis, au moins, une dizaine de secondes. Il n'était que huit heures du matin et elle pouvait bien comprendre que je n'étais pas assez motivée que pour déjà entendre des cris et des plaintes.
-Tu es sortie?, a-t-elle changé de sujet par elle-même.
Je connaissais assez bien Elodie que pour savoir que la vie des autres est quelque chose qui l'intéressait assez pour la tenir en haleine durant plusieurs minutes et bizarrement, c'était exactement ce que j'attendais.
-Non, il y a juste mon ami... Yorgen, tu connais Yorgen? Il me semble que je t'en ai déjà parlé, ai-je commencé un monologue avant de lui expliquer la raison pour laquelle je n'avais pas dormi.
Elle a hoché de la tête, s'en souvenant vaguement. Il m'était déjà arrivé de lui en parler quelques fois mais ça ne semblait pas lui avoir marqué l'esprit. Ça ne m'a pas empêchée de continuer mon explication.
-Il aime jouer au dur mais ne semble pas supporter cette fin du Monde et tout le stress que cela engendre. Il est venu chez moi, pour la deuxième fois de la semaine, pour se calmer durant le courant de nuit.
-En parlant de fin du Monde, justement, a-t-elle repensé à ce qu'elle voulait me dire premièrement, nous avons reçu plus de détails.
-Ça a l'air de te retourner l'estomac, ai-je constaté. Explique-moi.
Durant quelques instants, elle a hésité alors que cinq minutes auparavant, un flot de paroles sortait de sa bouche sans qu'elle ne puisse s'arrêter.
C'était bizarre et drôle à la fois. Et j'en aurais bien rigolé avec elle si ce qu'il se passait n'était pas si grave. Rire de la fin du Monde n'est peut-être pas la chose la plus appropriée pour le moment.
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Sept jours
Short StoryDepuis quelques jours, les journaux parlent d'une fin imprévisible, de l'humanité détruite. Personne ne prêtait réellement attention à ces paroles non-fondées, jusqu'au moment où un énorme compteur apparaisse dans chaque grande ville du monde, dont...