Je fixe Damien, complètement terrorisé, je n'arrive pas à me convaincre qu'il a bien prononcé ces mots. J'aimerais juste les avoir imaginés et réaliser que je suis encore en train de rêver. Mais l'épouvante qu'affichent les visages de mes deux compagnons, ainsi que les bruits qui résonnent dans l'entrepôt, me ramènent durement à la réalité. J'ai quitté un cauchemar pour un autre...
Alors que nous venions juste de réussir à survivre à l'enfer, nous y replongeons déjà... Ça n'en finira jamais... On est condamnés à être traqués sans relâche par ces monstres, poursuivis et dévorés... Mon ventre se serre et ma respiration se saccade, tandis qu'une envie de vomir me prend la gorge. Je tente de prendre de grandes inspirations pour me calmer mais les bruits et les images de ma propre mort qu'ils m'évoquent m'en empêchent.
Je tourne désespérément la tête vers mon ami, espérant que celui-ci me dise de ne pas m'en faire, qu'il a un plan pour nous sortir de là. Mais son visage est décomposé et ses traits sont marqués par une peur intense. Il semble totalement dépassé par les événements, incapable de réfléchir, de trouver une échappatoire.
Notre abri se transforme en piège, Damien l'avait choisi car les autres ne pouvaient pas y pénétrer facilement, il l'avait solidement barricadé pour nous protéger... mais maintenant qu'ils sont rentrés, on est enfermés à l'intérieur avec eux, et les chances de réussir à fuir sont minces, voire inexistantes...
Il m'est impossible de savoir si les bruits se rapprochent ou s'éloignent de nous à cause de l'écho. Pour le moment ils me paraissent lointains, mais ce n'est qu'une question de temps avant que les monstres nous repèrent. Il faut vite qu'on élabore un plan, qu'on trouve un moyen de s'échapper tant qu'on le peut encore et pourtant, nous restons tous les trois pétrifiés, les yeux rivés sur la porte. Jordan brise soudainement le silence, nous faisant sursauter
- Une arme... donnez-moi une arme...
Il a chuchoté ces mots en un souffle. Son visage est grave, anéanti. Il regarde le sol, les yeux emplis de terreur. Son corps est pris de tremblements et comme hier soir, il est en train de se lacérer les avants bras sous l'effet de la panique.
- Je veux pourvoir décider de la manière dont je vais mourir, si ces monstres arrivent à venir jusqu'ici... alors s'il vous plait filez moi un flingue...
Il n'est pas encore complètement sobre, et je ne suis pas sûr que ce soit une excellente idée de lui donner une arme dans cet état. Mais Damien, après un temps d'hésitation, va chercher dans son sac un pistolet, et lui tend. Jordan le saisit rapidement et va s'assoir dans un coin de la pièce tout en marmonnant des phrases inaudibles, totalement terrifié.
- On... Qu'est-ce qu'on doit faire Damien ? articulé-je difficilement
- Comme si j'en avais la moindre idée... me répond-t-il d'une voix tendue, l'air anéanti
- On a qu'à attendre ici, peut-être qu'ils finiront par partir... tu ne penses pas ?
Je dis ces mots tout en sachant moi-même à quel point cette éventualité est impossible. Je sais très bien que les chances pour que ces monstre quittent ces lieux et qu'on s'en sorte indemnes, sans avoir à les affronter, sont inexistantes. Mais j'ai envie d'y croire, envie d'entendre mon ami me dire que j'ai raison.
- Plus on attend, plus on prend le risque qu'il se forme une vraie colonie comme au supermarché. On n'aura alors définitivement plus aucune chance de s'échapper. Et là, si ce n'est pas eux qui nous tuent, ce sera la faim... dit-t-il, la voix empli de détresse
- Tu veux faire quoi alors ? Sortir dehors et les affronter peut être?
- Je...
- Vu l'environnement, ils ont l'avantage sur nous. N'y pense même pas... le coupe Jordan, d'un ton morne et détaché. L'entrepôt est plongé dans le noir, tu n'y verrais rien, et ça résonne comme pas possible, au moindre bruit que tu feras, ils te repéreront tout de suite et tu seras assailli de toutes parts. Et puis même si tu restes silencieux, ton odeur te trahira...
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Never Alone - Terraink
HorrorJe n'en peux plus, cela va faire plus d'une semaine que je suis recroquevillé sur mon lit, dans le noir, complètement coupé du monde, entouré par ce silence oppressant brisé uniquement par le son redondant de la sirène civile qui me vrille les tympa...