Leurs cris résonnent dans mon crâne et me vrillent les tympans. Je les entends se rapprocher de moi, je sais qu'ils seront bientôt là... et pourtant je ne réagis pas. Je reste là, immobile, planté dans le rayon, à fixer le faisceau lumineux de ma lampe qui tremblote. Peu importe sous quel angle j'essaye de voir la situation, j'en arrive toujours à la même conclusion... Je vais mourir pas vrai ? A quoi bon me débattre... de toute manière j'étais déjà condamné avant de venir ici... je n'ai fait que prolonger mes souffrances un peu plus, m'accrochant désespérément à la mince lueur d'espoir qui me disait que j'avais une chance de m'en sortir, d'être soigné... Quel connerie...
Au fond, ce n'ai pas une mauvaise chose si je meurs ici... je raccourcis ma torture et je ne risquerai pas de faire de mal à Damien... Je n'aurais jamais dû le retrouver... J'aurais dû trouver un moyen de me tuer après ma contamination... Ça aurait été dur, mais toutes les morts valent mieux que celles que je m'apprête à subir... Mangé vivant par une colonie de monstre... peut-on vraiment vivre plus horrible comme fin ? Mais il n'est pas encore trop tard pour m'épargner ça...
Je resserre ma main autour de mon pistolet et plonge mon regard dans celui de mon reflet sur le canon de l'arme. Je peux voir mes yeux terrorisés, des yeux qui ont perdu tout espoir de survivre, des yeux humain... Je prends difficilement une grande inspiration et tente de me calmer, puis je porte lentement, le bras tremblant, l'arme sur ma tempe. Les larmes continuent de couler sans que je ne puisse rien contrôler et ma gorge se serre. Je vais mourir en tant qu'humain... c'est une belle mort... ça va être rapide et sans douleur. Il n'y a pas d'autre solution, c'est la meilleure chose à faire... alors pourquoi... pourquoi est-ce que je n'arrive pas à appuyer sur la gâchette ? Pourquoi est-ce qu'au fond de moi j'espère toujours naïvement qu'on va me sauver de cet enfer, qu'on va me réveiller de ce cauchemar...
J'aperçois soudain du coin de l'œil une ombre qui s'approche de moi, mais je suis dans un état second, inconscient de tout ce qui se passe autour de moi. L'ombre m'attrape brusquement les poignets et me les plaque sur les cuisses, puis elle m'arrache mon arme des mains, avant de me saisir les épaules et de commencer à me secouer vivement. J'ai l'impression qu'elle me parle mais je ne comprends pas ce qu'elle dit. C'est d'abord un vague bruit difforme, puis peu à peu je commence à distinguer des syllabes, des mots.
- Thomas ! Thomas ! Qu'est-ce que tu fous? Putain reprends-toi ! Thomas !
Je fixe le visage de mon ami sans le reconnaître et le comprendre, quand je réalise enfin la situation, j'ouvre la bouche pour lui parler mais suis incapable de dire la moindre phrase. Damien remarque que je suis de nouveau avec lui mais pas en état de communiquer, il me dit alors rapidement et d'un ton très angoissé
- Il va falloir qu'on s'enfuie, et vite....Tu te sens de courir ?
Je me contente de hocher mollement la tête, encore dans un état de semi conscience. Mon ami m'attrape alors le bras et m'entraîne avec lui dans sa course. Je suis complètement coupé de ce qui est en train de se passer. Tout me parait faux. Je n'ai plus aucun repère dans l'espace. Ma vue est floutée et seul le dos de mon ami me semble net. Mon corps bouge mais pas sous ma volonté, mes jambes se mettent l'une devant l'autre mécaniquement, sans que j'y réfléchisse.
Nous courons dans l'allée centrale, Damien me traîne derrière lui du mieux qu'il peut, mais je le ralentis indéniablement. Je reprends un peu mes esprits, et m'arrache de son emprise pour qu'il puisse aller plus vite. Il me jette un coup d'œil surpris et vérifie que je le suis toujours, une fois rassuré, son attention se reporte sur notre environnement. Des bruits viennent de tous les côtés, avec l'écho, on a l'impression que ces monstres sont partout, qu'on fonce droit sur eux.
Je peine à suivre mon ami qui me distance peu à peu sans s'en rendre compte, je n'ai jamais eu une bonne endurance, et ma blessure m'envoie des piques de douleurs à chaque fois que je passe d'un pied à l'autre dans ma course. Le sac de nourriture me ralentit aussi inexorablement, mais il est hors de question que je le lâche, si je le perds alors on aura fait tout cela pour rien, on aura risqué nos vie ici pour rien... je dois à tout prix le ramener à la voiture.
VOUS LISEZ
Never Alone - Terraink
HorrorJe n'en peux plus, cela va faire plus d'une semaine que je suis recroquevillé sur mon lit, dans le noir, complètement coupé du monde, entouré par ce silence oppressant brisé uniquement par le son redondant de la sirène civile qui me vrille les tympa...