Tu n'étais pas mon genre jusqu'au moment ou je suis tombée amoureuse... Auteur inconnu
Celui qui bat dans ma poitrine est en train d'essayer de sortir tant ce que je ressens est fort, si fort qu'à côté une avalanche qui dévaste tout sur son passage n'est rien. Je me laisse faire quand il attrape délicatement ma main pour m'entraîner avec lui sur le divan que je n'avais pas vu en entrant. Je m'installe et comme un réflexe, je replis mes jambes sous moi. Que m'arrive-t-il ? Je le regarde se déplacer, ses mouvements naturels me paraissent contrôlés, il sert deux verres d'un liquide ambré avant de revenir vers moi pour m'en tendre un.
—C'est un Sullivans cove
Je lui prends le verre des mains et le porte à mes lèvres, sans attendre je le bois d'un trait. Très bon whisky au passage. Il me regarde amusé avant de le boire lui aussi cul sec. Je dois lui poser la question qui me brûle les lèvres.
—Qui es-tu ?
Il vient jusqu'à moi, je me laisse enivrer par son odeur.
—Allonges-toi...
M'allonger ? Pour quoi faire ? Voyant que je ne réponds pas, il se penche vers moi.
—S'il te plaît...
—Pourquoi je m'allongerai ?
—Tu marques un point.
Mais sans pouvoir dire autre chose, il attrape mes chevilles et me pivote, je me retrouve sur le dos en un rien de temps. Je le regarde enlever sa veste, il la balance à travers la pièce. Pourquoi il se fout à poil ? Il passe son tee-shirt par-dessus sa tête, je reste pétrifié par la cicatrice dessinée le long de son flanc gauche. Je mords dans ma lèvre, le goût métallique que je connais bien se mélange à ma salive. Il s'avance à pas de loup et sans que je m'y attende il se retrouve au-dessus de moi. Il relève deux fois les sourcils, je suis consciente de ce qu'il fait, c'est la première fois depuis un an qu'un homme à moitié nu se retrouve sur moi ainsi. Je ne peux pas non plus quitter ses yeux, cette impression de le connaître ne s'éloigne pas. Je ne bouge pas, la crainte s'empare de moi, il faut que je m'accroche à ce que je ressens au plus profond de mes entrailles, que je fasse abstraction comme dirait ma psy.
—Pourquoi n'as-tu pas peur de moi ?
Il s'appuie sur ses coudes, sa proximité est des plus rapprochés. Du bout de son index, il survole le côté de mon visage portant la marque de mon passé. Je me raidis en fermant les yeux. Son regard est insoutenable. Je sais que ce n'est pas possible, mais la couleur de ses yeux est une torture. Il n'a pas son odeur, il n'a pas son souffle, il n'a pas sa chaleur, il n'a pas la même corpulence. Calme toi Ness, ce n'est pas lui, il est loin de toi... Doucement en laissant mes yeux fermés, j'ose venir mettre ma paume sur sa joue. Je l'entends prend une petite inspiration, je ne sais pas à quoi nous ressemblons, mais je serai curieuse de voir. Je prends mon courage et me fou un coup de pied au cul mentalement pour rouvrir mes paupières, il est toujours là, je ne rêve pas.
—Qu'as-tu enduré ?
Il va trop loin, je veux bien faire un effort, mais lui raconter ma vie, c'est hors de question. Les gens qui disent savoir, son loin du compte, ils ne savent que ce que j'ai raconté, c'est-à-dire rien. Je ne lui réponds toujours pas.
—Je sais que tu as une langue, tu m'as bousillé les tympans l'autre soir au bout de la rue.
Il faut que je change de sujet, ma main bouge sans que je lui en donne l'ordre, elle emprisonne son cou, il se laisse faire, je l'attire à moi. Il se lèche les lèvres, mais je prends peur et bifurque vers son oreille.
—Si tu ne veux pas que je hurle une seconde fois, tu ferais mieux de t'éloigner et de te rhabiller.
Surpris par mes dires, il se redresse un sourire en coin.
—Tu en as eu l'occasion et tu ne l'as pas fait.
Il relève un sourcil, je ne peux pas m'empêcher de sourire à mon tour, mais quand je vois qu'il déboutonne son jean et que son caleçon ne contient plus grand-chose de ce qu'il y a l'intérieur, je panique et le repousse pour me faufiler jusqu'à la porte qui s'ouvre pour mon plus grand bonheur. Oliver se relève, mais je cours aussi vite que je le peux loin d'ici. J'hallucine, il m'a pris pour une pute ou quoi ? Je ne l'aurai pas repoussé, il m'aurait sauté sans me connaître et bien c'est mal me juger bordel de merde ! Je sors en panique du bar, j'entends bien mon prénom, mais je ne me retourne pas. Je prends le bon chemin ce coup-ci. Je sais que de l'autre côté il n'y a aucune issue. Je ne m'arrête pas, les muscles de mes jambes me brûlent de courir aussi vite. Mais une fois à l'intersection, je suis perdue, j'ai beau tourner la tête dans tous les sens, je ne reconnais pas l'endroit. Un arrêt de bus n'est pas loin de moi, je m'y installe pour reprendre mon souffle. Pourquoi j'ai cru qu'il était mon ange ? Celui qui aurait pu me sauver ? Ils sont tous pareils, ce sont des connards sans cœur, qui veulent du cul et seulement du cul. Il a au moins eu l'amabilité de ne pas me forcer celui-là ! Quelle chance ! Je pars dans un fou rire qui se transforme aussitôt en pleurs. Je lève la tête vers le ciel pour hurler.
—C'est ça ma punition, revoir le visage de celui qui m'a détruite à chaque fois qu'un homme posera ses mains sur moi ?
Des lumières s'allument autour de moi, mais je reconnais sans aucun doute les deux phares qui arrivent juste en face de moi. Oliver m'a retrouvé, je tombe à genoux et tire sur la racine de mes cheveux. Je suis épuisée de me battre. Comme une loque je le laisse me porter pour me mettre sur le siège, je ne suis pas capable de faire un effort, il attache ma ceinture et dépose un baiser sur ma tête.
—Pardonne-moi Nessie ...
Je ne réagis pas, mais la dernière fois que ce surnom est sortie de la bouche de quelqu'un était celle de mon père.
***
Flash Back :
J'attends mon tour avec une pomme d'amour dans les mains. J'ai hâte que le carrousel s'arrête pour que je puisse grimper sur un de ces chevaux magnifique. Sa main glisse le long de mon dos pour venir se mettre dans la poche arrière de mon short. J'aime son contact. Nos parents nous regardent avec des étoiles plein les yeux. Je rougis avant de croquer dans ma pomme. Du sucre reste collé sur le coin de ma bouche, il s'en empare en m'embrassant tendrement.
—Je t'aime Ness
Ses paroles m'emportent sur un nuage. Sébastian c'est l'homme de ma vie et comme ma mère m'a dit, il est mon prince charmant.
Le réveil me sauve la vie en se mettant en marche. J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure. Je me frotte le visage, mon rêve s'éloigne peu à peu. En mode décomposé, je rejoins la salle de bain, je me sens nauséeuse et sans pouvoir m'en empêcher j'attrape la brosse à dents et le dentifrice pour enlever le goût amer qui s'est encore installé dans ma bouche...
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Treason
RomanceLa vie vaut-elle la peine d'être vécue quand la plus pure des âmes est au bord du gouffre ?