Chapitre 19

3.7K 356 45
                                    


Je me réveille comme si absolument rien n'avait changé dans ma vie. Quelques jours m'ont suffit à prendre la décision de déménager de chez ma mère pour un petit loft à une dizaine de minutes d'ici, plus près du centre. Je ne suis pas prête à m'éloigner de ma mère et de cette manière je pourrais concilier cette décision d'indépendance et ce besoin de rester proche d'elle. Le samedi arrive et depuis que le procès a eu lieu, je n'ai pas parlé à James. Nous nous sommes croisés, mais je me suis contentée de baisser le visage et d'entrer rapidement dans la maison pour me cacher. Il n'est pas au courant de mon déménagement et je ne sais pas vraiment si je dois lui en parler. Le locataire qui loge dans le loft termine actuellement sa période de préavis, et après avoir déménagé ce week-end, je pourrais commencer à y emmener mes affaires. J'avais réussi à trouver ce logement sans peine, grâce à une amie de ma mère qui est agent immobilier, et heureusement pour moi, il se trouve que le loft est déjà pratiquement meublé, il me restera a acheter un canapé pour le salon et quelques bricoles dans le genre. Je pourrais récupérer mon lit, quelques meubles de ma chambre et des affaires que ma mère n'utilise plus. Le choses ont tellement vite créées leur chemin dans mon esprit que je ne le réalise pas encore. Étrangement, ma mère ne semble pas souffrir de mon départ au point que je l'imaginais. Je crois qu'au fond, elle s'était résolu à accepter que je doive prendre mon envol pour passer à autre chose et clore ce chapitre une bonne fois pour toute.

Partir n'a jamais été la solution, je l'ai constaté en m'envolant pour Mykonos. Même si je m'étais convaincu que c'était une opportunité en or et que c'était la seule et unique raison, au fond, je sais que ça m'arrangeais bien. Je n'ai pas voulu affronter ma vie, affronter la réalité et ce n'était que partie remise. Depuis que je suis revenue, tellement de chose ce sont passés et j'avoue ne pas avoir été préparé à tous ces événements. Pourtant j'en suis bien la seule responsable. Je me suis laisser dépasser, je suis devenue une personne que je ne reconnais pas et s'il m'est impossible de revenir en arrière; je peux néanmoins tenter de revenir sur la bonne voix.

Je me rend au loft le samedi après-midi pour voir s'il y a des peintures à faire et quelques bricoles. Par chance, il me faudra seulement donner un coup de blanc partout et ma mère, Charlotte et son ami Max se sont proposés pour m'aider.
Le dimanche matin, je ne me lève que très tard, m'accordant une grasse matinée. Ma mère est parti travailler car elle doit préparer les fêtes avec ses employés. Jess rentre demain matin et je m'avance toute la matinée pour pouvoir lui présenter mon article de plusieurs pages sur Mykonos en espérant qu'elle sera fier de moi. Je ne descend qu'à midi pour me préparer à déjeuner. J'ouvre les volets du salon, toujours fermés, pour laisser entrer le soleil et la chaleur. Je porte toujours ma nuisette en coton noir et mon peignoir rose pastel comme beaucoup de dimanche où je ne fais rien. D'ailleurs, je me prépare un plat de pâte que je mange dans la cuisine, devant la télévision. Mon humeur est à la fainéantise et je décide d'en profiter avant qu'absolument tout ne s'accélère dans ma vie. Mes semaines et week-end seront bien rempli pour une période encore indéfinie.

Je cesse de mâcher lorsque mon téléphone se met à vibrer. J'observe l'écran, tiraillée entre curiosité et émotion lorsque j'y vois un message de James. Je l'ouvre immédiatement, incapable de patienter une seconde de plus.

Est-ce-que je peux venir ?

Il s'agit bien d'une première. James m'a habitué à prendre ses décisions seul, à ne pas demander mon avis et à faire des choix sans réfléchir au préalable, mais sûrement pas à être délicat de la sorte. Je n'ai pas la force de le voir après ce que j'ai fait, pourtant je répond positivement à sa question. A peine mon message envoyé, mon cœur se met à accélérer de peur et de stress. J'ignore la raison de sa venue alors que plusieurs jours ont passés dans le silence. Il tape à la porte et j'avale ma salive avant de me lever de ma chaise, mes jambes un peu tremblantes. Je vérifie mon reflet dans un des miroirs de l'entrée car je ne me suis pas maquillée et je me doute bien que je dois avoir une mine affreuse. En plus du reste, je ressens toujours des palpitations lorsque je vois James. Il me fait toujours cet effet, comme si la Terre arrêtait de tourner. J'oublie qui je suis, ce que je dois faire ou dire. Je me sens encore de cette manière lorsque James m'observe avec un regard lourd avant que je ne l'invite à entrer. Il murmure un bonjour auquel je répond sur le même ton, il passe devant moi et je referme la porte en portant mon regard vers lui. J'attend qu'il parle car moi, je ne suis plus capable d'émettre un seul son cohérent.

Stay with me - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant