Treason

7 Ness :

Trois jours plus tard : 

Je contemple l'heure sur mon téléphone, les minutes ne passent pas. Je suis fatiguée et j'aimerai rentrer au plus vite. Oliver et moi ne nous parlons pas, je n'arrive pas à croire qu'il n'était pas au courant du plan de son ami. Ma mère espère encore que je vais répondre à ses messages et Cheryl est bizarre depuis que je suis allée au Dark.  Ma patronne arrive tout sourire ce qui me tire de mes pensées ;  

 — Tiens voilà ce que je te dois Ness. 

Elle me tend l'enveloppe blanche habituelle avec exactement 400 dollars à l'intérieur. 

— Merci. 

Elle me fait un clin d'œil avant de me dire qu'il est temps pour moi de partir et qu'elle fera la fermeture ce soir. Je ne perds pas de temps pour enfiler ma veste et sortir. Une fois dehors, je crois rêver. Juste en face, appuyé comme-ci de rien n'était contre le mur l'ange noir me regarde droit dans les yeux. Il commence à me gonfler celui-là ! Trois jours qu'il me pourrit mes nuits ! La colère s'empare de moi, il faut que je déballe mon sac ! Je traverse sans vraiment faire attention à la circulation et me fais klaxonner deux fois avant de me planter devant lui. Son petit sourire de connard me met encore plus les nerfs, il retire les mains de ses poches pour en sortir un trousseau de clés. 

— Tu vas me suivre encore longtemps comme ça ? 

— Je pense qu'il faut qu'on discute. 

 — Pour parler de quoi ? Tu veux t'excuser pour ta conduite de l'autre soir ?

Il secoue la tête négativement, je n'en reviens pas, il n'a même pas un remord de conscience. Je tourne les talons, mais sa main emprisonne mon poignet, je fais volte face. 

— Lâche-moi espèce de cinglé !   

Des passants se retournent sur nous, il me tire contre lui. Mon nez atterrit contre son torse, son odeur me percute. Comme ci le monde s'arrêtait autour de nous, j'inspire lentement. J'entends qu'il parle au creux de mon oreille, sa voix sensuelle parsème ma peau fragile de frissons. 

— Ne me fuis pas encore une fois. Reste et viens avec moi ... 

Il se recule pour me transpercer du regard. Si j'accepte, j'embarque au-delà des limites que je me suis fixée. Que dois-je faire ? Partir en courant ou aller de l'avant ? Ma réponse est plus rapide que ma réflexion. 

— D'accord.

Après tout si je veux avoir des réponses à mes questions, c'est le seul moyen. Il dépose un baiser sur ma joue. Je suis surprise et ne sais pas quoi dire. Je vois bien qu'il est content de lui, ce qui me fait violemment rougir. Il m'embarque au détour d'une ruelle, seule une moto est présente sur les lieux. Il me fait un clin d'œil avant de l'enfourcher et de me tendre un casque. 

— Tu veux que je grimpe là-dessus ? Le questionnais-je 

— Avant tout je veux que tu me fasses confiance. 

Il m'encourage d'un petit signe de tête. Septique, j'attrape ce qu'il me tend et l'enfile, mais il me tire doucement une fois de plus contre lui, j'arrête de respirer une seconde fois lorsque ses mains se rapprochent de mon visage pour qu'il puisse attacher la petite sangle en dessous de mon menton.

— Où m'emmènes-tu ?  

— Là où personne ne nous trouvera. Maintenant monte et passe tes bras autour de ma taille. 

Je mords dans ma lèvre tout en me glissant derrière lui. Je m'accroche à sa taille, je l'entends rire. -Cet idiot se fout de moi, je lève les yeux au ciel-. Quand le moteur se met en route, je le serre plus fort et ferme les paupières. Je suis dingue de suivre ce type ! 

— Tu es prête Ness ? 

Je secoue la tête pour approuver, de toute façon il est trop tard pour faire marche arrière. Il accélère pour faire vrombir le moteur, je sursaute. Une fois qu'il s'engage dans la circulation, j'évite de regarder, je me focalise sur le reflet de son visage présent dans le rétroviseur. Les yeux plissés, il est totalement concentré sur la route, il zigzague entre les voitures, je serre les cuisses contre lui. Si jamais un de mes membres touche un des véhicules que nous dépassons, il va perdre le contrôle et nous allons avoir un accident. Mon corps crispé se détend peu à peu, la sensation d'être libre comme l'air s'empare de moi. Le vent qui caresse la peau de mon visage me laisse une étrange sensation de bien-être, comme ci, je respirais pour la première fois depuis longtemps. Je reste sur mes gardes tout en préservant l'appréhension sur ses intentions envers moi. Je ne sais pas pourquoi je suis sur cette moto, ni pourquoi j'ai accepté de partir avec lui, mais une chose est sur, il a un pouvoir sur moi. Quelque chose d'irrésistiblement fort m'attire vers lui. Est-ce le fait qu'il me regarde comme quelqu'un de normal, qu'il me séduit et qu'il ne me juge pas. Pourtant, je suis horrible à cause de la cicatrice qui me barre la joue, cette marque violacée qui est une partie de mon histoire. Jamais il n'a fait allusion à ma physionomie. Je repense à la balafre qu'il a le long de ses côtes et me dit que lui aussi cache peut-être une terrible histoire et que quoi qu'il se passe, je ne serai pas la mieux placée pour le juger. Soudain, il bifurque à l'angle d'un quartier chic pour finalement s'arrêter devant une maison immense et magnifique. Il éteint son engin, je descends, il en fait de même. J'enlève le casque et le lui tend en le questionnant ; 

— C'est quoi cette maison ? 

— C'est chez moi. 

Il s'empare de ma main. Je n'arrive pas à croire qu'il puisse vivre dans ce quartier huppé. Je veux dire, il est tellement loin d'être ce que j'imagine, son image de bad boy, ses fringues noires, le bar qu'il fréquente. Il est ami avec Oliver et je sais que mon cousin n'aime pas du tout les gosses de riche. J'arrête de marcher, il se retourne. 

— Qu'est-ce qu'on fiche ici ? 

Ma conscience elle même croise les bras en attendant sa réponse. 

— Je te l'ai dit, nous sommes chez moi, enfin plutôt chez ma mère. Elle n'est pas là ce weekend. Ness laisse-moi te montrer que je ne suis pas le connard que tu t'imagines. Aller viens et arrête de réfléchir. 

Il est comique ! Mais il marque un point, s'il y arrive à me faire changer d'avis sur lui, peut-être que je remettrai en question son statut ...