Dernier jour

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24 décembre 2033






La journée du vingt-quatre décembre a véritablement commencé à cinq heures du matin en Angleterre. En effet, là-bas, plusieurs hommes étaient rassemblés dans une grande salle d'observation dans laquelle ils avaient directement accès à toute la Galaxie.
Depuis sept jours, cinquante hommes sont chacun assis derrière un banc et un ordinateur durant plusieurs heures par jour mais personne ne s'attendait à ce que les choses, déjà chaotiques, empirent davantage.

À cinq heures du matin, alors que certains arrivaient seulement ou d'autres partaient pour se reposer, Clément, un trentenaire écossais qui vivait en Angleterre depuis maintenant cinq ans est arrivé en courant dans la salle en question.

   -Chef, s'est-il exclamé en courant vers Wilfried, il y a un problème!

   -Lequel, mon petit?, a demandé le quinquagénaire avec beaucoup de calme.

Le jeune homme a longuement respiré, comme pour prendre du courage et oser dire ce qui le tracassait, pour prévenir son chef quant à la chose qui lui retournait l'estomac et lui donnait envie de retourner pleurer dans les jupes de sa mère comme lorsqu'il n'avait que cinq ans.

   -Adrian et Jacob observent l'Univers depuis pas mal de temps déjà et viennent de calculer le temps qui restaient avant que la Lune ne s'écrase sur nous; ils sont arrivés à la conclusion qu'il ne restait plus que seize heures, s'est affolé le jeune scientifique astronome. Tout sera détruit vers vingt-trois heures.

Une lueur de désespoir et d'effroi à traverser les yeux de l'homme de cinquante ans qui a réussi à ne jamais montrer aucun de ses sentiments publiquement tout le long de sa vie.
Dans n'importe quelle autre situation, Clément aurait réagi et noté cette information dans un coin de sa tête mais pour le coup, il était beaucoup trop paniqué que pour être capable d'en rire.

Il a fallu plusieurs instants pour que l'érudit ne se remette de ses émotions et ne parvienne à répondre à son employé. Il l'a remercié et a dit qu'il prenait cela en compte, que les heures seraient changées sur les différents compteurs quelques instants plus tard.

Clément a fait les cent pas dans l'énorme salle sombre où un écran géant était placé ainsi que plusieurs hommes qui y travaillaient. Il n'avait pas énormément de choses à perdre mais cette mort et ce compte à rebours lui faisaient atrocement peur.

Vers six heures trente, le trentenaire en question n'était plus le seul à avoir ce ressenti infernal.
Effectivement, à six heures vingt-sept exactement, tout le monde a été prévenu quant au changement de programme dramatique et beaucoup ressentaient cela comme une petite voix qui leur disait: "Si tu comptais sur cette dernière soirée pour que ça soit l'apogée de ta vie, tu t'es trompé, mon pote".
C'était horrible comme sensation de se rendre compte de la proximité de la fin alors que nous avons encore plusieurs années devant nous.

C'est affreux de se dire que dans quelques heures à peine, ça serait notre heure, ainsi que celle de tous les êtres que l'on aime ou que l'on a aimés. Les plus optimistes voient cela comme une merveilleuse chance, de quitter le Monde en même temps que leurs proches tandis que tous les autres ne cessent d'en pleurer.

Personne, ou bien qu'un nombre minime de terriens, n'avait prévu de finir l'année 2033 de cette manière, de ne même pas pouvoir fêter la nouvelle année comme il se devait, comme c'était prévu depuis près de trois cent jours déjà.

Sept joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant