LE GRAND DÉPART-chapitre 3

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Au réveil, Rina pensa d'abord au marchand de bijoux. Elle se demandait s'il était déjà installé à cette heure matinale. L'excitation bouillonnait en elle, et elle avait du mal à contenir son impatience devant le bol de chocolat que sa mère venait de déposer sur la table.

Elle n'avait aucune appétit, et sa mère l'observait du coin de l'il. -Tu ne manges pas, Rina ? interrogea sa mère.

-Dépêche-toi, tout va refroidir. Tu parais bien énervée ce matin.

-Moi, maman ? Mais non, je n'ai pas très faim, c'est tout.

-Tu n'es pas malade, au moins ? D'habitude, tu dévores ton petit-déjeuner. Je suis étonnée.

-Mais non, maman ! répondit Rina en se jetant dans les bras de sa mère.

-Je vais très bien, je vais me préparer.

-Alors, as-tu l'intention de sortir ? demanda sa mère en la voyant réapparaître quelques minutes plus tard, l'écharpe autour du cou, les chaussures aux pieds et le manteau prêt à être enfilé.

-Heu... C'est-à-dire que, si tu le veux bien, j'aimerais aller voir le marchand de bijoux. Il m'a dit que je pourrais venir le voir aujourd'hui. Alors, tu veux bien, maman, s'il te plaît ? La maman de Rina eut du mal à garder son sérieux.

-Je veux bien, dit-elle, mais n'ennuie pas trop cet homme. Il doit avoir déjà du mal à vendre ses bijoux. Rina aurait bien aimé expliquer à sa mère que ce vieux marchand était un magicien et qu'il allait la faire voler. Mais c'était trop difficile. Après avoir embrassé sa mère, Rina se retrouva de nouveau au coin de la rue où l'attendait le marchand de bijoux. Celui-ci, en la voyant, lui fit un signe.

-Bonjour, Rina, comment vas-tu ce matin ?

-Bien, je vais extrêmement bien, et je suis prête à tout entendre. J'ai bien réfléchi, et je n'ai pas changé d'avis.

-Attends ! Attends ! Tu m'as l'air bien pressée. Tu es sûre que je peux te faire voler ? Rina n'était plus aussi sûre d'elle. Elle avait soudain peur de s'être trompée.

-Ne t'inquiète pas, dit le marchand. Nous allons en parler, si tu veux bien. À ce moment, Rina retrouva confiance et le regarda avec des yeux suppliant.

-Bien, oui, bien sûr que je peux te faire voler, mais il faut que tu saches tout ce que tu risques. Car, quoi qu'il arrive, tu seras seule jusqu'à la fin de ton aventure. Il ne faudra compter que sur toi-même, et les dangers ne manqueront pas, tu sais.

-Vrai ?" s'écria-t-elle, soudain excitée. Vous le pouvez vraiment ?

-Écoute encore, petite, dit le vieil homme en s'approchant d'elle et en s'agenouillant pour être à sa hauteur. Le froid, la faim, la soif, et bien d'autres dangers t'attendent. Y as-tu pensé ? Sauras-tu faire face à ces multiples périls qui guetteront à tout moment ? Les animaux qui seront dix fois plus gros que toi, la peur, la solitude aussi." Rina écoutait attentivement, mais elle se moquait bien de tout cela. Sa joie de voler était plus forte que tout, c'était ce qui comptait pour elle. "Encore une chose importante à tenir compte," poursuivit le vieil homme. "Tu devras être de retour dans trois jours. Trois jours, pas plus. Si tu n'es pas au rendez-vous, tu ne retrouveras plus jamais ton chemin." Rina, toujours impatiente, répondit, -Oui ! Oui ! Maintenant, faites-moi voler."

-Alors, nous allons commencer. Ferme les yeux, et comptons ensemble jusqu'à 10. Ensuite, je te ferai voler." "Commençons à compter ensemble, dit-il. "Un... Deux... Trois... Ferme bien les yeux. Quatre... Cinq... Six...

-Comment te sens-tu ?

Bien, répondit Rina. "Sept... Huit... N'oublie pas, tu dois être de retour dans trois jours, pas plus. Rina montait de plus en plus haut à chaque chiffre annoncé, sentant l'excitation monter en elle. "Neuf... Attention, le dernier chiffre. DIX !..." Rina ouvrit les yeux et vit devant elle un trou noir d'une obscurité profonde. Elle tenta de fuir, mais en vain, il l'aspirait inexorablement. Elle essaya de crier, mais personne ne l'entendit. Le trou noir se referma petit à petit, mais avant de disparaître complètement, le vieil homme fit un petit signe à Rina et lui sourit.

RinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant