Cinquième jour

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22 décembre 2033




J'avais décidé de prendre congé à partir du vingt-deux décembre. À force d'entendre parler de l'astéroïde ou de l'objet non identifié s'approcher de la Terre à toutes heures de la journée, je m'étais dit que s'il fallait mourir, il était préférable de mourir après s'être amusé plutôt qu'à s'être fait chier au boulot.
Le temps de plusieurs demi-journées, j'ai décidé d'abandonner paperasse, clients et rendez-vous et privilégier mes petits plaisirs de la vie.

Le premier jour de congé, le vingt-deux décembre donc, je me suis réveillé à sept heures du matin. Le soleil ne s'était pas encore levé et il devait faire un froid de canard à l'extérieur mais j'avais une folle envie d'aller me promener dans les alentours de mon habitat.
Je me suis rapidement habillé et n'ai pas attendu longtemps avant de sortir pour me balader. Je n'ai pas rencontré grand monde vu l'heure matinale mais me suis émerveillé face à la beauté de la ville habillée d'un fin manteau de neige. Noël est ma fête favorite depuis que je suis gamin et malgré mes trente-deux ans, rien n'avait changé. Certes, je prenais moins de plaisir à confectionner le sapin car la pensée de le ranger ensuite ne me quittait jamais mais à part cela, tout était resté semblable dans mon esprit.

L'air de ce beau mois de décembre emplissait mes poumons de bien-être et mon coeur d'une joie indescriptible. J'ai donc décidé d'aller à pied jusqu'à la place de Bruxelles où se trouvaient malgré tout les meilleures décorations du pays. J'avais la chance de vivre dans la capitale car mon métier me rapportait assez que pour assumer les factures et je trouvais ça merveilleux, surtout durant les périodes de fêtes de fin d'année.

Une fois sur la place, la première chose qui m'a sautée aux yeux était bien évidemment ce compteur qui détruisait depuis cinq jours le bonheur de milliards de personnes à travers le Monde. Tout le monde était effrayé par cette fin alors l'arrivée d'un objet pareil pour le rappeler sans cesse ne faisait rien de bon.

J'avoue que le fait de voir qu'il ne restait que soixante-quatre heures et quelques minutes me refroidissait fortement pour continuer ma balade mais je n'avais pourtant aucune envie de rentrer dans mon petit appartement qui me rappelait un peu trop ma solitude.
J'ai donc pris la décision de descendre jusqu'au sous-sol où se trouvait la gare. Là-bas, je comptais prendre le métro qui me conduirait jusqu'à chez mon ami, Lothaire. Ce dernier était réveillé, sans aucun doute, car il devait carburer pour avoir terminé son roman avant le début de l'année suivante.
Je me permettais donc de me diriger vers son petit appartement sans le prévenir. Ma présence lui ferait plaisir, je le savais.

Je suis arrivé chez mon jeune ami une petite demi-heure plus tard et j'ai dû attendre quelques instants avant que la porte ne s'ouvre. Derrière celle-ci se trouvait un Lothaire habillé d'un simple jogging et d'un tee-shirt blanc.
Il avait un air fatigué qui déformait son visage de presque trentenaire. Habituellement, il est plutôt charmant mais ce matin-là, il avait l'air à côté de ses pompes.

   -Salut, Lothaire, l'ai-je salué. Je suis venu pour te dire bonjour.

Il m'a rendu ma salutation avant de me faire rentrer à l'intérieur de son petit appartement qui avait largement besoin de rangement. Néanmoins, je n'ai émis aucune réflexion, me rappelant l'état de mon habitat aussi minable que celui de mon ami.

Lothaire m'a invité à m'installer sur son divan d'un orange immonde. Je lui ai toujours dit détester ce meuble mais ce n'est pas pour autant que j'ai refusé d'y prendre confortablement place.
Il a rapidement débarrassé la table basse sur laquelle se trouvaient de nombreuses fiches qui l'aidaient probablement dans l'avancement de son bouquin ainsi que son ordinateur qui était ouvert sur une page Word.

Sept joursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant