Quand on essaie de réfléchir

Le problème du stylo

Les premières lignes sont apparemment les plus difficile à écrire. Je ne vais pas contester ce fait. J'ai passé des heures le stylo à la main, à regarder cette maudite feuille blanche devant moi. Je ne sais pas ce que j'attendais au juste, peut-être un miracle ou une bonne dose d'inspiration. L'inspiration qui relève aussi du miracle, si vous voulez mon avis. L'inspiration est le genre d'enchantement qui noircit une feuille et vous transporte. Noircir ? Oui, si vous avez un stylo noir entre les mains, sinon on peut dire bleuir une feuille ou la « violeter ». Soit dit en passant, le terme « violeter » est sacrément laid. On dirait une combinaison entre « viol » et « violenter ». C'est pas super jouissif. Mais je comprends les mecs qui ont inventé ce mot car, pour de vrai, gribouiller une feuille en violet, c'est assurément la violenter.

Bon, on ne va pas élucubrer pendant des heures sur cette expression à la con qui limite toutes les possibilités chromatiques des encriers. Surtout qu'on dirait que « noircir » une feuille ça signifie la salir.

Pardon, je viens juste de dire qu'on n'allait pas passer cent-six ans dessus.

Quoique. Je déroge à ma parole trente petites secondes.

Ouais. Noircir fait penser à salir. Ça ne vous a jamais titillé ? Moi si. En fait, écrire c'est pas vraiment écolo, quand on y pense. On utilise des feuilles. Et les feuilles sont produites à partir des arbres. Alors ça veut dire qu'on participe au déracinement des jolis arbres en Amazonie en agissant ainsi. Plus on écrit, plus il y a d'arbres qui meurent.

Donc une morale peut-être ? Posons nos stylos et soyons écolos !

Heureusement qu'il y a les ordinateurs aujourd'hui.

Quoique. A la réflexion, il faut charger ces petites bestioles à la pointe de la technologie.

Et comment ? Avec de l'électricité.

On en parle, des centrales nucléaires ?

Non, je crois que je vais m'arrêter là. J'ai pas trop envie de foutre la merde.