Je souffle quand il me repose à terre. J'ai la tête qui tourne, qu'est-ce qui m'a pris de faire un truc pareil. Je m'éloigne et me rassieds sur le canapé. Je ne dois pas faire ça, il n'est pas pour moi, ce n'est pas un mec bien. Ce soir il joue peut-être un jeu, j'ai l'impression d'avoir une autre personne devant moi. Il revient au salon, me gratifiant d'un large sourire avant de poser les cartons de pizza sur la table basse. L'odeur qui s'en échappe me donne l'eau à la bouche, il m'en tend une part, je le remercie et croque dedans. C'est dans un silence pesant que se passe le repas. Je ne sais pas comment me comporter ni ce qu'il a en tête. J'ai peur qu'après cette soirée, plus rien n'existe entre nous. Si ça se trouve c'est lui qui doit me sauver des griffes de mes démons. Ce qui me semble totalement bizarre c'est cette maison, j'espère que sa mère est au courant que nous sommes ici, je ne veux pas de problème en plus. Je me demande ce qu'elle pense de lui, en regardant les photos tout à l'heure j'ai compris qu'elle l'aimait, mais qu'elle devait avoir un manque de son fils. Je serais heureuse si ma mère serait comme ça avec moi. Je n'aie pas eu de chance, mais ceux qui en on devrait en profiter un maximum.
— Tu es très silencieuse...
Sa voix me ramène à la raison, je plante mon regard dans le sien.
— Désolé je pensais...
— Est-ce que tu le fais tout le temps ?
— Quoi donc ?
— T'excuser ?
— Je crois que oui, cela doit être une habitude que j'ai prise après ...
— Après quoi ?
Je déglutis et m'insulte mentalement d'idiote. Je vais devoir apprendre à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de l'ouvrir. Maintenant, il faut que je trouve quelque chose à dire. Seulement rien ne me vient, j'ai l'air d'une fille pathétique. Je détourne les yeux pour éviter qu'il ne lise dans les miens.
— C'est à propos de ta cicatrice ?
— Je ne veux pas en parler !
Je me lève brusquement avant d'attraper ma veste et mes baskets. J'étouffe, personne n'ose me demander pourquoi j'ai cette marque horrible sur le visage, à part lui bien entendu. Cette soirée était tellement bien avant qu'il ne gâche tout avec ses questions ! Je l'entends jurer, mais trop tard, je suis déjà dehors. J'avance dans l'allée en chaussettes, tant pis pour le ridicule de la situation, mais je dois m'éloigner. Il faut qu'Oliver vienne me chercher. Je sors mon téléphone, mais suis emprisonnée par deux bras puissants. Je pousse un cri !
— Reste, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. S'il te plaît ne part pas...
Nous ne bougeons pas, je discerne les battements de mon cœur. Il bat fort, si puissamment qu'il m'est possible de l'entendre.
— Fait moi confiance Ness.
— La dernière fois que j'ai fait confiance à quelqu'un je me suis retrouvée brisé...
Ma voix n'est qu'un murmure, mais à sa réaction, je sais qu'il m'a entendu. Je me retrouve face à lui, sa main trouve le côté de mon visage abîmé.
— Ce n'est pas parce que tu as cette blessure sur ton profil que tu es repoussante. Regarde-toi, tu es la fille la plus belle que je n'ai jamais vue. Tu as des yeux d'un vert si puissant qu'ils peuvent hypnotiser n'importe quelle personne qui passe sur ton chemin. Le salopard qui t'a bousillé ne mérite pas d'avoir croisé ta route. Laisse-moi une chance s'il te plaît. Je peux te prouver que je suis un mec bien en dehors de ma maladresse et de ce que tu as vu.
Il se détache de moi pour me présenter sa main. J'essaie d'assimiler ce qu'il vient de dire, je n'aie pas l'habitude de recevoir ce genre de compliment. Je lui tends la main, il s'en empare.
— Je m'appelle Kurtis Paterson enchanté mademoiselle.
Je secoue la tête en souriant, avant de me présenter à mon tour.
— Ness Olwen.
— Et bien mademoiselle Olwen, voudriez-vous me raccompagner à l'intérieur pour finir cette délicieuse soirée ?
J'approuve d'un léger signe de la tête, il m'entraîne derrière lui, je relève les yeux pour regarder les étoiles. Faite que ce soit vraiment lui mon ange, sinon je ne m'en remettrai jamais.
***
Finalement nous avons opté pour un film, je suis blottie contre lui une couverture en plus sur mes jambes. Sa main qui caresse délicatement mon bras ramène sans cesse mes yeux dessus. Je repense à ce qu'il m'a dit dehors, il me trouve belle ! C'est la première fois depuis longtemps qu'un garçon me dit ce genre de chose. Je me sens bien en dépit du fait que nous deux ça va trop vite. Je réfléchis à un moyen de lui dire que nous devrions apprendre à se connaître avant de s'engager dans une relation. Nous pouvons être amis dans un premier temps si cela ne la dérange pas, j'ai vraiment envie que ça marche. Je suis effrayée, mais je prends sur moi en me disant que des caresses peuvent être agréables. Je ne suis pas une fille comme les autres et ça il va devoir apprendre à le reconnaître. Il n'y a qu'Oliver qui peut plus ou moins me toucher habituellement. C'est le seul qui ne me dégoûte pas, enfin, c'était le seul jusqu'à présent. Je me risque à lever la tête pour admirer son visage. Il est concentré sur la télé, mais son petit sourire en coin ne tarde pas à arriver. Je détaille ses traits, il est carrément trop sexy et sa repousse de barbe lui donne un air viril. Rien à voir avec les gamins de mon campus. Il y a juste une chose qui me chagrine encore, c'est la ressemblance qu'il a avec... je ne peux même pas sortir son prénom. Le dégoût me prend à la gorge, je ravale ma salive avec difficulté, je disjoncte complètement ! Ce n'est pas parce qu'il a les yeux noirs qu'ils ont les mêmes gênes...
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Treason
RomanceLa vie vaut-elle la peine d'être vécue quand la plus pure des âmes est au bord du gouffre ?